Une adaptation rapide pour les futur(e)s enseignants et enseignantes

Au début de sa journée de suppléance dans une école secondaire, Frédéric Sylvestre apprend que ce sont désormais les professeur(e)s qui changent de classe, entre les cours, plutôt que les élèves. Il ne connaît pas cette école, mais doit trouver son chemin à l’intérieur des quelques minutes allouées à sa pause. Depuis la crise sanitaire, ces ajustements quotidiens sont la réalité d’un grand nombre d’universitaires qui souhaitent avoir un avant-goût de leur métier en faisant de la suppléance.

Malgré les nombreux changements occasionnés par la pandémie de COVID-19, plusieurs étudiants et étudiantes en enseignement de l’UQAM choisissent tout de même de commencer leur intégration professionnelle. « Au début, j’avais une petite crainte, affirme Frédéric Sylvestre, étudiant au baccalauréat en enseignement de l’univers social et des sciences humaines, en parlant du risque de propagation du virus, mais ce n’était pas une crainte assez grande pour me dire [que] je n’allais pas faire de suppléance », ajoute-t-il.

Le Centre de services scolaire de Montréal a observé une augmentation de ses besoins, en raison du personnel absent dû à la COVID-19, ce qui a créé des opportunités pour les universitaires voulant faire de la suppléance. Au Centre de services scolaire Marguerite Bourgeoys, ce sont entre 250 et 275 suppléants ou suppléantes qui sont appelé(e)s en renfort quotidiennement. 

Déjà plongé(e)s dans une situation inconnue, ces universitaires pratiquant la suppléance vivent un stress supplémentaire dû aux nombreux protocoles de sécurité, qui peuvent différer d’une école à l’autre. Selon Mégane Coydon-Dubuc, étudiante en enseignement des arts visuels et médiatiques, l’encadrement de ceux et celles faisant de la suppléance n’était pas toujours suffisant avant la pandémie. Il est d’autant plus important en ce moment avec les nouvelles procédures. La future enseignante dénote que les suppléants et suppléantes se débrouillent généralement seul(e)s en arrivant dans les écoles. 

En plus d’être dans un environnement nouveau, les futur(e)s enseignants et enseignantes établissent un premier lien avec des élèves qu’ils et elles ne connaissent pas. Cela se fait moins aisément avec le port du masque et de l’équipement de protection, explique la jeune femme. C’est aussi ce que pense l’étudiant au baccalauréat d’intervention en activité physique, Antoine Massenavette. « C’est un peu plus [difficile] de s’exprimer aux élèves et de [les] saisir », explique-t-il. Il ajoute que la communication à l’aide d’expressions faciales est importante pour les suppléants et suppléantes, puisqu’ils et elles n’ont pas nécessairement de lien d’appartenance avec les élèves.

Des matières « non essentielles »

La suppléance pour certaines matières, telles que les arts, l’éducation physique et la musique, peut s’avérer plus complexe. L’enseignement en ligne implique que chaque élève possède le matériel nécessaire, ce qui n’est pas toujours le cas. Par exemple, ce ne sont pas toutes les familles qui possèdent des instruments de musique ou le nécessaire pour peinturer à la maison. Les personnes faisant de la suppléance doivent donc faire preuve de créativité lors de la planification de leurs activités. « C’est difficile d’offrir le même environnement [éducatif à la maison qu’à l’école] », exprime Antoine Massenavette.

Ce n’est pas plus facile en présentiel, où les enseignants et les enseignantes d’éducation physique doivent s’assurer d’avoir assez de temps pour désinfecter leur matériel entre les groupes ou prévoir assez d’équipement différent pour chaque classe. Ce sont aussi ces matières qui tombent le plus souvent dans l’oubli, selon Mégane Coydon-Dubuc. « Il faut tout le temps justifier notre matière », déplore-t-elle. Elle ajoute qu’en contexte de pandémie, la perception de ces cours comme étant non essentiels est encore plus flagrante.

De nouvelles opportunités à l’horizon

La crise sanitaire a également créé certaines opportunités au sein des organisations scolaires. Malgré les difficultés, le directeur adjoint du Service des ressources humaines au Centre de services scolaire Marguerite Bourgeoys, Dany Tremblay, se réjouit de l’inauguration de leur service Environnement Numérique d’Apprentissage (ENA). Cette école virtuelle, créée pour les élèves qui ne peuvent pas assister aux cours en présentiel, offre aux individus qui désirent faire de la suppléance, mais qui ne souhaitent pas être en contact direct avec les élèves, l’opportunité d’enseigner à distance. 

C’est une possibilité qui s’offrira également par l’entremise du nouveau programme de tutorat, créé par le ministre de l’Éducation Jean-François Roberge et offert sur la plateforme « Répondez présent ». Ce programme permettra, dès la fin janvier, à tous les étudiants et étudiantes universitaires et collégiaux d’offrir leurs services de tutorat à distance, selon leurs disponibilités, pour soutenir les élèves qui en ont besoin, au primaire comme au secondaire. « Je pense qu’on est en train de développer quelque chose de [très] particulier au Québec, observe Dany Tremblay, et je pense que [pour] nos élèves, ce sera quelque chose de super […], de savoir qu’ils ont un mentor ou un tuteur désigné. »

Par ailleurs, le directeur adjoint du Service de ressources humaines, Dany Tremblay, se voit très reconnaissant des étudiants et des étudiantes offrant leurs services en suppléance. « En temps de pandémie, [nous devons] les encadrer le mieux possible, parce que […] ce sont nos travailleurs essentiels » dénote-t-il. Ayant été directeur et enseignant lui-même, il affirme être conscient de l’importance des suppléants et suppléantes pour les organisations.

Mention photo Édouard Desroches | Montréal Campus

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