Le plus célèbre des reporters belges a droit, depuis le 4 octobre dernier, entre les quatre murs de l’Arsenal art contemporain, à une expérience d’art immersif du nom de Tintin, l’aventure immersive. Les installations et l’œuvre clé conçue grâce à d’ingénieuses projections honorent admirablement l’immense héritage laissé par le bédéiste bruxellois Georges Remi, alias Hergé.
Deux salles introductives accueillent les visiteurs et les visiteuses après que ceux et celles-ci aient passé la porte de l’Arsenal. Le décor rappelant le tome On a marché sur la Lune et la mosaïque de couvertures des albums de la série dans toutes les langues s’avèrent sympathiques, mais sans plus. Il est rapidement compris que Tintin, l’aventure immersive ne se veut fondamentalement pas une exposition informative ou visuellement classique.
C’est la troisième salle qui vole la vedette, d’une autre manière.
L’aventure, c’est l’aventure
« Plaire aux fans actuels et emmener les jeunes néophytes à apprécier l’œuvre d’Hergé. » Voilà le mandat de Tintin, l’aventure immersive, détaillé par Éric Brouillet, président du studio VIBRANT Marketing qui a participé à l’adaptation nord-américaine de l’expérience d’art immersif. L’exposition a déjà sillonné le sol européen en 2023 et en 2024, et a rassemblé près d’un million de visiteurs et de visiteuses sur le Vieux Continent.
Tintin, l’aventure immersive est construite en six chapitres piochant dans les 24 albums d’Hergé écrits entre 1929 et les années 80. Des projections sont aperçues sur les quatre murs et sur le sol de l’immense salle de plusieurs centaines de mètres carrés. Plus les minutes avancent, et plus l’envie de regarder partout et de se déplacer se fait ressentir, preuve des riches subtilités présentes dans l’art immersif. Accompagné de Tintin et de Milou, mais aussi du capitaine Haddock, du professeur Tournesol et des inspecteurs Dupont et Dupond, le public voyage à Sydney, au Tibet, dans la république fictive de Syldavie et même sur la surface de la Lune. Il pourra voyager ainsi jusqu’au 12 janvier 2025, avant que l’aventure ne mette le cap vers une autre ville.
En omettant les quelques phylactères visibles par-ci par-là, Tintin, l’aventure immersive parvient à raconter une histoire cohérente sans réellement respecter la chronologie des tomes, ou sans même que le public n’entende une seule phrase prononcée par les personnages, simplement avec la magie des arts visuels.
Les haut-parleurs dans la salle diffusent pendant l’exposition des chansons « que Hergé aimait écouter », avait annoncé plus tôt M. Brouillet. Autant dire que le bédéiste belge avait d’excellents goûts musicaux, car le public a droit à des morceaux de David Bowie, d’Iggy Pop, des Beatles et de Pink Floyd. Les univers musicaux s’agencent parfaitement aux univers visuels et rendent l’instant d’autant plus agréable. Chapeau aux instigateurs et aux instigatrices de l’exposition d’avoir défrayé les droits d’auteurs d’artistes aussi conséquents.
Dommage par contre de ne pas avoir entendu le thème de la série animée – composé par Ray Parker et Tom Szczesniak – dans la liste de lecture, pour une expérience encore plus nostalgique.
Après une quarantaine de minutes fournie qui semble n’en avoir duré que cinq, les projections sur les murs laissent place aux fameuses « pages bleues » d’Hergé, synonymes de la fin de l’expérience immersive.
Tintin, ce ne sont pas de simples bandes dessinées pour enfants menées par ses personnages quasi caricaturaux. Tintin, c’est le reflet d’un siècle révolu. C’est, en 62 pages par album, l’incarnation des valeurs occidentales d’antan et de cette vision parfois trop limitée d’un monde vaste et différent. De la folie des grandeurs américaine jusqu’aux déboires du colonialisme européen, en passant par la course à l’espace et l’historique des tensions politiques de l’entre-deux-guerres.
Tout y est.
Un chef-d’œuvre comme les 24 tomes des Aventures de Tintin, ça ne se détériore pas, ça vieillit comme un bon vin. Et tant que des objets culturels comme Tintin, l’aventure immersive continueront à fleurir près de 100 ans après les premiers croquis de l’intrépide Bruxellois, c’est qu’on trinquera à la cuvée encore longtemps.
L’exposition dure environ 1h15, et les billets se vendent aux alentours de 40$ chacun.
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