Le référendum fictif sur la souveraineté du Québec mené le jeudi 30 octobre auprès de la population uqamienne s’est soldé par une victoire du Oui à 81,6 %. Trente ans jour pour jour après le référendum de 1995, le Comité souverainiste de l’UQAM (CosUQAM) se réjouit surtout d’avoir « initié une réflexion » référendaire.
L’air était à la fête à la veille d’Halloween alors qu’une cinquantaine d’étudiant(e)s costumé(e)s s’entassaient sous les projecteurs du bar Au Vieux St-Hubert, impatient(e)s de connaître le résultat du référendum et la prochaine chanson au karaoké.
À 22h20, comme leurs parents trente ans plus tôt à la minute près, ils et elles ont entrevu le résultat de la question référendaire. « Si la tendance se maintient, le camp du Oui remportera ce référendum », entendait-on au micro. C’est sur les notes de Corinne des Trois Accords qu’est survenue l’annonce de la victoire du camp souverainiste. Aussitôt, les remerciements et les cris de joie ont fusé entre les murs du bar.
Plus tôt dans la journée, des kiosques du CoSUQAM étaient installés aux pavillons Hubert-Aquin (A), Judith-Jasmin (J) et des Sciences de la gestion (R). Un total de 588 personnes se sont prononcées dans le cadre de l’exercice référendaire. Aucune question référendaire n’était inscrite sur les bulletins, contrairement aux référendums de 1980 et 1995. La formulation de la question, scellant la définition même d’un Québec souverain, y avait alors causé débat. Le CoSUQAM a recensé 480 Oui, 108 Non et 13 abstentions. Des responsables du comité compilaient les votes pour s’assurer d’une participation unique par votant(e).
Portée « éducative »
« C’est sûr que ça va plus attirer des indépendantistes, des gens qui vont voter Oui », admet Lydie Périard, cocoordinatrice du CoSUQAM. Elle espérait néanmoins recevoir des partisan(e)s du Non à son kiosque.
« On va essayer d’aller voir le plus de gens possible pour que ce soit représentatif du campus de l’UQAM. Mais est-ce que l’UQAM est représentative de l’ensemble de la jeunesse québécoise? Je ne pense pas », juge Julien Mei, trésorier du CosUQAM, assis derrière une des boîtes de scrutin.
Les responsables du comité insistent sur la portée « éducative » du référendum fictif afin d’inciter les jeunes à participer à la vie politique. « Les gens qui viennent [voter] ont plein d’idéologies différentes. Ça fait du bien à voir. Ça nous tire un peu de notre chambre d’écho », reconnaît Julien.
Montée du souverainisme chez les jeunes
« Je suis souverainiste depuis aussi jeune que je me souvienne. Ma mère m’en a toujours parlé avec beaucoup de fierté. Mon père est Mexicain, il m’a aussi transmis l’importance de s’affirmer », raconte Ana Paola Ortega, responsable à la vie associative du CosUQAM. « Dans mon cœur, si le Mexique est un pays, le Québec devrait l’être tout autant », défend-elle.
Félix Dufresne, étudiant au baccalauréat en droit venu voter le 30 octobre, affirme avoir déjà une opinion sur la souveraineté en raison de ses études antérieures en enseignement de l’histoire. Il explique opter pour le Oui en raison du contexte historique colonial du Québec au sein du Canada.
« Je suis convaincu que l’idée que chaque nation devrait décider par elle-même sera toujours d’actualité. C’est omniprésent dans la pensée québécoise », affirme Julien Mei.
Le référendum fictif organisé par le CoSUQAM s’inscrit dans un contexte d’intérêt grandissant des jeunes envers le discours souverainiste. Les Québécois(es) de 18 à 34 ans soutiennent à 56 % l’idée d’un Québec indépendant, selon un sondage de la firme CROP mené en juillet et août. En date du 21 octobre, l’appui à la souveraineté à l’échelle de la province auprès d’adultes en âge de voter oscillait autour de 37 %, selon les projections de l’agrégateur de sondages Qc125.
Le référendum fictif a-t-il connu le succès attendu? Selon le comité organisateur, la réelle victoire est d’avoir discuté d’indépendance à l’UQAM. Le jour du référendum, 15 nouveaux membres ont intégré le CoSUQAM, pour un total de 85 membres.
Le 30 octobre 1995 est marqué par le deuil pour le camp du Oui. Trente ans plus tard, les anges, pirates et détectives souverainistes de l’UQAM considéraient célébrer une petite « victoire », bien que symbolique.


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