Mégaposte d’Hydro-QuébecLe courant ne passe pas avec la communauté uqamienne  

Hydro-Québec prévoit de construire un mégaposte de transformation électrique dans les jardins de la Grande Bibliothèque, à 350 mètres de l’UQAM. Le projet est costaud et plusieurs membres de la communauté uqamienne s’alarment de l’édification d’une telle bâtisse. 

« On est assez inquiets des impacts [de la construction du poste électrique] », signale le président du Syndicat des professeures et professeurs enseignants de l’UQAM (SPPEUQAM), Olivier Aubry. 

En novembre 2023, Hydro-Québec a annoncé vouloir construire un nouveau poste de transformation électrique sur le terrain de la Grande Bibliothèque, au coin des rues Ontario et Berri. Le poste actuel, situé à un coin de rue, est vétuste, selon Hydro-Québec. 

Le SPPEUQAM affirme que le poste électrique bloquerait un potentiel élargissement de la Grande Bibliothèque sur le terrain qu’Hydro-Québec a acheté à la Bibliothèques et Archives nationales du Québec (BAnQ). Même si Hydro-Québec a promis que le futur poste « abritera deux étages complets exclusivement consacrés à l’entreposage des collections et des documents de [la] BAnQ », ce ne serait pas assez, selon le syndicat, qui croit que ce projet ne concorde pas avec la vision de relance du Quartier latin, l’une des priorités de l’UQAM. 

Des étudiant(e)s préoccupé(e)s 

L’Association facultaire étudiante des sciences humaines (AFESH) s’est opposée à la construction du transformateur électrique d’Hydro-Québec, lors d’une assemblée générale (AG) en janvier. L’AFESH demande, entre autres, la mise en place « d’une consultation publique avec des organismes du quartier » et une mobilisation plus grande de la part du conseil d’administration de l’UQAM.

Du côté de l’Association des étudiantes et étudiants de la Faculté des sciences de l’éducation (ADEESE), aucune prise de position officielle n’a été adoptée en AG. Le secrétaire général de l’ADEESE, Cédric Nahimana, précise cependant que, si le projet venait à voir le jour, l’association s’y opposerait « sans l’ombre d’un doute ». La mise à jour du PDG d’Hydro-Québec est « rassurante », affirme-t-il. 

« Le recteur [Stéphane Pallage] et la vice-rectrice associée à la relance du Quartier latin [Priscilla Ananian] sont intervenus [dans] le dossier […] notamment auprès de représentants d’Hydro-Québec. Ils ont soulevé les préoccupations exprimées par la communauté de l’UQAM sur ce projet, en particulier sur son intégration urbanistique au quartier et sur son impact sur la santé publique », indique par courriel Jenny Desrochers, porte-parole de l’UQAM.

« L’UQAM entend inviter très prochainement Hydro-Québec à tenir une rencontre d’information avec les membres de notre communauté », ajoute-t-elle.

Hydro-Québec s’explique 

Dans une lettre publiée le 6 mars, le président-directeur général de la société d’État, Michael Sabia, s’est voulu rassurant. Il nomme l’acceptabilité sociale, le coût du projet et les besoins en électricité du quartier comme les trois éléments prioritaires au bon fonctionnement du projet. 

Le poste actuel ne pourra plus répondre à la demande croissante d’électricité dans la métropole, explique-t-il. Hydro-Québec a fait savoir que la demande en électricité dans le quartier ne fera qu’augmenter dans les années à venir, notamment avec la construction d’appartements étudiants, le projet de décarbonation du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) et la croissance du nombre de véhicules électriques.

Le nouveau poste aurait donc une capacité prévue de 315 000 volts et sa superficie serait de 7500 mètres carrés, soit près d’une fois et demie la taille d’un terrain de football américain, alors que le poste actuel n’occupe que 3500 mètres carrés. La construction de Berri 2 prendrait fin en 2030, estime Hydro-Québec. 

Ayant eu vent des critiques contre le projet, notamment de la part de la communauté uqamienne, M. Sabia dit vouloir changer d’approche et effectuer une « réévaluation exploratoire des options ». « Hydro-Québec examine déjà de nouvelles hypothèses et modalités pour assurer un impact réel et positif sur le quartier », assure-t-il. Il ne revient cependant pas sur l’emplacement du terrain choisi pour Berri 2 dans sa lettre. Il spécifie que la société d’État reviendra vers le public et les intervenant(e)s du milieu dans le but d’entendre leurs idées et dialoguer. Hydro-Québec a refusé la demande d’entrevue du Montréal Campus

La santé publique en jeu? 

Le président du SPPEUQAM s’interroge également sur l’impact visuel et les effets sur la santé publique de ce futur poste électrique. « Hydro-Québec n’a pas l’air trop de savoir qu’est-ce qu’ils vont faire. Est-ce que ça va être enfoui? Est-ce que ça va être quelque chose de très visible et puis qui fera fuir les gens, les touristes? C’est des questions auxquelles on n’a pas de réponse », remarque-t-il.  

Le syndicat craint de voir « un transformateur et de grosses lignes à haute tension » s’ériger près de l’UQAM. Il s’inquiète des effets de la proximité des lignes électriques et de leurs champs magnétiques sur la population humaine.

Un rapport du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec de 2014 révèle d’ailleurs que les champs magnétiques d’extrêmement basses fréquences (CMEBF) émis par les lignes électriques peuvent accroître le risque de leucémie chez l’enfant qui y est exposé. Des études probantes sur les impacts d’un tel bâtiment électrique de la part du gouvernement et d’Hydro-Québec seraient nécessaires avant les premiers coups de pelle, selon le syndicat. « Est-ce que dans 10, 15, 20 ans, on va se rendre compte que, finalement, il y a plein de personnes qui habitent à proximité, qui ont des problèmes de santé ? », se questionne M. Aubry. Selon lui, ce poste de transformation électrique « devrait être beaucoup plus éloigné des habitations ».

Même son de cloche du côté du Syndicat des professeurs et professeures de l’UQAM (SPUQ) qui a adopté à l’unanimité, le 16 janvier, une résolution condamnant la construction d’un tel projet et un manque de « transparence du gouvernement et d’Hydro-Québec ».

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