Dans cinq ou dix ans, de quoi se souviendra-t-on exactement? Nous restera-t-il seulement un souvenir du champ de bataille de Victoriaville et des vitrines cassées dans le centre-ville de Montréal? Ces souvenirs resteront assurément ancrés dans la mémoire québécoise et dans les archives de LCN.
Mais parmi ces mauvais souvenirs de la lutte étudiante, il restera aussi des traces bien plus éloquentes du mouvement, rassemblées dans l’anthologie finement bâtie qu’est Le Printemps québécois. «Cette histoire que l’Histoire risque d’oublier, nous la racontons par la voix de celles et ceux qui l’ont faite», peut-on lire dans l’ouvrage. Ce livre, en forme de grand et épais carré rouge, n’est peut-être pas impartial, mais quiconque le tien entre ses mains y trouvera sa voie dans la voix d’un autre.
Le Printemps québécois rassemble de magnifiques images, des textes bien construits, une chronologie des évènements, bref, un amalgame de toutes les créations étudiantes. Un ramassis du printemps 2012, pour ne pas oublier. Et c’est là que tient toute la légitimité de l’œuvre.
Ce livre, ce sont des prises de paroles teintées de la créativité d’une jeunesse en colère. Ce sont des créations uniques alimentées d’une passion de la justice et de l’égalité. Et ce sont des formes innovatrices de solidarité sociale.
Enseignants à l’UQÀM, à l’Université de Sherbrooke et de Montréal, les trois auteur-e-s nous livrent un recueil des productions culturelles qui sont nées lors de ce printemps québécois. On veut se souvenir du jeu vidéo Angry grévistes, de la bière La Matraque, de l’École de la Montagne Rouge et des mille et un slogans.
C’est dans cinq ou dix ans qu’on se souviendra de l’intelligence du printemps québécois, quand on feuillettera Le Printemps québécois et qu’on se dira «Je me souviens».
Le Printemps québécois. Une anthologie, Maude Bonenfant, Anthony Glinoer et Martine-Emmanuelle Lapointe, Éditions Écosociété, 2013, 332 pages.
Laisser un commentaire