En grève pour réfléchir

L’UQAM était l’hôte de la Journée nationale de réflexion sur l’avenir des universités, organisée par la Table des partenaires universitaires (TPU) le 25 novembre dernier. Cette journée de conférences télédiffusées aux quatre coins du Québec visait à lancer le débat sur la mission universitaire, quelques jours avant la Rencontre des partenaires universitaires du 6 décembre prochain, avec la ministre de l’Éducation.

Près de 20 000 étudiants québécois en grève étaient attendus pour participer aux discussions à l’Université du peuple. Peu se sont présentés sur place, mais sept campus universitaires diffusaient l’événement en vidéoconférence, notamment l’Université de Sherbrooke, Laval, et l’Université du Québec à Chicoutimi. Les conférences, données autant par des professeurs, des chercheurs que des militants, portaient sur le financement de l’éducation post-secondaire.

Lors de la conférence de presse de la journée, la TPU a lancé son Manifeste de l’université québécoise, oeuvre collective écrite en réponse à la hausse des frais de scolarité prévue par le gouvernement.  Il promeut une université  indépendante, publique et universellement accessible. «Le manifeste est une réponse idéologique à une attaque idéologique du gouvernement, clame Gabriel Nadeau-Dubois, secrétaire aux communications de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSE). Nous proposons des solutions équitables et collectives pour contrer la hausse des frais de scolarité.»

D’autres solutions possibles

La Table de concertation étudiante du Québec (TACEQ), qui regroupe les universités McGill, Sherbrooke et Laval, était présente le 25 novembre pour revendiquer un réinvestissement massif en éducation postsecondaire. «Nous sommes dans un environnement économique avantageux au Québec», explique Philippe Verreault-Julien, secrétaire général de la TACEQ. Ainsi, il n’est pas nécessaire de faire payer davantage les étudiants selon lui. Le groupe propose d’instaurer une contribution fiscale obligatoire des entreprises, concept qui existe au Manitoba depuis 1982 et à Terre-Neuve et Labrador depuis 1990 sous forme d’une taxe servant à financer les services de santé et l’éducation postsecondaire.

L’Association facultaire étudiante en sciences humaines de l’UQAM (AFESH), en grève pour participer aux discussions, se prononce toutefois contre l’ingérence du privé en éducation. «Les entreprises dites philanthropiques financent certains programmes ou certaines recherches qui leur offriront une meilleure visibilité lorsque viendra le temps aux étudiants de chercher du travail», explique Hugo Séguin, responsable des affaires externes de l’AFESH. Il croit que ces entreprises financeraient de manière intéressée les recherches universitaires et que certains domaines, comme les sciences de la gestion, seraient privilégiés au détriment des sciences humaines ou sociales.

Robert Laplante, directeur de l’Institut de recherche en économie contemporaine (IREC) et conférencier invité lors de l’événement, affirme que les frais de scolarité assumés par les étudiants ne constituent que 15% des frais universitaires totaux. «Quel sera l’effet réel d’une hausse des frais de scolarité?», a-t-il demandé lors de sa présentation. Selon lui, la hausse des droits de scolarité n’aurait pas de gros effets sur le financement du réseau post-secondaire.

Françoise David, co-fondatrice de Québec Solidaire, a quant à elle questionné le processus de privatisation des institutions auquel le Québec fait face présentement, lors d’une plénière à laquelle elle intervenait à titre de participante. «Nous avons intérêt à nationaliser les ressources énergétiques du Québec pour financer nos universités», a-t-elle clamé.

La TACEQ et la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) seront présents lors de la Rencontre des partenaires de l’éducation le 6 décembre prochain à Québec. L’ASSE a décidé de boycotter la rencontre, mais invite fortement les étudiants à se rendre à la manifestation qu’elle organise dans la vieille capitale pour la même date.

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