Immersion dans le cours de langue des signes québécoise

Le cours À la découverte de la langue des signes québécoise (LSQ) est une porte d’entrée pour les étudiant(e)s souhaitant en connaître davantage sur cette langue fascinante. Incursion dans les coulisses d’un cours de langues non conventionnel enseigné à l’UQAM.

Plus de 10 000 personnes parlent la LSQ au Québec, d’après l’Association du Québec pour enfants avec problèmes auditifs (AQEPA). Pourtant, l’UQAM est l’un des seuls établissements à offrir des cours au niveau universitaire, avec l’Université de Montréal.

À la découverte de la LSQ est un cours d’introduction offert aux étudiant(e)s aux sessions d’automne et d’hiver. C’est avec les enseignements du chargé de cours Robert Binet, employé de l’UQAM depuis 44 ans, que la classe s’immerge dans l’univers de la LSQ.

Un nouveau certificat

À partir de l’automne 2025, l’UQAM offrira un Certificat en langue des signes québécoise  pour ceux et celles qui souhaitent approfondir leurs connaissances. Le certificat est offert à temps partiel sur une période de trois ans. 

Robert Binet, chargé de cours À la découverte de la LSQ, signe à la classe la différence entre les mots attraper et saisi. Mention photo: Erika Laurendeau Echavarria. 

La volonté de plusieurs étudiant(e)s de découvrir cette langue vient d’un désir de pouvoir communiquer avec les membres des communautés sourdes et malentendantes de leur entourage. « Ça crée un genre d’inconfort d’être incapable de communiquer. C’est nous, en tant que personnes entendantes, qui devrions essayer de s’adapter à eux, et non le contraire », souligne Stéphanie Faucher, étudiante au Baccalauréat en télévision .

Le cours, auquel une quarantaine d’étudiant(e)s assistent, a pour but d’enseigner les éléments de communication de base de la LSQ. «  Il y a beaucoup de signes, et on les apprend à un rythme assez rapide », relève Luce Forest Sucy, étudiante au Baccalauréat en études littéraires.

Pendant les évaluations, le chargé de cours signe devant le groupe et note la classe sur leur retranscription, permettant de renforcer les notions enseignées.

« Chaque session, les étudiants demandent c’est quand le cours LSQ deux ou trois […] C’est plate de dire qu’il n’y a pas la suite. »

Robert Binet

Chaque cours est composé d’un atelier et d’un cours magistral. La portion atelier offre aux étudiant(e)s la chance de réviser les signes appris les semaines précédentes et de communiquer entre eux et elles en LSQ. Ensuite, la classe apprend de nouveaux mots pendant la période magistrale. La séparation du cours en deux parties occasionne un apprentissage actif.

M. Binet enseigne la LSQ aux côtés de son auxiliaire, Matthew Courtemanche, depuis maintenant trois ans. Pour Frédérique Marchand, une étudiante au Baccalauréat en histoire de l’art, Matthew est le pont entre le professeur et les étudiant(e)s. Dans l’éventualité qu’une personne ignore un signe ou le connaît à moitié, il réussit à communiquer en LSQ à Robert Binet, le professeur.   

Matthew indique que c’est la première fois qu’une personne malentendante occupe son poste, un changement important selon lui. Il explique que les auxiliaires entendant(e)s ne maîtrisaient pas certaines nuances de la LSQ. Les traductions étaient parfois inexactes et ne reflétaient pas les propos des étudiant(e)s.  

Selon Robert Binet et Matthew Courtemanche, leur duo stimule davantage la classe, et cette dernière est plus portée à s’intéresser à la matière. « On est une belle équipe, les étudiants posent plus de questions », note M. Binet*.

Tout au long des séances de cours, les étudiant(e)s sont muni(e)s de leur cahier de notes, et plusieurs s’enregistrent avec leur téléphone en pratiquant les signes.

Après la découverte ?

Jusqu’à tout récemment, le parcours d’apprentissage des uqamiens et uqamiennes se terminait avec le cours À la découverte de la LSQ. « Chaque session, les étudiants demandent c’est quand le cours LSQ deux ou trois […] C’est plate de dire qu’il n’y a pas la suite », déplore M. Binet.

L’UQAM propose deux programmes d’étude de la LSQ avec deux buts distincts : la Majeure en interprétation français-LSQ, offerte depuis 2019, et le certificat. D’une part, la majeure vise à développer des compétences en interprétation. D’autre part, le certificat, à la session d’automne 2025, permettra d’atteindre un niveau de connaissances intermédiaire ou expert. Un degré « qui se rapproche de [celui] qu’on observe chez des locuteurs de langue première », précise Anne-Marie Parisot, directrice des programmes de premier cycle au Département de linguistique de l’UQAM.

Même si le certificat suscite l’intérêt de quelques étudiant(e)s du cours, l’étudiante libre Julianne Guay s’avère déçue de ne pas pouvoir entamer son parcours dès maintenant, puisqu’aucun autre cours de LSQ n’est offert à la session d’hiver 2025. « C’est sûr que le certificat m’intéresse, mais après la rencontre aujourd’hui, je trouve ça dommage que je ne pourrai pas commencer mes cours avant l’hiver 2026, à moins d’aller faire trois autres cours ailleurs », témoigne-t-elle à la suite de la présentation du certificat par Mme Parisot.  

*: Robert Binet s’exprime dans cet article par le biais de l’interprétation en LSQ de Marie-Pier Poulin, diplômée de la Majeure en interprétation français-LSQ et étudiante à la Maîtrise en linguistique.  

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