L’UQAM parraine une déclaration internationale en communication

Avec la pandémie de la COVID-19 et les changements climatiques, la désinformation occupe une place de plus en plus inquiétante. Face à cette situation, le réseau international des chaires UNESCO en communication (ORBICOM), fondé à l’UQAM, a lancé, le 19 janvier dernier, la Déclaration internationale des membres de la communauté professionnelle et scientifique en communication pour un monde plus sain, viable, meilleur.

La pandémie est venue exacerber les inégalités économiques et sociales. La communication n’y échappe pas. « Des territoires entiers sont aux prises avec des moyens insuffisants pour informer, protéger et sécuriser leurs populations […] », lit-on sur le site internet de la Déclaration. Devant l’ampleur de la crise sanitaire et climatique, Thierry Libaert, conseiller au Comité économique et social européen, et Solange Tremblay, auparavant professeure au Département de communication sociale et publique de l’UQAM et maintenant présidente du Groupe DURABILITÉ|COMMUNICATION, ont donc réfléchi à une manière de mobiliser et de solidariser les professionnel.le.s de la communication. 

L’idée d’une déclaration naît. Ces derniers voulaient que ce soit plus efficace qu’un simple livre. Par la Déclaration internationale des membres de la communauté professionnelle et scientifique en communication pour un monde plus sain, viable, meilleur, ils invitent tous spécialistes, chercheurs et chercheuses à s’engager publiquement à mettre à contribution leur expertise afin de rassembler les sociétés autour de valeurs plus saines. « [La Déclaration] vise tous les gens qui gravitent autour de la communication pour faire avancer les choses et apporter notre contribution communicationnelle à la résolution d’un ensemble de crises, dont la crise climatique, la crise sanitaire et plus largement la crise liée au métier de l’information », explique Oumar Kane, secrétaire général du ORBICOM.

M. Libaert indique que la Déclaration interpelle aussi les communicateurs et communicatrices à se pencher sur leurs responsabilités, notamment sur leur rôle par rapport aux changements climatiques. « [Avec] le dérèglement climatique, il n’y a pas de vaccins ou de gestes barrières contre lui. Nous, communicants, c’est le moment où il faut réfléchir à nos activités », souligne-t-il.

Des signataires aux quatre coins du monde 

Le réseau des chaires UNESCO en communication, abrité par l’UQAM, constitue le porte-étendard de la Déclaration afin d’en assurer une large diffusion. Avec 36 chaires et 200 membres associés dans 27 pays sur tous les continents du globe, ORBICOM en était donc le véhicule le plus efficace pour les auteurs et les autrices. Traduite en six langues, soit le français, l’anglais, l’espagnol, l’italien, le portugais et l’allemand, la Déclaration vise à rejoindre le plus grand nombre de professionnel.le.s de la communication. 

Oumar Kane fait toutefois la différence entre pétition et déclaration. Le but est de rallier des groupes ayant une puissance de mobilisation et non des individus. En la partageant à travers les réseaux des organisations signataires, M. Kane espère qu’elle permettra d’établir de nouveaux ponts et des collaborations à long terme entre des groupes qui ne se seraient autrement pas parlé. « La Déclaration pourra être le cadre général sur lequel s’appuyer pour mener des actions concrètes sur le terrain », précise-t-il. 

Depuis son lancement à la mi-janvier, la Déclaration est endossée par des associations en Turquie, en France, en République démocratique du Congo, en Uruguay, au Bangladesh, au Brésil, en Tunisie, et dans plusieurs autres pays. 

L’effet de la désinformation

Le message de la Déclaration a des échos jusqu’au Brésil. Plusieurs organisations locales l’ont signé. L’une d’elles est le Réseau national de lutte contre la désinformation (RNCD), créé en septembre 2020 en réponse à la gestion de la crise sanitaire et climatique par le président Jair Bolsonaro.

Sa fondatrice, Ana Regina Rêgo, journaliste et présidente de la Fédération brésilienne des associations scientifiques et académiques de la Communication (Socicom), tente de sensibiliser la population aux fausses nouvelles, entre autres sur les mesures de prévention de la transmission de la COVID-19, largement diffusées par son président. « En ce moment au Brésil, il y a un négationnisme. Personne ne croit qu’il y a des fake news et de la désinformation, d’où la pertinence de signer cette déclaration pour valoriser le travail des journalistes », témoigne-t-elle. Mme Rêgo souhaite qu’en travaillant en collaboration avec d’autres organisations, en Amérique du Sud et dans le reste du monde, le débat avance suffisamment pour que les médias soient mieux reconnus et que, par le fait même, le plus de vies soient sauvées. 

Mention photo : Camille Cusset

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