El Rostro de la medusa : Le visage comme identité

Les yeux, le nez, la bouche : des caractéristiques qui nous sont propres et qui permettent de nous distinguer des autres. Mais si votre figure changeait subitement, seriez-vous toujours la même personne ? C’est la question que pose le film El Rostro de la medusa, de Melisa Liebenthal, présenté en compétition internationale au Festival du Nouveau Cinéma (FNC). 

Du jour au lendemain, Marina, une femme à l’aube de la trentaine, se réveille avec un visage qui n’est pas le sien. Les médecins ne comprennent pas ce qui lui arrive. Ce changement soudain perturbe tous les aspects de la vie de la protagoniste.

Arborant un nouveau faciès qu’elle n’a jamais eu, Marina se demande comment savoir si elle est la même que sur ses anciennes photos, comment savoir si cette figure est la sienne et d’où vient cette nouvelle apparence. L’héroïne ne sait plus si elle doit rester la même ou si elle doit s’inventer une nouvelle identité.

Le visage au cœur de l’identité

Avec humour et esprit, la réalisatrice Melisa Liebenthal propose une réflexion passionnante sur le visage, qui n’est en fait qu’une image, « comme marqueur impératif d’identité ». « C’est une construction et il ne faut pas accorder autant de poids à ces visions et à ces images [dans notre société] », affirme Melisa Liebenthal. 

Ce film soulève des questions intéressantes : peut-on avoir une identité sans visage, où réside notre singularité ? 

Dans l’une des scènes, Marina efface ses anciennes photos des réseaux sociaux pour en publier des nouvelles affichant son nouveau faciès. « C’est une manière un peu naïve du personnage de s’approprier son nouveau visage », explique la réalisatrice. 

Dans ce plan, Melisa Liebenthal dénonce également le rôle des réseaux sociaux dans l’importance accordée aux images . « Les réseaux sociaux accentuent ce phénomène d’images […] à travers [lesquelles] on se définit », avance-t-elle. 

Le visage des animaux

L’intrigue du film est entrecoupée de scènes documentaires d’interactions entre  humains et animaux dans des zoos et des aquariums. La réalisatrice explique avoir tourné ces plans en voyageant dans le monde. « J’ai remarqué que les personnes avaient comme un désir presque désespéré de [croiser] le regard des animaux », indique-t-elle. 

Dans les zoos et les aquariums, il y a des animaux qui ont une identité, comme les ours et les dauphins, et d’autres qui n’en ont pas, comme la plupart des espèces aquatiques, les petits reptiles et les oiseaux, explique la réalisatrice. 

Dans cette hiérarchie de recherche de l’identité, la méduse est tout en bas, amorphe, identique à ses semblables, sans regard et sans visage. On se pose donc la question : la méduse, ou bien la nouvelle tête de Marina, peut-elle avoir une identité ?

Mêlant fiction et documentaire, le film s’articule autour d’images filmées et d’animation en 2D. « C’était un gros travail de montage […] pour équilibrer ces deux ou trois formats », explique-t-elle. Le film relève le défi de jongler avec une esthétique particulière tout au long de l’œuvre. 

Les va-et-vient entre la fiction et l’animation 2D créent une certaine anticipation pour la suite de l’histoire. La fiction prend de la place et attire l’attention du public. Les pauses créées par les images aux zoos sont bien équilibrées et attisent la curiosité des spectateurs et des spectatrices sur la suite de l’intrigue.

La scénariste explique qu’il est dorénavant temps de ne plus accorder autant d’importance à son visage. Elle encourage les gens à se questionner : « Qui es-tu comme personne ? Qui veux-tu être ? Qu’est-ce que tu veux faire ? », et ce, au-delà de l’apparence physique. 

Mention photo : El Rostro de la medusa

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