Fini le cliché du vieil homme en pantalons à carreaux! Depuis la pandémie, le golf fait peau neuve au Québec. Les jeunes envahissent les terrains.
« C’est le fun pour nous [de voir les jeunes sur le terrain], ça assure la pérennité du sport », se réjouit Ben Boudreau ,professionnel au Parcours du Cerf, un club longueuillois.
M. Boudreau, qui joue au golf depuis plus de 50 ans et supervise toutes les personnes enseignantes de golf, constate que de plus en plus d’enfants et de jeunes adultes se tournent vers ce sport depuis quelques années.
« Ce qui a relancé le golf chez les jeunes, c’est la pandémie », avance-t-il. « [Durant la COVID], tous les bars étaient fermés, les restaurants aussi. Tu ne pouvais pas voir tes amis, tu ne pouvais pas sortir, tu ne pouvais rien faire. Puis, la première activité extérieure qu’on a permise, c’était le golf », raconte le golfeur.
Sébastien Guévremont, étudiant en administration à l’UQAM, s’est mis à jouer au golf durant la pandémie.
Pour tous les goûts
Pour l’étudiant le golf est une manière de « se retrouver seul avec [lui]-même », tout en étant entouré de ses proches.
L’uqamien s’est intéressé au golf, parce que son cercle d’ami(e)s pratiquait déjà ce sport. Aujourd’hui, il joue en moyenne une fois toutes les deux semaines.
Selon lui, le golf est une activité attirante pour les timides. « Il y a beaucoup de personnes introverties dans mon entourage qui n’ont jamais aimé les sports d’équipe. Au moins, avec le golf, tu peux avoir ton propre style et tu peux jouer seul », constate-t-il.
Pour Charlotte Boudreau, championne provinciale de golf dans la catégorie des 15 à 18 ans, le golf est un sport où il y a toujours des défis à relever. « Ce qui est le fun, c’est que tu n’atteins pas une limite, tu peux toujours t’entraîner et apprendre quelque chose », renchérit la golfeuse de 17 ans.
« Ce qui a relancé le golf chez les jeunes, c’est la pandémie »
Les gens entre 18 et 25 ans s’intéressent aussi au golf en tant qu’activité de réseautage dans le milieu du travail, selon Jean-Sébastien Blackburn-Grenon, gérant du programme de golf public au Service des activités sportives de l’Université Laval.
« Notre clientèle compte beaucoup de jeunes étudiants, qui, dans le cadre de leur [profession], vont devoir jouer, donc ils s’exercent avec nous », explique-t-il. Certain(e)s s’entraînent, parce qu’ils et elles veulent savoir golfer lors des tournois organisés par leur futur employeur.
« C’est toujours important de savoir jouer au golf, mon père me disait ça », raconte l’étudiant. Ce dernier croit que c’est un sport où les gens de toutes les générations se retrouvent pour discuter du travail.
Sous les projecteurs
Selon Sébastien Guévremont, le golf « d’avant » était un sport « bourgeois » et surtout « associé aux Blancs ». Il croit que la médiatisation de golfeurs et golfeuses professionnel(le)s comme Tiger Woods a favorisé la démocratisation du sport.
Charlotte et Sébastien sont d’avis que le golfeur américain Bryson DeChambeau contribue grandement à populariser ce sport auprès des jeunes, notamment grâce à ses vidéos sur les réseaux sociaux où il invite des célébrités à s’initier à cette pratique.
Charlotte croit que de voir plusieurs personnes populaires jouer au golf contribue à l’engouement pour ce sport.
Par exemple, la chaîne Youtube Good Good, qui compte près de 2 millions d’abonné(e)s, démontre que ce n’est pas juste un sport sérieux et qu’il est possible de s’amuser en y jouant.
« À la télévision, on voit de plus en plus de jeunes joueurs de golf et les filles prennent de plus en plus de place dans l’espace [médiatique] », affirme M. Blackburn-Grenon.
Golfer, mais à quel prix?
Même si le golf s’est popularisé au fil des ans, il reste coûteux pour plusieurs personnes. Par exemple, les joueurs et joueuses qui ne sont pas des professionnel(le)s déboursent « environ 500 $ » pour l’équipement et « entre 20 $ et 60 $ » pour jouer sur un terrain de golf, estime Ben Boudreau.
Pour ce qui est des golfeurs et golfeuses professionnel(le)s, le prix peut aller dans les milliers de dollars pour les bâtons et le sac, mentionne Charlotte Boudreau. Elle a pour sa part déboursé 5000 $ pour son équipement.
Selon M. Blackburn-Grenon, les jeunes peuvent s’en tirer à bas prix en se procurant de l’équipement de seconde main ou en cherchant sur Facebook marketplace.
« Tu peux être un excellent joueur de golf avec un stock moyen, mais quand tu arrives à un certain niveau, tu es obligé de dépenser », dit-il.
Pour économiser de l’argent, Sébastien Guévremont essaye de jouer sur de beaux terrains qui ne coûtent pas trop cher. Pour lui, le rapport « qualité-prix » est important.
Selon Sébastien, il faut aussi dépenser pour les vêtements, parce que certaines normes esthétiques semblent persister. « On dirait que c’est une loi non écrite que tu dois avoir un polo quand tu vas jouer au golf, donc je m’en suis acheté », mentionne Sébastien.
Cependant, Charlotte Boudreau trouve que, depuis quelques années, le code vestimentaire est plus « lousse », les golfeurs et golfeuses peuvent tout mettre, « sauf des jeans ».
Et au-delà du fait que chacun(e) puisse adopter son propre style, Charlotte croit que « les gens vont vers le golf, parce que c’est un sport qu’ils peuvent pratiquer toute leur vie ».
Si ce sport est populaire, c’est parce qu’il plaît à plusieurs générations, en plus d’offrir l’occasion aux joueurs et joueuses de profiter du plein air et de rencontrer de nouvelles personnes, d’après Ben Boudreau.
« Le golf, c’est un sport pour tous les âges », s’exclame-t-il.
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