Replonger dans le monde de « Gaz Bar Blues », 20 ans plus tard

Il y a 20 ans, le film Gaz Bar Blues immergeait le public québécois dans l’univers d’un propriétaire de station-service à Limoilou qui tente, tant bien que mal, de gérer sa relation complexe avec ses enfants. Une adaptation théâtrale, résolument nostalgique, est maintenant présentée au théâtre Jean-Duceppe à Montréal. 

Sur une scène éclairée par le néon rouge de la station-service Gaz Bar, les comédiens et les comédiennes inaugurent cette pièce de théâtre qui fait passer le public par toutes les émotions. 

L’adaptation théâtrale du film, écrite par David Laurin et mise en scène par Édith Patenaude, aborde des sujets touchant un large auditoire. Les personnes vivant dans une famille monoparentale, possédant une petite compagnie familiale et dont les rêves ne se réalisent pas comme elles le souhaitent peuvent se sentir interpellées par l’histoire.

Le récit met en lumière une famille monoparentale de la classe moyenne. Le père, que tout le monde surnomme « Boss », est le personnage principal, interprété par Martin Drainville.

La famille tente de survivre à divers événements tels que la fuite d’un fils à Berlin, la maladie de Parkinson du père qui ne fait que s’empirer, ou encore des visites d’inspecteurs qui ne se déroulent pas bien. Frédéric Lemay joue l’enfant aîné trop protecteur de la famille. Steven Lee Potvin incarne le deuxième fils qui se trouve toujours dans les bars des quatre coins du Québec pour jouer de l’harmonica avec son groupe de musique. Le personnage de Danielle, fille du « Boss » et passionnée de mécanique, est interprété par Miryam Amrouche. Ce mélange de personnalités opposées crée parfois des flammèches.

C’est sans doute le personnage du père qui donne le plus les larmes aux yeux. Étant victime de nombreux vols à main armée dans sa station-service, il est prisonnier de son propre commerce. 

Tout au long du spectacle, le public s’attache aux petites manies, aux passions et aux rêves des personnages. Un monsieur qui veut toujours lire son journal, un inspecteur joué à la Charlie Chaplin et un « mononcle » qui propose des cigarettes à la fille du personnage principal en sont des exemples. Leurs personnalités incompatibles s’assemblent d’une manière comique.

Des mélodies à caractère nostalgique

La musique est un élément très fort de Gaz Bar Blues. La trame sonore du long-métrage éponyme de Louis Bélanger, avait été produite par le frère du réalisateur, Guy Bélanger, ce qui ajoutait à l’aspect familial du récit, inspiré de la vie du père des deux frères. 

Dans la pièce de David Laurin, ce sont les comédiens et les comédiennes qui s’occupent de produire la musique et le bruitage sur la scène. Cela ajoute une touche originale à caractère humoristique. Par exemple, tous les mouvements de l’inspecteur aux airs de Charlie Chaplin sont accompagnés de bruitage. Ces effets sonores amplifient l’absurdité qu’incarne ce personnage.  

On y retrouve de tout : saxophone, piano, guitare, batterie, et même un harmonica. Grâce au mariage de ces instruments, la trame sonore fait écho au groupe québécois des années 90 Les Colocs.

Un voyage temporel charmeur

Pour ce qui est de la scénographie, elle est simple, mais ingénieuse. Avec un décor qui fait penser à la maison d’une grand-mère et des costumes tout droit sortis d’une friperie rétro, Gaz Bar Blues peut réussir à charmer les adeptes des années 90.

Les comédiens et les comédiennes ont été ému(e)s par l’accueil des spectateurs et des spectatrices. « Je me fie aux applaudissements et ça a duré vraiment longtemps. Ça m’a fait pleurer… », confie au Montréal Campus Miryam Amrouche, interprète de Danielle, qui était visiblement touchée après la représentation.

Gaz Bar Blues propose un retour en arrière de deux heures. Après 23 représentations au théâtre Jean-Duceppe jusqu’au 18 février prochain, l’équipe partira à Québec, puis en tournée dans toute la province jusqu’au mois d’août. C’est un rendez-vous à ne pas manquer pour tous et toutes les adeptes ou les moins habitué(e)s de théâtre.

Mention photos : Danny Taillon

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