Un toit et puis quatre murs

Depuis les dernières semaines, je fouille quotidiennement les annonces de logements à louer sur Marketplace, en prévision du 1er juillet. Comme beaucoup d’étudiants et d’étudiantes universitaires, je cherche la perle rare : un appartement bien situé, près d’un métro, dans un beau quartier et surtout, qui ne me coûtera pas un bras tous les mois. Mais plutôt que de trouver des trésors cachés, je découvre des appartements au loyer beaucoup trop élevé, surtout pour un budget étudiant. 

Le mois dernier, une jeune femme a mis en vente un joli 4 ½ près du Stade olympique à 1 050 $ par mois. Après avoir reçu pas moins de 200 demandes de potentiels locataires intéressé(e)s, elle a augmenté le loyer de 200 $. Si cette situation est décevante pour les futur(e)s locataires qui ne peuvent dorénavant plus se permettre d’acquérir un logement à ce prix, elle illustre surtout le besoin criant de logements abordables à Montréal. 

En 2019, les pancartes à louer étaient discrètes sur les quelques balcons d’appartements de la métropole. Le taux d’inoccupation des logements était de 1,5 %, le taux le plus bas en 15 ans. L’année dernière, la pandémie a modifié le paysage locatif montréalais. L’absence de cours universitaires en présentiel et le moins grand nombre d’étudiants et d’étudiantes de l’international venu(e)s s’installer à Montréal ont fait bondir le taux d’inoccupation à 2,7 % en 2020, selon les chiffres de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), qui produit chaque année un rapport sur l’état du marché locatif canadien. 

Trouver un logement pour des étudiants qui ont un petit budget à Montréal devrait donc être plus facile. Pourtant, ce ne l’est pas. Toujours selon les résultats de l’enquête de la SCHL, le prix moyen des loyers a augmenté de 4,2 %. C’est la hausse la plus importante depuis 2003. 

À l’Université du Québec à Montréal, à la session de l’automne dernier, nous étions 23 000 étudiants et étudiantes à suivre nos cours à temps plein. Avec les travaux à faire en dehors des heures de cours, les périodes d’études en vue d’examens et les stages non-rémunérés que beaucoup d’entre nous doivent réaliser qui occupent notre horaire quelques jours par semaine, ça ne laisse pas beaucoup de temps pour travailler. Un emploi dans un café ou dans un restaurant 15 heures par semaine, ce n’est pas suffisant pour louer un appartement qui coûte 1 500 $ par mois, ni 1 000$, ni même 800 $.   

« Autant au niveau des enjeux socio qu’économiques, c’est important de répondre au besoin des étudiants. Souvent, ils n’ont pas les moyens de se payer un logement dans les grands centres », disait le responsable de l’habitation à la Ville de Montréal, Robert Beaudry au journal Métro. Ça serait difficile d’être en désaccord avec lui.

En ajoutant aux étudiants et aux étudiantes de l’UQAM ceux et celles de l’Université de Montréal, de McGill et de Concordia, ce sont 100 000 locataires universitaires qui habitent sur l’île de Montréal en septembre 2020. Le bassin étudiant à la recherche d’un logement est grand. Même trop grand. Nous cherchons tous et toutes le même type de logement, dans une gamme de prix similaire. 

Normal que nous nous battions auprès des propriétaires pour mettre la main sur les appartements acceptables dans notre budget. 

Au mois de septembre de l’an dernier, quelque 140 chanceux et chanceuses ont emménagé dans le premier logement étudiant coopératif de Montréal. Grâce à ce projet, développé par l’Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant (UTILE), ces étudiants et ces étudiantes économisent tous les mois 15 à 25% du prix du loyer qu’ils et elles paieraient sur le marché privé. Victime de son succès, l’UTILE a loué 99 % de ses unités en l’espace de quelques jours. 

Un autre projet du genre est en cours à Montréal. La construction devrait être complétée en 2022. L’immeuble pourra accueillir des étudiants et des étudiantes dans ses 122 unités. 

« En ce moment, le besoin de logement abordable est tellement énorme chez les étudiants. On pourrait en faire dix fois plus encore », expliquait au journal Métro le coordonateur général de l’UTILE, Laurent Levesque. 

Non seulement il en faudra dix fois plus, mais les logements devront arriver rapidement, parce qu’actuellement, se loger à Montréal avec un budget étudiant, c’est presque une mission impossible. 

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