La distribution gratuite de produits menstruels par l’UQAM sur le campus central et le complexe des sciences est chose faite depuis septembre. Si le projet pilote de l’université est bien reçu de façon globale, il mérite d’être peaufiné, estime la communauté étudiante.
Rectificatif : Dans la version publiée dans notre édition papier Tendances, il est écrit que le « projet pilote actuel existera jusqu’à l’épuisement de son budget de 200 000 $ ». Il s’agit plutôt d’un budget de 20 000 $. Nos excuses.
Serviettes hygiéniques, tampons et protège-dessous sont à la disposition de la communauté étudiante dans six cafés étudiants et trois bibliothèques du campus central et du complexe des sciences dans des présentoirs prévus à cet effet. Les produits écoresponsables et durables de l’entreprise québécoise Iris+Arlo sont payés entièrement par l’UQAM.
L’initiative vise à rendre plus accessibles les produits menstruels au sein de l’université. La directrice exécutive du Vice-rectorat au Développement humain et organisationnel, Annie Poirier, explique que le projet découle de demandes de personnes étudiantes et employées à l’UQAM.
En février 2024, les sept associations facultaires, les quatre grands syndicats d’employé(e)s et de professeur(e)s ainsi que le Comité de soutien aux parents étudiants de l’UQAM avaient interpellé le recteur à ce sujet. Ils demandaient un programme d’accès gratuit aux produits menstruels, à l’image de ceux déjà instaurés dans d’autres établissements d’enseignement supérieur de la province.
Tendance universitaire
Au total, 8 des 17 universités au Québec (excluant l’Université TELUQ) fournissaient déjà des produits menstruels gratuits à leur communauté étudiante à la fin 2024. Quatre autres universités en offrent sur leur campus par la voie de programmes menés par des étudiant(e)s ou des associations étudiantes.
Certaines initiatives étudiantes de distribution de produits menstruels étaient financées par l’UQAM depuis 2021. Mais pourquoi l’offre par l’université elle-même a-t-elle tardé? L’administration réfléchissait depuis près d’un an à ce projet, soutient Mme Poirier. Après les demandes formulées par les associations et syndicats, l’UQAM s’est mise à travailler sur le projet pilote en s’inspirant de celui du Service des bibliothèques.
En 2023, 15 % des Canadien(ne)s menstrué(e)s affirmaient ne pas participer à « des activités quotidiennes, comme les sports, ou de se présenter à l’école ou au travail », faute de moyens financiers pour acheter des produits menstruels, selon un sondage de Plan International Canada.
« C’est absolument indispensable que les personnes aient accès aux produits menstruels pour éviter un absentéisme [en classe] qui mènerait à une inégalité à la fois scolaire et entre les hommes et les femmes », juge Élise Brunot, directrice du Réseau québécois d’action pour la santé des femmes.
Applaudi, mais perfectible
Pour l’Association étudiante de l’École des sciences de la gestion (AéESG), le programme de l’UQAM « est une excellente initiative », considérant la « précarité financière vécue par plusieurs étudiant(e)s ».
Comme plusieurs associations étudiantes facultaires, l’AéESG offre des produits menstruels de dépannage dans son local depuis déjà plusieurs années, sans en faire activement la promotion, dit Stéphanie Millette, vice-présidente aux affaires sociopolitiques. Les autres associations facultaires n’ont pas répondu à nos demandes d’entrevue.
La dizaine d’étudiantes consultées par le Montréal Campus se réjouit de la mise en place d’un tel projet. « En tant qu’étudiante, je trouve que les produits menstruels coûtent vraiment cher. Avoir la possibilité d’en avoir gratuitement, je trouve que c’est parfait », croit Joliane Racine, étudiante en travail social.
Le projet pilote devrait recevoir plus de publicité, estiment plusieurs étudiantes qui ignoraient son existence. « La chose qui manque, c’est la publicité et l’affichage » dans des endroits fréquentés et visibles, juge l’étudiante en communication marketing Arianne Côté. « C’est beau de le faire, mais il faut qu’on le sache », dit-elle.
L’emplacement actuel des produits menstruels, loin des toilettes, est aussi critiqué par certain(e)s étudiant(e)s. « Si tu vas aux toilettes et que tu remarques que tu as commencé tes règles, ça ne te tente pas de sortir, d’aller au café et de revenir aux toilettes », estime Émilie Lessnick, étudiante en travail social.
Placer les produits menstruels dans les cafés étudiants et les bibliothèques les rend visibles et aide à briser les tabous liés à leur utilisation, croit Annie Poirier. La porteuse du projet n’exclut pas l’implantation future dans les toilettes, mais compte « maximiser les comptoirs, les cafés et les bibliothèques » pour l’instant.
Expansion envisageable?
Le projet pilote actuel existera jusqu’à l’épuisement de son budget de 20 000 $. Mme Poirier vise « au moins une année complète » pour évaluer les besoins de la communauté uqamienne et les coûts d’une telle initiative à plus long terme.
D’autres campus de l’UQAM, des centres sportifs et des départements l’ont approchée à ce sujet. Impossible de confirmer l’extension du projet pour le moment, mais « ça fera partie de la réflexion pour la suite des choses », assure Annie Poirier.
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