Municipalités divisées, familles déchirées : la course à la transition énergétique du gouvernement caquiste laisse dans son sillage des fractures sociales indélébiles.
La municipalité régionale de comté (MRC) de Nicolet-Yamaska, dans le Centre-du-Québec, est divisée par un projet éolien que beaucoup de ses habitant(e)s refusent. Cette situation témoigne des défis d’acceptabilité sociale auxquels les projets de transition énergétique du gouvernement doivent faire face.
Les citoyen(ne)s ne s’entendent pas et le manque d’information entretient des conflits qui sévissent depuis plus d’un an. Certes, il y a eu des consultations. Mais dans son désir de remplir ses objectifs de neutralité carbone le plus vite possible, le Québec a oublié l’importance de prendre le temps d’expliquer la nécessité et les enjeux de chaque projet.
Selon le professeur en communication et acceptabilité sociale de l’Université de Sherbrooke Yves Fréchette, le gouvernement a poussé les MRC à souscrire à des appels d’offres sans qu’elles aient eu le temps de prendre connaissance de tous leurs paramètres.
Je ne contesterai pas la nécessité d’envisager des solutions durables dans un contexte de changements climatiques et d’alertes de la part de la communauté scientifique. Mais les ambitions brutales de la CAQ se sont heurtées à un problème qu’elle a elle-même engendré.
Le Québec n’a imposé que peu de normes de consommation énergétique jusqu’à aujourd’hui à ses habitant(e)s. Il peut alors difficilement justifier des projets d’envergure pour une transition nécessaire proches des habitations sans avoir commencé par des mesures plus douces et des conseils quotidiens pour réduire la consommation d’électricité.
« Le manque de planification mine beaucoup l’acceptabilité sociale », affirme M. Fréchette. Selon lui, le manque de vision et de communication du gouvernement est un des facteurs pouvant menacer l’acceptabilité des projets. Les habitant(e)s touché(e)s méritent davantage de transparence, surtout quand on sait que leur quotidien sera marqué par les décisions politiques.
Disponible sur le site du gouvernement, une pléthore de documents concernant l’acceptabilité sociale de projets pour la transition énergétique a été mise à la disposition des Québécois(es).
L’un d’eux, concernant les facteurs d’influence de l’acceptabilité, stipule que « l’acceptabilité sociale d’un projet pourrait être compromise si la population ne fait pas confiance au promoteur ou aux instances. »
Couchée sur le papier de manière officielle, cette phrase prend tout son sens sur le terrain. Les habitant(e)s de Saint-Zéphirin-de-Courval pourraient vous raconter comment les promoteurs et les promotrices se sont lancé(e)s dans la quête de terres pour installer des éoliennes sans que personne ne soit avisé.
Sans surprise, le gouvernement doit trouver un moyen de pallier le désaccord de sa population, qu’il a lui-même provoqué. À défaut de ne pas réussir à gérer l’acceptabilité sociale, il en dévie. M. Fréchette souligne cette fâcheuse habitude. « Il ne fait que décider, annoncer, défendre, et se croit légitime par le processus électoral. »
Les chiffres observés dans le rapport État de l’énergie au Québec, publié en février 2024 par la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal, montrent que même si les Québécois(es) sont de grand(e)s consommateurs et consommatrices d’électricité par rapport au reste du monde, beaucoup de foyers utilisent presque uniquement de l’énergie verte.
En réalité, ce sont les industries québécoises, notamment celles de l’aluminium et des métaux non ferreux, qui consomment le plus d’énergies fossiles.
Alors quoi, on décide de construire un parc éolien dans le jardin de n’importe qui pour créer une énergie qui ne lui profitera pas? La réponse est oui. Si le Québec vise une réduction des gaz à effet de serre de 37,5 % d’ici 2030 et la carboneutralité d’ici 2050, aucun autre scénario n’est vraiment envisageable.
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