Boîtes mystères, éditions exclusives et grande communauté d’admirateurs et d’admiratrices: les poupées de collection Sonny Angel font fureur sur les réseaux sociaux. Les caractéristiques uniques de ce produit peuvent toutefois « encourager l’apparition d’une dépendance », prévient Adèle Morvannou, professeure adjointe à la faculté de médecine de l’Université de Sherbrooke et chercheuse en dépendance.
Les Sonny Angel ont été créés en 2004 par Toru Soeya, un designer japonais et le fondateur de la compagnie de distribution de jouets Dreams. Vendues par série, elles se différencient avec leur déguisement, qui varie selon une thématique : fruits, animaux marins, bonbons, fleurs et bien plus.
L’emballage des Sonny Angel est particulièrement attrayant. Vendues dans une boîte opaque, ces poupées sont achetées par les client(e)s sans qu’ils ou elles ne sachent la figurine qu’ils ou elles déballeront. « L’effet de surprise est agréable quand on ouvre une boîte », indique Alison Lessard, qui a débuté sa collection en 2018.
Popularité grandissante
Bien qu’elles aient été créées il y a 20 ans, les Sonny Angel gagnent en popularité en 2022. Maintenant, sur Tik Tok, des vidéos où les collectionneurs et collectionneuses dévoilent leurs achats cumulent des milliers de mentions j’aime.
Autour de 100 groupes de reventes et d’échanges de Sonny sont actifs sur Facebook et de nombreux canaux ont été créés sur des plateformes de clavardage en ligne, comme Reddit. « Je pense que l’on peut facilement se faire des amis [grâce aux Sonny Angel. Comme ce sont des boites mystères, ça permet aux gens d’échanger entre eux, parce qu’ils n’ont pas ceux qu’ils veulent », confie Yunuen Cho, collectionneuse de Sonny Angel depuis 2017 et maintenant ambassadrice pour Sonny Angel USA.
Le côté mystérieux de ces poupées rajoute un « thrill » à l’expérience du consommateur ou de la consommatrice, selon Sandrine Prom Tep, professeure de marketing numérique à l’UQAM. Ce sentiment augmente l’envie des personnes de « tenter leur chance », puisqu’ils ou elles sont à la recherche du plaisir que leur apporte l’ouverture de ces boîtes..
Alexis Perron-Brault, professeur en marketing à l’UQAM, soulève la question des enjeux éthiques derrière cette stratégie aux effets « pervers » voire même « nocifs » pour les acheteurs et acheteuses.
Être dépendant des Sonny Angel ?
Tout comme les Sonny, certains objets dans les jeux vidéos sont présentés sous forme de boîte mystère. D’après d’Adèle Morvannou, l’élément du hasard occasionne une gratification immédiate lorsqu’il s’agit d’ouvrir une boîte mystère et découvrir l’objet rare qui se trouve à l’intérieur.
À ses yeux, il existe des « caractéristiques communes » entre la dépendance aux jeux vidéos et les Sonny Angel.
Elle soutient aussi que le sentiment de communauté et d’appartenance présent fidélise la clientèle. Cet aspect social où les adeptes des Sonny participent à des échanges et des forums en ligne alimente le désir de se procurer le produit par volonté d’être « accepté et inclus » par leurs pairs
« C’est toutes leurs caractéristiques qui vont faire que ça a un potentiel plus ou moins addictif »
Adèle Morvannou
Quant au professeur de marketing de l’UQAM, Alexis Perron-Brault, ce dernier estime que le mot « dépendant » semble être « un peu trop fort ». Il suggère que ces tactiques font en sorte que les client(e)s sont plus propices à surconsommer, plutôt qu’être dépendant(e)s des Sonny Angel.
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