L’ESG, en quête d’elle-même

L’École des sciences de la gestion (ESG) aspire à être reconnue à sa juste valeur dans le milieu universitaire des affaires. Répétée tel un mantra depuis la rentrée, cette idée évoque l’amorce d’un véritable tournant stratégique à l’ESG. Que cache ce désir d’affirmation? Analyse.

Depuis l’inauguration du nouveau pavillon de l’Entreprenariat et de l’innovation (C) en septembre, le recteur de l’UQAM, Stéphane Pallage, et le doyen de l’ESG, Komlan Sedzro, ont tous deux martelé l’importance que l’ESG « s’affirme dans le milieu des affaires ». Le bâtiment C, destiné aux cycles supérieurs en gestion, est la matérialisation même de cette quête de prestige chez l’ESG. 

Le désir d’un bâtiment neuf, joli et professionnel – qui a coûté près de 41 millions $ à Québec et 8 millions à l’UQAM  – semble drôlement être le moteur principal du projet. Pour Mehran Ebrahimi, vice-doyen à la recherche de l’ESG, la qualité de l’espace d’apprentissage est essentielle pour permettre à l’École de se démarquer de ses compétitrices locales et internationales.

« Dans cette concurrence entre les écoles de gestion, on a le contenu, on a les chercheurs de premier plan », estime M. Ebrahimi. Il ne manquait que l’espace. « On ne peut pas prétendre être innovants en pédagogie et être dans le sous-sol », soutient-il.

Repenser l’ESG

Au plein milieu de ce tournant stratégique, l’ESG a fait renaître l’ESG+ en automne 2024, un centre offrant formations et soutien aux étudiant(e)s, diplômé(e)s et professionnel(le)s. Au trimestre d’été 2024, ses activités en gestion de carrière ont été suspendues en raison de problèmes financiers, rapportait alors le Montréal Campus. Trois années déficitaires venaient alors de s’enchaîner

Coup de théâtre : en 2025, l’ESG+ jouit désormais d’un étage presque complet dans le nouveau pavillon C. Pourquoi ce retour?

« Si vous sortez la pandémie de l’équation, le service n’a pas été coupé » en 2024, lâche le doyen Sedzro. Il s’agissait d’un « ralentissement » des services offerts par l’ESG+ au moment où plusieurs étudiant(e)s « sont en relâche estivale », précise Jenny Desrochers, porte-parole de l’UQAM. 

Ce « ralentissement » était nécessaire pour « repenser la nouvelle structure » de l’ESG+, soutient le doyen. Durant cet arrêt, des conseillères avaient été congédiées et le service était inaccessible pour les étudiant(e)s de l’ESG, qui paient 12 $ par trimestre pour en profiter. 

Les services de l’ESG+ sont essentiels, croit Komlan Sezdro. « Il faut quand même qu’on se rapproche de notre communauté, que ce soit de nos anciens diplômés ou de ceux qui le seront bientôt. Il faut un sentiment d’appartenance et de fierté », dit le doyen. Fierté est visiblement le mot d’ordre.

Moins d’étudiant(e)s

En parallèle, les derniers chiffres disponibles montrent que les effectifs étudiants diminuent. En 2023, l’ESG comptait – tous cycles et trimestres confondus –  824 étudiant(e)s inscrit(e)s de moins que l’année précédente, soit une baisse de 2,95 %. En réalité, ses programmes de deuxième et troisième cycle performent bien, avec des inscriptions en hausse constante, alors que celles des programmes de premier cycle chutent depuis 2021.

Les quotas actuels sur le nombre d’étudiant(e)s de l’étranger pourraient nuire à l’École si Québec les maintient à long terme. « Ça a entaché la réputation à un niveau international, parce que les demandes d’admission de l’étranger ont chuté », avance Francine Rodier, vice-doyenne aux études de l’ESG.

Un(e) étudiant(e) sur cinq est issu(e) de l’international dans cette faculté, indique le rapport 2023-2024 de l’ESG. Mme Rodier affirme toutefois ne pas avoir observé la « baisse drastique » anticipée, avec un nombre d’inscriptions demeurant « intéressant ». Une déclaration paradoxale au moment où la Coalition avenir Québec va de l’avant avec son plan d’immigration 2026-2029, le plus restrictif en la matière depuis son entrée au pouvoir.

 Le moyen de ses ambitions

Pendant longtemps, l’ESG ne se mettait pas en valeur ou elle n’arrivait pas à le faire, avance M. Ebrahimi. Le vice-doyen à la recherche semble s’être donné la mission de changer la donne.

« Ce n’est pas parce qu’on n’a pas les mêmes moyens publicitaires que les autres [écoles de gestion] qu’on ne peut pas se faire connaître », estime-t-il. La population « oublie l’impact [de l’ESG] sur la société », juge Komlan Sedzro.

Au final, tout dépendra du financement octroyé par Québec à l’Université. Le budget réservé à l’UQAM en 2025-2026 n’ayant pas suivi l’inflation, la bataille pourrait s’avérer ardue pour donner à l’ESG « les moyens de ses ambitions », comme le souhaite son doyen.

Mais toutes les méthodes semblent bonnes actuellement pour améliorer le pouvoir d’attraction de l’ESG. À commencer par la quête d’une reconnaissance, pas plus loin qu’au coin Sainte-Catherine Est et Sanguinet.

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