De nombreux étudiants et étudiantes se languissent du moment où ils et elles pourront retourner étudier à la bibliothèque ou dans des cafés, endroits qui leur permettent de rester concentré(e)s tout en socialisant. Pour recréer ces ambiances propices à l’étude, des étudiants et des étudiantes réinventent leur façon de travailler en utilisant des plateformes en ligne.
Le phénomène des plateformes d’études en ligne a explosé depuis le début de la pandémie. Certains dispositifs, comme Discord, existaient déjà mais dans les derniers mois, de nouvelles plateformes comme StudyStream ont vu le jour.
Lancée en novembre 2020 par un groupe d’étudiants et d’étudiantes de l’Université d’Oxford, StudyStream regroupe différents liens Zoom selon les niveaux scolaires – du secondaire aux études universitaires. Les participants et les participantes accèdent à des salons où seules les caméras peuvent être activées. Le fil de discussion et les micros sont désactivés, comme pour recréer une ambiance de salle d’étude avec des étudiants et des étudiantes des quatre coins du monde.
L’étudiante en communication à l’Université de Groningue aux Pays-Bas, Sabina Moulder, utilise la plateforme StudyStream. « Avant la pandémie j’allais souvent étudier à la bibliothèque. Avec la pandémie, [je me] sens vraiment seule et StudyStream [me] permet de rencontrer de nouvelles personnes et d’appartenir à une communauté qui vit la même situation que moi », témoigne-t-elle. Une autre utilisatrice, Magdalena Lech, étudiante en médecine à l’Université de Southampton en Angleterre, raconte que « avant, [elle] étudiait seule avec [son] ordinateur mais maintenant avec l’isolement causé par la pandémie, [elle] trouve que ces séances d’étude en ligne [lui] apportent beaucoup et [cela la] motive de voir d’autres personnes étudier ».
Selon la psychologue Maëva Vergoz, ces plateformes représentent « une alternative nécessaire au manque de présentiel. Il y a quelque chose d’extrêmement motivant à travailler en groupe et le virtuel est un palliatif intéressant ». Pour le professeur associé au Département de didactiques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) Christian Bégin, ces nouvelles façons d’étudier résultent d’un besoin motivation en cette période compliquée : « ces plateformes demeurent un moment de contact et peuvent avoir l’effet de créer un espace-temps dans lequel on se met à nos tâches en même temps que d’autres personnes que l’on ne connaît pas. »
Briser l’isolement
Des étudiants et étudiantes organisent également des séances Zoom pour briser l’isolement et garder des liens avec leurs amis et leurs amies, sans passer par les plateformes populaires d’études en ligne. Isïa Arcangeletti, influenceuse et étudiante au baccalauréat en administration des affaires au HEC Montréal, a organisé quelques séances d’étude avec sa communauté numérique. « Je suis étudiante avant d’être influenceuse et la majorité des personnes qui me suivent sont étudiantes », explique-t-elle.
La jeune femme a pu constater que beaucoup d’étudiants et d’étudiantes manquent cruellement de contact. Il est arrivé que des personnes lui envoient des messages privés après les séances Zoom pour la remercier et discuter un peu afin de se changer les idées. « Parfois, échanger quelques mots peut faire toute la différence », affirme-t-elle. Cependant même si ces plateformes permettent de briser l’isolement, elles ne remplaceront pas le présentiel. Selon Maëva Vergoz, « il y a quelque chose de spécial dans le présentiel que l’on ne retrouve pas vraiment dans le virtuel. Une sorte d’alchimie du vivant qu’on n’a pas encore réussi à retranscrire virtuellement ».
L’étudiant en relations internationales et droit international de l’UQAM Philippe Granger utilise comme beaucoup d’autres ces plateformes pour garder un minimum de contact. « Ces séances d’étude Zoom me permettent de me changer les idées. Avant la pandémie, j’aimais travailler avec ma musique et mes amis proches. Parfois, j’étudie avec StudyStream puis je prends des pauses où j’appelle mes amis pour discuter un petit peu, ce qui ne change pas de ce que je faisais avant la pandémie ».
Les experts et expertes interrogé(e)s par le Montréal Campus s’entendent tous et toutes pour dire que ces plateformes pourraient perdurer après la pandémie. Haïfa Guessoum, psychologue clinicienne, est de cet avis : « l’usage de ces plateformes pourra être complémentaire des temps de travail entre étudiants. Cela pourrait également permettre aux étudiants de plusieurs universités du monde entier d’étudier ensemble. Il ne s’agira plus de rompre le manque de socialisation mais de créer une nouvelle socialisation à l’ère du numérique. »
Mention photo Archives | Montréal Campus
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