Une vague de dénonciations qui fait bouger les choses

Les intégrations du baccalauréat en enseignement secondaire de l’UQAM ont été frappées par une vague d’allégations publiées sur la page Instagram « uqam.confessions ». Les associations étudiantes touchées se disent « inquiètes de la situation » et travaillent à mettre en place des solutions concrètes, comme des formations obligatoires, pour les prochaines années. 

À l’occasion des intégrations de la semaine du 4 septembre, des activités ludiques ont été organisées sur plusieurs jours. Alors que cet événement avait pour but de rassembler la nouvelle cohorte de futur(e)s enseignants et enseignantes au secondaire, une étudiante présente lors des intégrations s’est confiée au Montréal Campus. « J’ai décidé de partir parce que je n’avais plus de plaisir », relate-t-elle.

L’étudiante explique qu’une fois que ses limites personnelles concernant la pression à consommer de l’alcool ont été franchies, elle a voulu partager son inconfort avec ses intégrateurs et intégratrices : « Je ne me suis pas sentie écoutée, au contraire ». Elle a donc pris la décision de quitter les activités par elle-même. 

L’expérience de cette étudiante n’est pas un cas isolé. D’autres personnes se sont tournées vers la page Instagram « uqam.confessions » pour dénoncer des situations similaires survenues lors des initiations du baccalauréat en enseignement secondaire. Plusieurs dénoncent le manque d’écoute du comité organisateur. « Un des initiateurs était vraiment déplacé envers moi. Je l’ai dit à un des organisateurs et on ne m’a pas cru », écrit un internaute anonyme. 

Félix-Jazz Daoust, responsable aux affaires universitaires de l’Association des étudiantes et étudiants de la Faculté des sciences de l’Éducation de l’UQAM (ADEESE), comprend que les dénonciations se soient faites sur les réseaux sociaux. « Les personnes ont utilisé les ressources qu’on leur avait offertes, soit les responsables du senti [des personnes-ressources en cas de problématique]. Les responsables ont choisi de ne pas intervenir, alors je comprends que les dénonciations se soient faites sur la tribune accessible », témoigne-t-il.

Selon les règles de l’ADEESE, qui chapeautait l’évènement, des « responsables du senti », souvent connus sous le nom « anges », doivent obligatoirement être présent(e)s lors des activités organisées pour leurs membres. Ces personnes sont idéalement neutres et extérieures à l’association étudiante. 

Pas de formation uniforme et obligatoire

« Ce n’est pas tous les intégrateurs et intégratrices qui ont suivi une formation », révèle Nathan Lepage, responsable à la coordination de l’Association modulaire étudiante du baccalauréat en enseignement secondaire de l’UQAM (AMÉBES). Au début de l’été, une invitation a été envoyée aux membres de l’AMÉBES afin de leur offrir l’opportunité d’être intégrateurs ou intégratrices pour l’automne 2023. Le courriel offrait aussi une formation, sur base volontaire, afin de se préparer à la semaine.

« Je dirais que 30 personnes sur 40 ont suivi la formation », estime le membre de l’exécutif de l’AMÉBES. Aucune formation n’était exigée afin de participer à l’évènement, ni en tant qu’intégrateur et intégratrice, ni en tant que « responsable du senti ».

Cette année, le recrutement de ces « responsables du senti » a été particulièrement difficile. Nathan Lepage confirme que la garde a été assurée par l’un des membres du comité organisateur. « Ce n’était pas tous des [gens] externes, non », continue-t-il.

Peu de règlements encadrent la « garde du senti », une pratique assez nouvelle à l’UQAM.

Une réaction immédiate  

Le 12 septembre, deux jours après la première dénonciation en ligne, l’ADEESE a réagi sur les réseaux sociaux. « On est méga désolé et déçu de savoir que de tels abus ont eu lieu », a-t-elle publié sur sa page Facebook. Pour l’association, il était important de donner rapidement les bonnes ressources aux personnes concernées. « Le BIPH [Bureau d’intervention et de prévention en matière de harcèlement] est un endroit où un suivi sensible peut se faire à l’UQAM », explique l’association sur les réseaux sociaux.

La réaction de l’AMÉBES a été plus discrète. « On a envoyé un courriel, surtout pour pouvoir régler les situations directement avec les personnes concernées, et pour ne pas faire peur à des étudiants ou étudiantes qui voudraient venir étudier à l’UQAM dans le futur », explique Nathan Lepage.

Un vent de changement

Félix-Jazz Daoust explique que les événements ont permis de motiver les membres des différents comités exécutifs à passer à l’acte. « Il y a beaucoup d’associations modulaires qui veulent changer leurs règlements généraux pour inclure une politique contre le harcèlement », rapporte-t-il.

Du côté de l’ADEESE, un plus gros projet se prépare. « Les événements qui sont survenus nous ont motivés à rencontrer le BIPH et le service à la vie étudiante pour parler de la création d’une formation qui encadrerait la garde du senti », se réjouit Félix-Jazz Daoust. « C’est à venir dans les prochaines semaines », conclut-il.

Mention photo : Élizabeth Martineau

Commentaires

Une réponse à “Une vague de dénonciations qui fait bouger les choses”

  1. Avatar de Paul Émile Lecavalier
    Paul Émile Lecavalier

    Ériger le senti en norme de conduite ou d’évaluation éthique ne risque-t-il pas de mener à d’importantes dérives puisque il est difficile, impossible ?, d’éviter la nécessaire subjectivité qu’une telle posture imposerait ?
    Merci de m’aider dans ma réflexion.
    Bonne semaine

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