Les syndicats à bout de patience

Retard des négociations syndicales à l’UQAM

L’échéance fixée par le Syndicat des professeurs de l’UQAM pour régler sa convention collective arrive à grands pas et risque de perturber les cours. Les autres syndicats uqamiens commencent aussi à mobiliser leurs troupes en vue des prochaines négociations potentiellement houleuses.

 
Photo Frédérique Ménard-Aubin

 
  
Plus de 20 mois après l’expiration de sa convention collective, le Syndicat des professeurs de l’UQAM (SPUQ) débrayera pour une journée le lundi 16 février, si aucune entente n’est signée avec l’Université d’ici là. Tout porte à croire que la menace sera portée à exécution puisque l’UQAM affirme être dans l’impossibilité de faire une offre monétaire.
Les cours seront donc suspendus toute la journée et une assemblée générale aura lieu pour discuter des futurs moyens de pression, dont la grève. Aucun piquet de grève n’est prévu lors de cette journée d’étude. Les chargés de cours maintiendront donc leurs activités régulières. Toutefois, si un débrayage subséquent est voté, les professeurs brandiront pancartes et slogans pour perturber les activités régulières de l’Université.
Le SPUQ, qui regroupe 900 professeurs, a lancé son ultimatum le 4 décembre dernier dans le but d’accélérer le processus de négociations. Au cœur du désaccord se trouvent l’embauche de professeurs et les conditions salariales. Le syndicat demande la création de 300 nouveaux postes. Pour être en mesure d’attirer des candidats, les professeurs exigent aussi la mise à niveau des échelles salariales par rapport aux autres universités québécoises, ainsi que l’attribution d’une allocation permettant aux nouvelles recrues de démarrer leurs programmes de recherche. Le syndicat rappelle que l’UQAM possède le plus grand rapport étudiants-professeur au Québec. À ces revendications s’ajoute le versement de 90% du salaire lors d’un congé sabbatique, comparativement à 80% aujourd’hui. Le SPUQ dénonce également l’ingérence du privé dans la gouvernance de l’UQAM et souhaite le maintien de la gestion collégiale et démocratique de l’établissement.
L’UQAM affirme pour sa part ne pas être en mesure de négocier les conditions salariales en raison des conséquences du fiasco immobilier issu de la construction du Complexe des sciences et de l’îlot Voyageur. L’entente conclue le 5 décembre dernier avec le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) impose à l’Université d’établir un plan de retour à l’équilibre budgétaire d’ici 2013-2014 et de confier à une entreprise privée la comparaison des conventions collectives de l’UQAM avec celle des autres universités de la province, en retour d’une aide financière totalisant 465 millions de dollars.
La firme américaine Aon, spécialisée en rémunération, a été engagée au retour des fêtes pour répondre aux exigences du ministère. Elle devrait remettre son rapport dans les prochaines semaines, «idéalement d’ici la fin février», souhaite le porte-parole de l’UQAM, Daniel Hébert. Le MELS doit de son côté préciser les modalités de versement de l’aide ministérielle à l’Université d’ici la fin mars. Une fois ces informations en main, l’UQAM pourra enclencher les pourparlers d’ordre monétaire.
Le SPUQ estime que l’Université aurait dû être prête à négocier les clauses salariales dès l’annonce de l’aide du gouvernement provincial. Pour l’instant, les discussions entre les deux parties avancent à pas de tortue. La partie syndicale a déposé ses demandes en juin 2007, mais l’UQAM a interrompu le processus en septembre dernier, après 15 mois de négociations. Les clauses non reliées à la rémunération ont presque toutes été réglées, mais les clauses salariales demeurent litigieuses.
Les réunions entre les deux partis ont repris au rythme d’une fois par semaine depuis décembre, malgré le désir du syndicat d’accélérer le processus. «On peut se libérer les samedis et dimanches, même la nuit s’ils le veulent, mais la direction n’est pas sensible à nos moyens de pression», dénonce un membre de l’exécutif du SPUQ qui préfère garder l’anonymat. Les professeurs accusent aussi l’administration de buter sur des pacotilles afin de gagner du temps. «Ils se présentent pour ne pas dire qu’ils ne viennent pas, mais ils se contentent de poser de petites questions sur des points et des virgules.»
Le directeur des communications de l’UQAM, Daniel Hébert, réplique que «l’Université n’est pas de mauvaise foi et que les échanges continuent de manière claire et transparente».
 
 
Inquiétude palpable
Le Syndicat des employés de l’UQAM (SEUQAM) et le Syndicat des étudiants employés de l’UQAM (SÉTuE), dont les conventions collectives respectives sont échues depuis juin 2007 et mai 2008, voient d’un mauvais œil l’inefficacité des discussions entre le SPUQ et l’Université. «La lenteur des pourparlers nous inquiète puisque nous avons affaire aux mêmes interlocuteurs à la table de négociations», explique le président du SEUQAM, Roland Côté. Les employés étudiants attendent pour leur part d’établir un calendrier avec l’employeur. Ils lui ont envoyé un avis le 26 janvier pour le presser d’entamer les discussions. Le SÉTuE et le SEUQAM soutiennent que les étudiants et les employés n’ont pas à faire les frais d’une crise dont ils ne sont pas responsables.
Les trois syndicats prévoient des moyens de pression communs, dont une journée de réflexion sur la gouvernance des universités le 27 février prochain. Le trio dénonce d’ailleurs l’ingérence de la firme privée Aon dans les relations professionnelles de l’Institution. «Nous vous demandons, malgré la signature de l’entente imposée par le MELS, de donner à la direction de l’UQAM toute la marge de manœuvre nécessaire pour lui permettre d’accélérer le processus de négociation», exhorte la présidente du SPUQ, Michèle Nevert, dans une lettre adressée au conseil d’administration de l’UQAM le 27 janvier dernier.
Les associations étudiantes réfléchissent pour leur part toujours à leur position sur les négociations syndicales. La coordonnatrice générale de l’Association des étudiants en arts, Chantal Lévesque, rapporte que les étudiants ne se préoccupent pas vraiment de la situation, malgré les journées de grève à prévoir. «Nous allons monter un dossier sur notre site Web pour qu’ils puissent comprendre les enjeux.» Le SPUQ demande aux étudiants de surveiller les nouvelles au matin du 16 février pour savoir s’il y aura cours.

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