Près de 95 % des votes de grève des deux dernières années se sont terminés en faveur de la grève, révèlent les données des sept associations facultaires de l’UQAM compilées par le Montréal Campus. Analyse du phénomène.
Dans la semaine du 27 au 31 janvier 2025, les étudiant(e)s de quatre facultés sur sept ont voté en faveur d’une grève de solidarité avec les chargé(e)s de cours de l’UQAM. Des chiffres représentatifs de la réalité des deux dernières années.
« Quand on est rendu à voter, c’est habituellement qu’on sait que ça va passer », explique Clémentine Côté-Bélanger, étudiante en enseignement et ancienne membre du comité exécutif de l’Association des étudiantes et des étudiants de la Faculté des sciences de l’éducation (ADEESE) pour l’année 2022-2023.
Selon les données du Montréal Campus, sur les 73 votes de grève tenus lors d’assemblées générales d’associations facultaires de l’UQAM depuis 2022, 69 se sont terminées en faveur de la grève.
« Ce n’est pas si surprenant », soutient Jean-Philippe Warren, sociologue et expert des mouvements sociaux du Québec. En général, les membres des associations vont voter positivement les grèves qui leur sont proposées, puisque le « plus difficile », c’est d’organiser les assemblées générales et de mobiliser assez des personnes pour obtenir le quorum.
Une fois ces éléments réunis, la possibilité que la proposition de grève ne passe pas est « assez faible » selon l’expert, qui rappelle que « c’est la même chose pour les syndicats ». Ce qui pourrait changer, par contre, c’est la proposition de grève. Celle-ci dicte la forme que prendra la grève, comme le nombre de jours ou les demandes spécifiques exigées par la communauté étudiante. Un exemple ? Certains cours peuvent être exemptés de la grève.
Cédric Nahimana, secrétaire général de l’ADEESE, est du même avis. « On ne va pas faire de vote si on ne pense pas que nos membres veulent faire la grève. »
Mettre le vote à l’ordre du jour, un défi en soi
Le processus pour mettre à l’agenda d’une association étudiante facultaire un vote de grève est similaire d’une faculté à une autre.
Soit les membres du comité exécutif des associations décident de tenir un vote pour une grève qu’ils et elles trouvent pertinente pour leurs membres, soit les membres approchent le comité exécutif avec une pétition. La personne voulant proposer une grève doit généralement récolter la signature de 1 % des membres de son association facultaire pour qu’une pétition mène à un vote de grève. Depuis la pandémie, c’est majoritairement la deuxième méthode qui fonctionne. « Puisqu’on a déjà le quorum qui a signé la pétition, on s’attend à ce que le vote passe en assemblée générale », explique M. Nahimana.
« C’est généralement les plus militants qui vont aux assemblées », commente le sociologue M. Warren. Les référendums, une méthode de consultation qui consiste à consulter les membres sans la tenue d’une assemblée générale, démontre « habituellement » des résultats bien différents des votes en assemblée. « La grève est votée à plus faible majorité, ou n’est pas votée du tout », soutient l’expert en mobilisation sociale. Le problème avec les référendums ? Ils ne permettent pas la modification de la proposition de grève, un élément « nécessaire » pour la démocratie étudiante, selon l’ADEESE.
Du très local, à l’international
« Les enjeux qui mobilisent aujourd’hui sont beaucoup plus locaux », rappelle M. Warren. Il est plus facile pour les « comités mobs » (des personnes désignées à mobiliser la communauté étudiante) de rassembler les membres d’une association autour d’enjeux qui les touchent directement, comme la rémunération des stages. Ces votes de grèves passent habituellement beaucoup plus facilement. Malgré tout, la vaste majorité des votes de grèves, peu importe le sujet, terminent en faveur d’une levée de la plupart des cours.
Pour expliquer les données compilées par le Montréal Campus, le sociologue avance que c’est la mobilisation faite sur les enjeux locaux qui est utilisée pour mener des combats internationaux. « Ils sont déjà mobilisés, c’est plus facile », poursuit-il. La mobilisation faite pour la conservation des locaux associatifs peut par exemple, être utilisée pour pousser les étudiant(e)s à voter en faveur d’une grève de soutien à l’Ukraine.
Sauf pour l’ADEESE, les associations facultaires de l’UQAM n’avaient pas répondu aux demandes d’entrevues au moment où ces lignes étaient écrites.
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