Dans sa longue marche à travers le désert, l’étudiant est maintenant confronté à ses propres tentations. Cette épreuve – le gouvernement Charest le sait – sera décisive pour le mouvement. Alors que les offres d’emplois et de stages d’été pullulent plus que jamais sur la Toile, les étudiants en débrayage doivent ravaler leur salive en pensant à leur portefeuille. Ceux qui clament que la hausse des frais de scolarité endettera comme jamais les générations futures doivent constater que leur situation ne sera guère meilleure à la rentrée en septembre.
Selon ce que rapporte la direction de l’UQAM, un éventuel retour des classes le 16 avril déboucherait à une fin de session hivernale pour le 3 juin prochain. Ce qui laisse au mouvement étudiant encore quelques semaines pour faire pression sur le gouvernement libéral. Pourtant, on ne se le cachera pas, Jean Charest n’entend pas perdre le combat. Et sa seule arme est l’essoufflement du mouvement. Il faut donc s’attendre à ce qu’aucune offre ne soit encore sur la table d’ici une date limite à l’annulation de la session. Considérant que les contrats d’enseignement des professeurs du niveau collégial se terminent pour la fin juin, on devrait voir Jean Charest et ses troupiers abdiquer d’ici les premiers jours de mai. C’est donc dire que le mouvement étudiant doit maintenant attacher sa tuque avec de la broche, et se dire que la session d’hiver sera longue cette année.
Un choix s’offre aux étudiants: succomber à la tentation ou manifester jusqu’en mai. Certains diront qu’ils ne peuvent pas se permettre une fin de session aussi tardive. Pourtant, après tout ce que les universitaires et les cégépiens ont accompli jusqu’à maintenant, il serait un peu triste d’abandonner. Surtout lorsqu’on se rend compte que le mouvement étudiant est dorénavant le groupe de pression le plus fort du Québec, le seul qui peut encore contrer des décisions du gouvernement sans trop de dommages. Le sacrifice de quelques milliers de dollars en emploi d’été sauvera les générations futures d’un système universitaire que nous n’avons pas choisi. Ce sacrifice démontrera à la planète qu’il est possible, en Amérique du Nord, d’offrir une éducation accessible.
Il est temps d’user de la même stratégie que le gouvernement. Soyons fous, soyons naïfs, soyons propagandistes. D’ici mai, ce ne sont pas des affiches «KONY 2012» que nous devrions voir envahir les murs du centre-ville, mais bien des pancartes «CHAREST 2012». Puisque le refus de négocier du gouvernement frôle l’autoritarisme, c’est à nous, les étudiants, que revient le devoir de lutter jusqu’à la victoire. Les employeurs et les recteurs ne nous aimeront pas. Et certains automobilistes de la Rive-Sud nous voueront toujours autant de haine. Mais, c’est dans les livres d’histoire que nous pourrons d’ici quelques années voir que le sacrifice a valu le «Je me souviens».
Williams Fonseca-Baeta
Chef de pupitre UQAM
uqam.campus@uqam.ca
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