Les associations étudiantes sont en maudit à l’UQAM, et elles le font savoir haut et fort. C’est que l’Université du peuple a installé des caméras près des locaux des associations étudiantes en février dernier. Depuis, c’est la révolte populaire. Un automne uqamien (la pognes-tu ?). Perturbation de l’allocution de notre bon recteur, élaboration d’un site web et d’affiches sous le thème de Big Brother, pose de chapeaux en carton et de guirlandes sur une quarantaine de globes de verre. Y’a pas à dire, on leur fait leur fête, aux caméras.
Ce dont je me réjouis, c’est de voir l’unicité des associations dans ce combat. En septembre, j’ai failli tomber en bas de ma chaise quand j’ai vu les affiches faisant la promotion d’un party interfacultaire. C’est pas mêlant, même l’École des Sciences de la gestion s’est ralliée à la cause. La grosse ESG, qui d’ordinaire ne se frotte pas trop au militantisme uqamien, a elle aussi signé la lettre de contestation envoyée au recteur. C’est dire à quel point c’est du sérieux.
Ce qu’on reproche à l’UQAM, pour faire ça simple, c’est d’avoir installé ces appareils non seulement sans consultation de la population uqamienne, mais aussi de les avoir placés près des locaux des associations étudiantes. On soupçonne le profilage politique, et avec raison, semble-t-il (voir texte Alliance pour la transparence). Les appareils situés près de l’AFESPED et de l’AFESH en prennent particulièrement plein la gueule, puisqu’ils sont situés à un point névralgique de la mobilisation étudiante.
C’est aussi l’intersection la plus achalandée de l’Université, à l’entrée des pavillons R, A et J. De cet endroit, on peut capter l’essentiel des activités qui se déroulent à l’UQAM. Les files d’attente au Salon G, des dizaines d’étudiants désespérés d’ingurgiter leur dose de caféine à toute heure du jour. Des comités organisateurs de l’ESG avec leur musique boom boom qui vous balancent des dépliants pour vous inviter aux «Invasions Bar-Bar». Du monde de l’AFESPED qui ont une table toujours remplie de brochure dénonçant tous les maux de l’humanité. Un va et vient constant du métro Berri-UQAM. Et une photocopieuse, au pied d’une colonne de béton.
Ce qui me trouble, ce n’est pas que des caméras veillent sur les couloirs de l’UQAM, c’est que la direction puisse jouer un rôle d’informateur auprès de la police. Ça va de pair, vous me direz. Bien vu. L’UQAM aurait-elle peur de ses étudiants? L’année dernière, dans le cadre de son projet de refonte de la Politique 25 sur la prévention et la sécurité, elle avait élaboré l’idée d’un Comité de discipline comportementale, capable d’expulser du campus un étudiant dont les agissements ne lui paraissaient pas convenables. Heureusement, la modification de la politique n’a pas été adoptée et ce comité n’a jamais vu le jour.
L’UQAM a toujours été plus militante que les autres institutions universitaires. Université du peuple, qu’on dit. Ça fait partie de sa nature. Sa participation exemplaire à la grève étudiante en est le meilleur exemple. L’UQAM est rouge, rouge vin même. Ce sont les étudiants qui font d’une université ce qu’elle est, qui lui donne sa personnalité. L’administration a beau vouloir se battre, elle perdra toujours.
L’automne nous dira ce qui adviendra des modalités d’utilisation de ces caméras. Ce qui est certain, c’est que l’UQAM ne démordra pas de son rôle de Big Brother. Watchez-vous.
Camille Carpentier
Chef de pupitre UQAM
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