Le SPUQ rejette l’offre de l’UQAM

La grève des professeurs se poursuit

Après une semaine de piquetage serré, les professeurs de l’UQAM ont reconduit la grève pour cinq jours de plus. Les négociations entre leur syndicat et la direction de l’UQAM étant dans l’impasse, les uqamiens devront patienter avant de retourner en classe.
 

Photo Jean-François Hamelin
Après une semaine de piquetage intensif, le Syndicat des professeurs de l’UQAM (SPUQ) a rejeté massivement l’offre dite «finale» de l’Université, trop en deçà de leurs revendications. Lors de l’assemblée générale du vendredi 20 mars, ses membres se sont prononcés en faveur d’une nouvelle semaine de grève, du 21 au 27 mars.
«Le message est clair!», s’est exclamé la présidente du SPUQ, Michèle Nevert, devant une foule orange galvanisée. Quatre-vingt-trois pourcent des 700 professeurs présents ont voté pour une reconduction de la grève. Ces derniers ont balayé du revers de la main la proposition de l’UQAM d’augmenter les salaires de 4% et d’embaucher 25 nouveaux professeurs dès le mois de juin. Le SPUQ réclame plutôt la création de 300 nouveaux postes, à raison de 100 par an, ainsi qu’une augmentation salariale de 11,6% sur trois ans. Une étude commandée par l’UQAM à la firme indépendante AON a révélé que «la rémunération des professeurs de l’UQAM est d’au moins 10% inférieure à ce qui se pratique dans les autres Universités du Québec». Ce rapport, rendu public le 17 mars et disponible sur le site Internet de l’Université, ajoute que «la charge de travail n’y paraît pas moindre».
L’offre est d’autant plus inacceptable pour le syndicat qu’elle est conditionnelle à la création d’un comité qui examinerait la tâche professorale pendant neuf mois. Ce n’est qu’au terme de cette période que la convention collective des professeurs, échue depuis mai 2007, pourrait être renégociée. Une concession trop importante pour Michèle Nevert. «C’est un mépris de notre ministère à l’endroit du travail que nous faisons», s’est-elle indignée, faisant référence à l’implication du gouvernement dans les négociations entre le SPUQ et la direction de l’UQAM.
Le porte-parole de l’Université, Daniel Hébert, regrette la décision des professeurs. Pour l’instant, la situation est, selon lui, dans une impasse. «Il n’y a pas d’autres négociations prévues. C’était une proposition finale.» L’Université se dit prête à prendre les mesures nécessaires pour rétablir l’ordre entre ses murs si les professeurs continuent de perturber la tenue des cours. Ces derniers craignent une injonction qui les obligerait légalement à libérer les entrées de l’UQAM.
La semaine dernière, alors que les lignes de piquetage se durcissaient de jour en jour, des confrontations ont éclaté entre des élèves présents en cours et des professeurs qui les délogeaient des classes. Le Service de polic e de la Ville de Montréal a par ailleurs reçu une plainte d’une étudiante envers un professeur pour voies de fait. Les cours ont ensuite été suspendus mercredi et jeudi pour garantir la sécurité de tous.

Unis sous les pancartes
La grève a culminé avec une manifestation, l e jeudi 19 mars, pour réclamer un réinvestissement massif dans l’UQAM. La marche avait pour thème «L’UQAM, c’est nous!» et plusieurs centaines de manifestants se sont rendus devant les burea ux du premier ministre du Québec, Jean Charest, à Montréal.

L’Association facultaire des étudiants en sciences humaines (AFESH), celle des étudiants en arts, tout comme l’Association étudiante du module de sciences politiques, étaient toutes en grève pour l’occasion. Leurs 9000 membres étaient invités à participer à l’événement. «Beaucoup d’étudiants vont aux lignes de piquetage avec les professeurs. Ils y voient une cause commune. Ils défendent une vision de l’Université qui n’est pas celle du gouvernement», affirme le responsable aux affaires uqamiennes de l’AFESH, Étienne Guérette.
Le Syndicat des employés de l’UQAM, également en négociation avec l’Université au sujet de sa convention collective, était lui aussi présent lors de la manifestation. «L’UQAM est entrain de devenir un fastfood de restauration intellectuelle et son recteur, un gérant de MacDonald!» a scandé son président, Roland Côté, à l’ouverture de la marche. Pour le Syndicat des étudiants employés de l’UQAM, la situation est tout aussi dramatique. «Depuis qu’elle existe, l’UQAM est sous-financée. Aujourd’hui, on dit que ça suffit», clame son président, Éric Demers. Malgré une convention collective qui contraint les chargés de cours de tenir leur classe, le président de leur syndicat, Guy Dufresne, était également présent pour soutenir ses collègues du SPUQ.
 
Plusieurs autres associations étudiantes, dont celle du se cteur des sciences et celle des langues et communication, se sont réunies en assemblée générale mardi dernier pour se prononcer sur la grève des professeurs. Au moment de mettre sous presse, le résultats de ces rencontres n’étaient pas encore connus.
Bien que la grande majorité des professeurs aient été en faveur d’un débrayage, certains s’inquiètent des conséquences de celle-ci sur les étudiants. Une prolongation de la session nuirait à ceux qui attendent la fin des cours pour travailler. Les étudiants internationaux qui ont déjà prévu de rentrer chez eux devront également modifier leur agenda si la session s’éternise. Parmi les étudiants aussi, certains déplorent ces mesures. «On a payé pour des cours qui n’ont pas lieu alors que certains s’endettent pour étudier», soutient Marie-Ève Tremblay, une étudiante en communication. Daniel Hébert s’est toutefois montré rassurant à ce sujet. «Pour l’instant, la session est loin d’être en péril. Il y a déjà eu des grèves étudiantes de six à sept semaines et les diplômes ont malgré tout été donnés.»

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