Bonheur intérieur brut, la nouvelle série documentaire du cinéaste Hugo Latulippe, propose 10 épisodes qui promettent un voyage touchant dans les pratiques d’humain(e)s à la recherche du bonheur. Sans révolutionner le genre documentaire, la série brille par ses intervenant(e)s attachant(e)s et son optimisme inspirant.
La série se base sur le Rapport mondial sur le bonheur de l’ONU. En s’appuyant sur des récits de 69 participant(e)s provenant de 14 pays différents, chaque épisode se concentre sur un élément qui contribuerait supposément au bonheur collectif.
Proposer la recette complète du bonheur serait audacieux. L’objectif est plutôt de partager les « ingrédients » qui la composent, comme le répète Hugo Latulippe dans les épisodes.
Avec autant d’intervenant(e)s et de destinations, la productrice Evelyne Lafleur Guy souhaitait « couvrir le monde » et se détacher du « point de vue occidental » qui met de l’avant l’argent comme contributeur au bonheur.
D’abord approché par TV5 pour une série sur le bonheur individuel, le réalisateur avait refusé le projet. C’est à la suite d’un pèlerinage de deux mois au Japon qu’il est retourné vers le diffuseur avec une idée plus en phase avec lui-même. « Je leur ai proposé de faire ça sur le bonheur de la société et sur comment répartir le bonheur équitablement dans le monde », relate Hugo Latulippe.
S’éloigner des clichés
Les deuxième et troisième épisodes portent respectivement sur la richesse et sur la santé mentale. Le réalisateur réussit à explorer ces thèmes de manière inusitée.
Par exemple, il analyse les retombées d’Ørsted, une entreprise danoise du secteur des énergies renouvelables, pour démontrer que la richesse peut cohabiter avec l’environnement. Sa démarche montre aussi le bonheur réel que procure la fierté liée à l’emploi. Pour aborder la santé mentale, il emprunte un chemin qu’il connaît bien : la méditation. Au lieu de s’en tenir à des témoignages de leaders spirituel(le)s, il fait également appel à des scientifiques pour démontrer les vertus de la pratique.
Les intervenant(e)s portent, par leur renommée, les épisodes. La première ministre de l’Islande, Katrín Jakobsdóttir, et l’économiste britannique Richard Layard y figurent. Malgré le fait qu’ils et qu’elles soient des sommités dans leurs domaines respectifs, c’est leur humanité qui touche particulièrement. « Ça demeure des grands sages, des personnes de tous les jours », mentionne Hugo Latulippe.
Dans chaque épisode, les concepts scientifiques et philosophiques se concrétisent dans le rire des personnages. Il est possible d’imaginer que Jeong Kwan, une moniale bouddhiste coréenne, est heureuse grâce à son mode de vie sain, mais c’est lorsqu’on la voit rire sans retenue qu’on en devient convaincu.
À travers la série, une grande place est laissée à la nature en général, mais surtout à celle du Québec. L’épisode sur la richesse commence avec de magnifiques plans captés en bateau sur le Saint-Laurent. Le réalisateur ne cache pas son amour des grands espaces; au contraire, ceux-ci font « partie de l’ADN de la série ».
Des étincelles du côté technique
Malgré une identité visuelle et sonore plutôt générique, qui ne réinvente pas la roue, certains aspects techniques réussissent toutefois à faire briller la série, d’une qualité indéniable.
Le travail de la lumière est particulièrement digne de mention. Que ce soit dans des plans de levés et de couchers de soleil ou lorsque des rayons brillants passent au travers des arbres, un réel effort d’utiliser la lumière naturelle se ressent dans la majorité des prises de vue. De plus, les plans de drones, autant en nature qu’en ville, viennent sublimer les épisodes tout en offrant du contexte sur la localisation.
La musique appuie à merveille les propos de Bonheur intérieur brut, offrant une trame sonore tantôt douce, tantôt entraînante, à cette leçon de positivisme. Celle-ci était d’ailleurs le principal élément sur les lèvres du public après le visionnement. Comme de fait, le premier épisode est consacré aux nombreux bienfaits du quatrième art.
Enfin, c’est surtout dans les choix invisibles que les valeurs de la production brillent. En effet, puisque le réalisateur et la productrice habitent dans le Bas-Saint-Laurent, c’était pour eux une priorité que l’équipe provienne de la région et que la technique s’y fasse à 100%. L’équipe s’est aussi alliée avec la coopérative Arbre-Évolution de Kamouraska pour rendre cette aventure carboneutre. L’objectif était d’en faire un produit local, malgré les diverses origines des intervenant(e)s.
Hugo Latulippe « souhaite que les gens qui voient la série aient envie de se transformer », comme il a lui-même été transformé par le périple.
La série documentaire Bonheur intérieur brut est diffusée les mardis à 20 heures sur TV5 à partir du 30 janvier et est disponible en ligne sur TV5Unis.
Photos fournies par la production.
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