La sourde oreille du gouvernement Legault à l’égard de leur profession n’empêche pas les enseignants et les enseignantes du Québec d’envisager un avenir meilleur. Écoutons-les.
« Quand je vois tous ces jeunes qui entrent à l’université en programme d’enseignement, ça m’encourage beaucoup », me confie, émue, la chercheuse régulière au Centre de recherche interuniversitaire sur la formation et la profession enseignante (CRIFPE) Geneviève Sirois. Et lorsque je repense à ses propos, je réalise que ce ne sont pas les échos de la profession que nous nous sommes habitué(e)s à entendre.
Cette passion de transmettre, celle qui dicte le cœur des enseignants et des enseignantes expérimenté(e)s ou encore novices, est encore vive. L’essence de leur volonté ? Le désir de faire une différence dans la vie de leurs élèves, les aider à s’épanouir et à en faire les citoyens et les citoyennes de demain.
Mon père me dit souvent que les personnes qui réussissent à faire de leur passion leur métier peuvent tout surmonter, et je ne peux m’empêcher de croire que c’est grâce à cette passion que la profession enseignante est capable de tout.
Je vous suggère alors à tous et à toutes d’écouter ce que ces professeur(e)s ont à nous dire. Qui pourrait mieux faire savoir quels sont leurs besoins, leurs difficultés et leurs réussites ? Qui d’autre pourrait prétendre témoigner des réalités de cette profession si importante ?
« Écouter seulement ce que l’on souhaite entendre » est la maxime préférée du gouvernement québécois lorsqu’il s’agit de se pencher sur la question de la profession enseignante. Il est aisé de proposer des solutions qui ne règlent que la surface du problème. « Il y a un décalage entre les subventions politiques et ce qu’il faut mettre en place pour la profession », rapporte Mme Sirois.
Comme il appliquerait un fin pansement sur une plaie ouverte, le gouvernement préfère ouvrir la porte de la profession à des personnes non qualifiées plutôt que de s’attaquer aux conditions d’enseignement déplorables subies par ceux et celles qui ont étudié plusieurs années pour pouvoir prétendre au statut d’enseignant et d’enseignante. « Ils [les enseignants et enseignantes] ne sont pas prêts à laisser entrer n’importe qui dans la profession », affirme Mme Sirois.
Les grands médias s’appliquent eux aussi à exposer la profession enseignante sous son plus mauvais jour. Ne nous méprenons pas, il est normal de devoir parler de ce qui ne fonctionne pas. Mais il est aussi du devoir des journalistes d’écouter ceux et celles que l’on n’entend pas. Ceux et celles qui, pourtant au cœur du débat, ne sont pas écouté(e)s. Ceux et celles qui, rappelons-le, éduquent aujourd’hui les nouvelles générations.
Aujourd’hui, les enseignants et les enseignantes peuvent malgré tout compter sur l’écoute de leurs syndicats. Ils et elles peuvent aussi compter sur des parents encore soucieux d’offrir à leurs enfants une éducation de qualité, une formation qui leur permettra d’évoluer dans la société en développant leur plein potentiel. Ils et elles peuvent compter sur la solidarité qui unit les membres de la profession.
Il est plus que temps de cesser de voir les enseignants et les enseignantes comme des personnes qui se plaignent tout en profitant de deux mois de congés payés par an. Par pitié, ne soyons pas stupides et ouvrons les yeux.
La profession a besoin de sortir de ce cercle vicieux et d’arrêter de voir ses jeunes recrues quitter le navire dès les premières années à cause des difficultés qu’ils et elles rencontrent dans les salles de classe.
Mais pour y arriver, il est nécessaire d’aller à leur rencontre, de connaître leurs réalités, de comprendre qu’eux et elles seul(e)s peuvent faire savoir de quelle manière il faut leur venir en aide. Si le gouvernement n’est pas encore enclin à assumer ce rôle, nous pouvons et devons le faire en tant que citoyens et citoyennes.
Pour ces enseignants et enseignantes qui, tous les jours, se battent pour nos enfants, tendons l’oreille. Écoutons ce qu’ils et elles ont à nous apprendre.
Mention illustration : Chloé Rondeau
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