Commentaires désobligeants, préjugés et taquineries peuvent fuser vers les hommes qui s’initient au cheerleading. Ils ne représentent que 5 % des athlètes au sein de ce sport, selon Cheer Québec, mais parviennent à y faire leurs chemins.
« C’est un sport qui est mal vu chez les garçons », déplore Olivier Vigeant, membre de l’équipe TR Cheer. Les défis étaient nombreux lors de ses débuts en cheerleading au secondaire.
« Les garçons sont juste là pour être avec de belles filles », « tu es un garçon qui fait du cheerleading, tu dois forcément être homosexuel ». Voilà le genre de remarques qui retentissent dans le milieu. Olivier Vigeant précise toutefois que les commentaires empreints de préjugés qu’il a souvent entendus ne venaient pas des membres de son équipe, mais plutôt de son entourage.
« Ça a été démotivant durant une certaine partie du secondaire, mais j’aimais ce sport, donc ça ne me dérangeait pas tant », poursuit celui qui pratique toujours le cheerleading et qui s’est rendu aux championnats du monde l’année dernière en Floride.
La force des hommes
Fervent gymnaste dans sa jeunesse, Jean-Michel Bourdages a pour sa part commencé le cheerleading en 2014 lorsqu’une amie l’a invité à un cours au club SpiriX Athletics à Montréal. « C’est sûr qu’un coach de cheerleading qui voit un garçon qui sait faire de la gymnastique, ça sonne des cloches. Il le veut dans son équipe », explique M. Bourdages.
Trouvant l’activité plaisante, il a poursuivi son parcours sportif au sein de ce club et y a fait ses premiers pas en cheerleading. Lorsqu’il s’est lancé dans ce sport, ses ami(e)s lui faisaient quelques commentaires sur un ton blagueur plutôt que malveillant. « Maintenant, quand je me présente et que je dis que je fais du cheerleading, je n’ai jamais de remarques désobligeantes », constate-t-il avec contentement.
« Quand tu fais ce que tu as envie de faire, l’opinion des autres importe peu. »
– Jean-Michel Bourdages
Aujourd’hui, Jean-Michel Bourdages en est à sa première année en tant qu’entraîneur de cheerleading pour les Citadins de l’UQAM et les Vikings du Collège de Maisonneuve. Il explique que la présence d’athlètes masculins au sein d’une équipe de cheerleading est normalement très appréciée, puisque leur force permet d’exécuter de plus grandes prouesses.
Il souligne toutefois que les hommes commencent souvent le cheerleading plus tard que leurs collègues féminines comme il s’agit d’un sport majoritairement associé aux femmes. À son avis, cela pourrait expliquer le décalage au niveau des habiletés qu’il constate lorsqu’un garçon rejoint pour la première fois une équipe de filles déjà expérimentées.
Davantage d’athlètes, autant de préjugés
Janie Lapierre, présidente d’Événements Kick’s, s’adonne au cheerleading depuis ses études collégiales, en 2000, et remarque « qu’il y avait moins de garçons [à l’époque], mais qu’il y avait aussi moins d’équipes ». Même si leur présence est plus importante aujourd’hui, la proportion d’hommes en cheerleading reste constante à travers les années. Selon Mme Lapierre, c’est plutôt le nombre d’athlètes dans cette discipline, tous sexes confondus, qui a augmenté.
Elle croit que les idées préconçues n’ont pas réellement changé depuis ses débuts dans le sport : « Je ne serais pas prête à dire que la perception des gens de l’extérieur est plus favorable qu’il y a 20 ans. Le sport est plus connu, mais les préjugés sont quand même assez stables. »
Mme Lapierre avance qu’il existe deux raisons pour lesquelles un garçon se joint à une équipe de cheerleading : « Ils vont suivre une fille ou ils entrent en groupe de garçons. » Toutefois, elle indique que ce ne sont pas ces motivations initiales qui les poussent à poursuivre au sein de la discipline.
Celle qui a aussi entraîné des équipes scolaires se souvient d’ailleurs de quelques adolescents du secondaire qui s’étaient présentés à l’une de ses séances d’entraînement et qui en étaient ressortis très impressionnés de la difficulté physique du sport.
« Dès que les garçons venaient [aux séances d’entraînement], regardaient ce que ceux de l’équipe faisaient et prenaient la peine d’essayer, les préjugés s’en allaient. »Selon Olivier Vigeant, qui est aussi étudiant en Techniques policières au Cégep de Trois-Rivières, il faut cesser de perpétuer les préjugés envers les garçons en cheerleading. Il insiste sur le fait que ce sport rassemble toutes sortes de personnes différentes. « Je connais des hommes de 50 ans qui font encore du cheerleading. »
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