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La ministre de l’Éducation Line Beauchamp a coupé la ligne de communication entre son ministère et le public. Vous protestez contre la hausse des frais de scolarité? Mauvais numéro. Vous refusez que le financement des établissements scolaires soit conditionnel à une quelconque évaluation de la performance? Rappelez plus tard. Vous souhaitez qu’on prenne le temps de réfléchir avant de mettre la hache dans les commissions scolaires? La ligne est occupée.
Oui, il semble bien que la ministre soit complètement indifférente aux protestations des citoyens, qu’elles soient diffusées sur Facebook, Twitter ou toute autre plateforme. Mais n’allez pas la blâmer, la pauvre! Elle ne fait pas la sourde oreille; elle ne sait tout simplement pas ce qui se passe sur les réseaux sociaux. En effet, voyez-vous, Line Beauchamp ne croit pas à la technologie.
Ne riez pas! Elle a confirmé la chose la semaine dernière: les étudiants n’ont pas besoin d’un ordinateur pour étudier. C’est cette conclusion qui l’a poussée à abolir le programme qui permettait aux étudiants d’obtenir un prêt de 2000 $ à 3000 $ pour acheter un ordinateur, sans avoir à payer d’intérêts avant la fin de leurs études. Dès 2012, cette mesure sera remplacée par une allocation de 150 $ par session.
Or, si elle a mis les pieds dans une boutique informatique récemment, la ministre doit savoir que 150 $ n’ont pas beaucoup de valeur dans ces palaces de la haute technologie. Les étudiants qui souhaitent se procurer un ordinateur dès le début de leur baccalauréat devront contracter une dette auprès d’une institution financière. Mais la ministre a promis de limiter l’endettement étudiant; elle n’obligerait jamais les universitaires à payer des intérêts élevés pour acquérir un outil qui simplifierait leurs études! Par ailleurs, si elle croyait qu’internet est un outil indispensable lorsqu’on poursuit des études universitaires, les frais d’abonnement à ce service seraient inclus dans la somme allouée au matériel scolaire. Ce qui – comme il a déjà été mentionné dans ces lignes – n’est pas le cas à l’heure actuelle, malgré les demandes répétées des associations étudiantes.
J’en déduis donc que, loin d’être de mauvaise foi, Line Beauchamp ne croit pas à la technologie.
Faire les maths
Quand on y pense, ce n’est pas surprenant. C’est symptomatique d’une ministre complètement déconnectée. Une ministre qui «bonifie» le programme d’Aide financière aux études, tout en cautionnant son calcul caduc. Et qui, en plus, refile la facture de ce coup de pub politique aux étudiants eux-mêmes. Cette semaine, la Fédération étudiante universitaire du Québec publiait une note d’information expliquant que les étudiants assumeront, en vertu de l’augmentation des frais de scolarité, près de 98% de la «bonification» du programme prévue dans le dernier budget.
Je n’ai jamais eu la bosse des maths. Mais il me semble qu’il y a quelque chose de paradoxal dans le fait de majorer les frais de scolarité – et donc de réduire la capacité de payer des étudiants – pour ensuite réinvestir cet argent dans un système censé les aider à payer. Vous pouvez toujours appeler la ministre pour lui poser la question. Mais attention! Québec, c’est un appel interurbain.
Émilie Clavel
Rédactrice en chef
redacteur.campus@uqam.ca
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