Redécouvrir l’intelligence artificielle avec Rêves codés

Entre création de mythes insolites et cœur à cœur avec un ordinateur rétro, Rêves codés propose une immersion dans le monde de l’intelligence artificielle. Le centre PHI, lieu de diffusion artistique, accueille cette exposition du 9 octobre au 12 janvier.

Imaginée et créée par Marc Da Costa, un artiste multimédia américain, et Matthew Niederhausen, un artiste et éducateur américain, Rêves codés est composée de deux volumes, The Golden Key et Tulpamancer. Respectivement, ces œuvres ont été présentées pour la première fois au festival South by Southwest (SXSW) en 2023 et à l’édition 2023 de La Biennale di Venezia

Les deux artistes mélangent art et technologie afin de proposer au public une œuvre où ce dernier collabore à la création.

C’est la première fois que Rêves codés est présentée en territoire canadien. « Pour [le centre PHI] c’est important de rendre disponible, pour le public montréalais, des œuvres qui sont présentées dans de grands festivals à travers le monde », souligne Myriam Achard, cheffe partenariats nouveaux médias et relations publiques du centre PHI.

Mention photo : Eve Bernier.

The Golden Key

D’une durée approximative de 15 minutes, The Golden Key se veut comme une invitation à participer à « un nouveau processus de création de mythes dans un contexte collaboratif », selon les artistes. La projection est en constante évolution : on peut faire plusieurs allers-retours, et on ne verra jamais la même scène.

L’IA utilise une base d’images et d’œuvres prédéterminées afin d’alimenter des projections sur trois murs. Avec le monologue de l’IA découlant des haut-parleurs, cela crée un récit aux allures de légende folklorique.

Deux ordinateurs sont mis à disposition des personnes participantes. Ces dernières sont invitées à y écrire des idées afin d’alimenter le récit. Après trois à quatre minutes, ces éléments s’animent sur les murs. 

« C’est une machine à créer des mythes à l’infini. »

– Matthew Niederhausen
Un cochon-caméléon. Mention photo : Eve Bernier.

Tulpamancer

Présentée sous l’apparence d’un laboratoire scientifique allemand oublié des années 1980, Tulpamancer est une expérience individuelle et unique à chacun(e), et dure environ 40 minutes.  

Les participant(e)s sont dirigé(e)s vers une salle meublée d’un bureau et d’un ordinateur rétro. À l’écran, une IA nommée TULPA amène l’utilisateur ou l’utilisatrice à répondre à des questions intimes.* Par la suite, elle crée un récit visuel tissé à partir de ces réponses, que le ou la participant(e) « vit » à travers un casque de réalité virtuelle avec écouteurs intégrés. 

« Ce fut mon coup de cœur », témoigne Mme Achard, qui était présente à la première de la production. « C’est une œuvre qui m’a secouée, déroutée, émue. »

L’IA dévoile une représentation visuelle des sentiments associés à des désirs et souvenirs vulnérables, telle une chambre d’enfance. L’IA prend ces émotions et les retourne aux participant(e)s comme un rêve, une réminiscence lointaine. Les visages sont flous, les traits emmêlés, les couleurs se chevauchent. 

« On veut créer un autre contexte à la vision apocalyptique propagée dans les médias afin que les gens puissent développer leur opinion sur l’IA. »

– Matthew Niederhausen

Le but de cette expérience est, entre autres, de « visualiser un monde où l’on interagirait quotidiennement avec l’IA », explique M. Da Costa. Les artistes tentent de découvrir et de faire découvrir au public « ce que ça signifie pour ces technologies émergentes d’essayer de nous comprendre et ce que ça signifie d’avoir une relation plus intime avec ces dernières ». 

Une IA de son temps

Certaines anomalies s’affichent toutefois. C’est réconfortant, d’une certaine façon, de constater que l’IA fait encore des erreurs de logique.

Les deux artistes déclarent qu’ils ne souhaitent pas modifier l’IA des deux expositions. « C’est une représentation figée dans le temps de l’état de l’IA à ce moment, sachant que ça évolue tellement rapidement. » M. Da Costa indique que les deux collègues n’essaient pas de créer « la matrice parfaite », mais plutôt un contexte où le public peut « expérimenter ces technologies telles qu’elles existent à ce jour, découvrir ses limites ». 

*Les données recueillies durant l’exposition sont effacées après l’expérience.

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *