Restaurant Belle AfriqueUn fufu qui conserve sa folie

Au printemps 2024, le restaurant Belle Afrique devient un véritable phénomène grâce au fufu sauce graine qui figure sur son menu. Ce plat d’Afrique de l’Ouest, qui se mange avec les mains, a piqué la curiosité de millions de personnes sur TikTok. Presque un an plus tard, le Montréal Campus a voulu savoir ce que la propriétaire retient de cette popularité éphémère.

La propriétaire, Setope Hounkpati, relève que, de juin 2023 à décembre 2023, elle a fait un chiffre d’affaires de 26 000 $. De janvier 2024 à décembre 2024, elle a fait 400 000 $. 

Le restaurant Belle Afrique, situé à Montréal-Nord, a pour mission de faire découvrir des mets africains et haïtiens. C’est d’ailleurs dans cette optique que Mme Hounkpati a commencé à diffuser des vidéos sur TikTok. Elle filmait des gens en train de manger le fufu. Les vidéos ont suscité assez d’attention pour que François Legault  goûte au plat.

« Victime de son succès » 

La propriétaire dit avoir été « victime de son succès ». Elle a dû commander une plus grande quantité de nourriture pour être en mesure de servir tout le monde et de ne jamais manquer de rien. Elle a également dû engager d’autres employés. Lorsqu’elle a ouvert le restaurant en juin 2023, il n’y avait qu’elle. Maintenant, Belle Afrique compte sept employés. Bien qu’il y ait moins de personnes ces temps-ci, Mme Hounkpati ne regrette rien. 

« J’habite à Québec. En mars 2024, quand je suis allé à Montréal, j’ai fait un détour pour aller à Belle Afrique », raconte Adrien Breteau, étudiant en année sabbatique au Cégep de Limoilou. 

Il a connu Belle Afrique, grâce à ses ami(e)s qui ont vu le commerce devenir viral sur TikTok. Curieux, Adrien est allé au restaurant de Mme Hounkpati pour tester le fameux fufu sauce graine. Il a apprécié l’accueil chaleureux et il a aimé le plat. Cependant, l’étudiant s’attendait à un goût plus mémorable, « étant donné tout le buzz » entourant le mets africain. 

Adrien se dit tout de même « heureux » d’avoir pu découvrir une spécialité culinaire africaine. Comme plusieurs autres, c’était la première fois qu’il goûtait au fufu. 

Démocratiser une cuisine grâce à TikTok

« Au printemps 2024, le restaurant comptait environ 100 clients par jour. Maintenant, ça varie beaucoup, mais il n’y a pas plus de 50 à 60 clients par jour », souligne Mme Hounkpati. 

« Je sais que les enfants québécois adorent ma nourriture », dit la propriétaire, le sourire aux lèvres. Mme Hounkpati est reconnaissante que les réseaux sociaux lui aient donné l’opportunité de propulser son restaurant, mais surtout de « démocratiser » une cuisine peu connue au Québec. 

Adrien garde un très bon souvenir de son expérience. « J’avais une assiette en bois qui avait la forme du continent africain et j’ai mangé avec mes mains », raconte-t-il. 

« C’est intéressant que le restaurant ait réussi à réunir des personnes de toutes nationalités, autour d’un même repas », affirme Adrien. 

« Si c’était moins cher, je n’hésiterais pas à recommander un plat à Belle Afrique », ajoute-t-il. 

« Le restaurant fait maintenant partie de l’ensemble évoqué de plusieurs consommateurs. Ainsi, s’ils veulent manger de la nourriture africaine, Belle Afrique va tout de suite leur venir en tête », explique Anik St-Onge, professeure en marketing à l’UQAM. En marketing, l’expression « ensemble évoqué » fait référence aux choix que les consommateurs ont à l’esprit lorsqu’ils doivent prendre une décision d’achat.

« Aujourd’hui, dans les médias sociaux, si tu n’as pas fait quelque chose de spécial, tu peux oublier ça, tu es noyé », souligne la professeure. 

« Belle Afrique a été, pendant plusieurs mois, la saveur du moment sur TikTok », illustre Mme St-Onge. 

Se réinventer 

« Présentement, un restaurant est tendance pendant seulement trois ans. Alors, si tu veux que ton restaurant continue à attirer des gens, il faut que tu refasses au moins le menu et la décoration après trois ans », mentionne Mme St-Onge. 

Elle met l’accent sur le fait que « les gens se tannent rapidement ». Selon la professeure, la société va tellement vite que le renouveau est nécessaire pour survivre.

Afin d’amener plus de clients, maintenant que la vague de popularité s’est dissipée, Mme Hounkpati pense déménager dans un plus grand local pour que plus de personnes puissent manger sur place. Elle prévoit aussi de « renouveler » son menu, en gardant le fufu, bien évidemment. Recommencer les vidéos sur TikTok fait aussi partie de ses plans. 

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