Se rapprocher des jeunes parait bien. On n’a qu’à voir aller le candidat à la direction du PLQ Pierre Moreau, qui balance des idées véhiculées par la Commission jeunesse du Parti libéral dans l’espoir d’occuper le siège laissé vide par Jean Charest. Ou encore Québec solidaire et Option nationale, qui comptent dans leurs rangs bon nombre de membres ayant voté pour la première fois le 4 septembre dernier.
Même la CAQ a une aile jeunesse. Oui, oui.
Quand vient le temps de parler du Parti québécois, par contre, we have a problem. L’aile jeunesse du parti au pouvoir est en désaccord avec son gouvernement. Le président du Comité national des jeunes du Parti québécois (CNJPQ), Frédéric St-Jean, continuera de défendre le gel des frais de scolarité – gel selon le dictionnaire, non selon Pauline Marois – dans une perspective de gratuité scolaire. «Quand mon salaire est gelé, il ne bouge pas», compare-t-il.
Évidemment, le gouvernement est élu pour gouverner, prendre les décisions finales. Une unité jeunesse se doit d’apporter un vent de fraicheur, des nouvelles idées, défendre les intérêts des jeunes. Mais si elle n’est pas nécessairement en accord avec toutes les décisions de son parti, on assiste dans le cas du Parti québécois à un problème – que dis-je, un malaise! – beaucoup plus profond, puisque le parti et l’aile jeunesse ne s’entendent pas sur les conclusions qui devraient être tirées du Sommet.
Vous vous souvenez de Pauline Marois avant qu’elle troque le carré rouge sur son veston pour une fleur de lys? Elle déclarait en mai dernier que l’indexation était la hausse maximale qu’elle puisse envisager. «Ce sera la position que nous déposerons au Sommet. Ce qui n’empêchera pas, encore une fois, d’aborder d’autres propositions qui pourraient venir des étudiants, même le gel, même la gratuité.»
Ça, c’était avant de se faire élire. Depuis, la gratuité scolaire a été gentiment écartée et la population étudiante est blasée à force d’entendre parler d’un Sommet sur l’enseignement supérieur qui ne durera, au final, qu’une journée et demie.
Au lieu d’afficher clairement ses couleurs comme elle l’a fait quelques mois plus tôt, Pauline Marois a préféré tempérer ses propos. Ainsi, la première ministre jongle avec la sémantique et explique qu’une indexation égale le gel, puisque le coût de la vie augmente à chaque année et que de ne pas indexer équivaudrait à une diminution des frais de scolarité.
Calculer la valeur d’un bien ou d’un service en terme d’indexation, c’est s’aventurer sur un terrain glissant. Si l’on se fie à cette logique, c’est d’accepter que l’éducation se calcule sur l’indice des prix à la consommation, à environ 2% par année, et non selon l’augmentation réelle du coût de la formation universitaire, qui tend vers 4,5% de plus par année. Or, le PQ prône plutôt une augmentation de 2% ou 3%. Mais qu’arriverait-il si le parti décidait de hausser davantage? Serait-ce toujours considéré comme une indexation? Un gel? Ça vient qu’on ne sait plus.
Le CNJPQ devra défendre une position qu’il ne partage pas et accepter que la proposition de base au Sommet soit une indexation des frais de scolarité, puis «faire confiance au processus» pour en dégager «quelque consensus qui en soit» au terme de 36 heures de discussions et réseautage. Frédéric St-Jean croit qu’il pourrait ensuite avoir la création des comités externes pour traiter des questions dont le ministre n’aura pas eu le temps de traiter dans les rencontres préparatoires.
Si Pauline Marois n’est même pas capable de rallier sa propre aile jeunesse quant à l’indexation des frais de scolarité, je doute qu’elle réussisse à convaincre la population étudiante au grand complet. Qu’on se le tienne pour dit : l’indexation n’est pas un gel. C’est une hausse politically correct.
Catherine Lévesque
Rédactrice en chef
redacteur.campus@uqam.ca
Voyez un petit reportage réalisé à cet effet (excusez le son dont la qualité a été altérée):
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