« [C’était] la meilleure décision de ma vie », affirme Claudia Marques au sujet de son explantation mammaire. Comme elle, de plus en plus de personnes décident d’inverser leurs interventions esthétiques et les motivations semblent différer pour chacun(e).
« Ce qui m’a motivée à revenir en arrière, c’est de voir que la tendance actuelle est vraiment plus le naturel », partage Kelly-Ann Poirier, infirmière injectrice en médico-esthétique, concernant la dissolution des injections de ses lèvres.
La femme de 25 ans dit aussi recevoir davantage de client(e)s souhaitant faire dissoudre les agents de comblement dans leur visage, notamment l’acide hyaluronique qu’ils et elles se sont fait injecter lorsque la mode était aux lèvres pulpeuses.
Bien que dissoudre l’acide hyaluronique soit simple, rapide et comporte peu de risques, ce ne sont pas toutes les modifications qui se renversent avec une telle facilité, explique Mme Poirier.
« Les inversions représentent environ 10 % de ma pratique », estime le chirurgien plasticien Mario F. Bernier. Il signale que les chirurgies d’explantation des prothèses mammaires sont encore plus coûteuses que la pose d’implants, et tout aussi dangereuses.
Pourtant, des milliers de femmes se font retirer leurs implants malgré leur appréciation du résultat, car elles tombent malades à cause de ceux-ci, démontrent les nombreux témoignages.
Les scientifiques divisé(e)s
À l’âge de 21 ans, Claudia Marques s’est fait poser des implants mammaires en raison de ses seins tubéreux. « Depuis les sept dernières années, j’avais beaucoup de problèmes physiques, mais je ne savais pas pourquoi. J’avais l’impression d’être une femme de 90 ans dans un corps de femme d’une quarantaine d’années », raconte l’animatrice de radio. Le dénouement des rendez-vous médicaux était pourtant toujours le même : sur papier, Mme Marques avait une santé normale.
« J’avais des poches en dessous des yeux, je perdais mes cheveux et j’avais excessivement mal aux articulations, surtout aux coudes », témoigne-t-elle.
Grâce à un appel à l’aide sur son compte Facebook, elle s’est faite recommandée de retirer ses implants mammaires par une collègue qui a vécu la même chose un an plus tôt. Quelques semaines après l’explantation, Mme Marques n’avait plus de symptômes : « Ça a été la meilleure décision que j’ai prise de ma vie. »
Des milliers de femmes présentent des témoignages similaires à celui de Claudia Marques. La maladie des implants mammaires (MIM) est le terme utilisé pour décrire les divers symptômes (douleurs articulaires, perte de cheveux, fatigue chronique, enflures, maux de tête, difficultés à se concentrer, prise de poids) des personnes ayant des implants mammaires, bien qu’il désigne une maladie non reconnue médicalement.
« Les études prouvent que les symptômes ne sont pas spécifiques aux implants, mais, quand on les enlève, les symptômes peuvent réduire pour différentes raisons, comme une baisse du niveau d’anxiété », explique le Dr Bernier, chirurgien plasticien et esthétique depuis plus de 25 ans.
Pourtant, la communauté scientifique semble divisée face à la MIM. Le Dr Stephen Nicolaidis, chirurgien plasticien à Montréal, a cessé de poser des implants mammaires en mai 2021 en raison des risques imprévisibles de cette pratique qu’il qualifie de « dangereuse » pour ses patientes.
Chambres d’écho en ligne
Entre Kelly-Ann Poirier et Claudia Marques, il y a un dénominateur commun : les réseaux sociaux. Autant ces outils de communication contribuent à alimenter des standards de beauté irréalistes et des modes qui changent sans cesse, autant ils peuvent en aider certain(e)s à trouver des réponses, indique le Dr Bernier. Les plateformes de communication comme Instagram, TikTok et Facebook sont grandement hétéroclites en ce qui a trait au contenu et l’algorithme propose du contenu selon les intérêts de chacun(e).
Selon la Société Internationale de Chirurgie esthétique et plastique (ISAPS), l’augmentation de l’utilisation des réseaux sociaux a contribué à une hausse des demandes d’inversion des interventions esthétiques, mais également à une montée des demandes pour ces chirurgies.
L’ISAPS estime que 15 millions d’interventions de chirurgie esthétique et près de 19 millions d’interventions non chirurgicales ont été pratiquées dans le monde, respectivement en hausse de 41 % et de 58 % depuis 2018. Elle estime que les réseaux sociaux ont joué un rôle important dans ces chiffres.
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