Les personnes de taille plus ont de la difficulté à trouver des vêtements qui leur conviennent. C’est le cas de Naïma Donaldson, une uqamienne, qui juge que les morceaux qui s’offrent aux jeunes femmes comme elle font très « matante », en raison des motifs fleuris et des textures.
Depuis qu’elle est jeune, Naïma considère qu’il est difficile de magasiner des vêtements à sa taille.
Ayant un « surpoids » et « pas beaucoup de moyens », Naïma déclare avec désolation : « Je m’habille chez SHEIN, parce que je n’ai pas le choix pour avoir des vêtements qui me font, qui sont à la mode et abordables. » Consciente du problème éthique de ce site, elle n’achète pas ses vêtements de gaieté de cœur.
Quand s’habiller devient un défi
« Dans les magasins, j’ai de la difficulté à me trouver un veston noir, alors que c’est vraiment de base », raconte Sonia Lévesque, styliste et enseignante spécialisée en mode taille plus. Mme Lévesque témoigne avoir développé une forte taille à partir de l’âge de neuf ans.
Pascal Beauchamp, un père de famille, vit la même réalité. « Je magasine chez Maximus, mais ça fait souvent mononcle. J’ai 51 ans, mais je n’ai pas envie d’avoir l’air d’un vieux monsieur », dit-il.
« J’ai l’impression que le marché pense qu’on n’a pas de goût. Ce n’est pas parce que je suis gros que j’aime le carreauté », illustre M. Beauchamp.
« Ce n’est pas parce qu’on est taille plus qu’on a envie d’avoir un style différent des autres »
Pascal Beauchamp
Mme Lévesque explique que c’est beaucoup plus complexe de confectionner des vêtements pour les personnes de forte taille que pour les gens de taille plus minces. Leur morphologie est « compliquée », les graisses se placent souvent de manière « aléatoire » sur leur corps, illustre la styliste.
Un manque de modèles
« Les mannequins taille plus ne sont même pas taille plus », affirme Naïma. C’est une opinion qui est également partagée par Sonia Tremblay, une créatrice de contenu qui prône une image saine du corps et qui assume fièrement sa forte taille.
Mme Tremblay juge qu’il devrait y avoir plus de modèles pour les jeunes. Elle a ainsi décidé d’en être elle-même une pour les femmes qui vivent cette réalité. « Je le fais pour inspirer les gens dans leur style vestimentaire, pour montrer qu’il n’y a pas juste un type de vêtements taille plus et une façon de les agencer », explique-t-elle.
« Quand tu vas sur YouTube et que tu regardes les essayages de vêtements de personnes minces, ça ne vient pas te rejoindre lorsque tu es une personne grosse », mentionne la créatrice de contenu. « Ça peut avoir l’air superficiel, mais c’est super important pour la confiance en soi [de ces personnes] », ajoute-t-elle.
Une stigmatisation qui fatigue
Lorsque Naïma se fait proposer par ses ami(e)s d’aller magasiner, elle doit parfois refuser. « Je ne peux pas m’habiller dans les boutiques où vont mes ami(e)s », explique l’étudiante.
« Souvent, s’il y a des sélections pour les [personnes] tailles plus dans une boutique, ça va être dans une partie cachée au fond du magasin et il n’y aura pas beaucoup d’options », dit-elle. Même les commerces qui veulent se montrer inclusifs ne semblent pas l’assumer pleinement, selon elle.
Cette stigmatisation a d’ailleurs été renforcée par les réseaux sociaux. « Il y avait une tendance sur TikTok où les filles minces achetaient un T-shirt 4XL, par exemple, et elles faisaient une robe avec [celui-ci] », mentionne Sonia Tremblay. « Il y a des filles qui portent vraiment du 4XL et qui peinent à trouver un T-shirt », renchérit-elle.
Une lueur d’espoir
Toutefois, des solutions existent même si elles se font rares. Par exemple, « Mala MTL est une friperie digne de mention, la propriétaire, Sandra Munoz Diaz, s’assure toujours d’avoir des offres intéressantes. Elle sélectionne ses vêtements avec soin pour qu’ils répondent à plusieurs types de styles », raconte Mme Tremblay. La friperie Mala MTL, ouverte en 2018, offre des vêtements allant de L à 6XL.
« On peut s’habiller comme on en a envie, quelle que soit notre apparence », déclare la créatrice de contenu.
Sonia Lévesque croit également qu’il faut « enseigner la mode taille plus à l’école de couture », afin d’améliorer l’offre vestimentaire pour ces personnes, de manière à ce que celle-ci soit plus adaptée à leurs besoins.
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