Empocher jusqu’à 4000 $ pour tester des médicaments : c’est ce que suggèrent les publicités de certaines études cliniques dans le métro de Montréal. Ces sommes d’argent incitent plusieurs personnes à se porter volontaires, mais que couvre ce montant exactement ?
L’étudiant au baccalauréat en biologie à l’Université de Montréal Samy Layeb a participé à trois études cliniques jusqu’à présent. Sans toutefois les considérer comme une source de revenus à part entière, il admet prendre en compte la somme d’argent offerte lorsqu’il se porte volontaire.
« Ça paie environ 500 $ par fin de semaine », indique l’étudiant. Une étude peut s’étendre sur un mois ou plus. Cette somme s’additionne aux autres sources de revenus. Samy explique que l’argent qu’il perçoit n’affecte pas le calcul de l’Aide financière aux études offerte aux étudiants et aux étudiantes par le gouvernement du Québec.
Entre la prise du médicament et les prises de sang, la charge de travail est pratiquement inexistante. « Ce sont des horaires que tu choisis, une fois dans le centre tu as beaucoup de temps libre, tu peux même faire tes devoirs », illustre-t-il.
Une rémunération réglementée
La réglementation autour des études cliniques fait cependant une distinction entre une compensation financière et une rémunération, cette dernière allant à l’encontre du code d’éthique de la recherche.
« La compensation est éthique si elle respecte le principe de proportionnalité », affirme la chercheuse postdoctorale Hazar Haidar, membre du Comité d’éthique de la recherche – Société et culture à l’Université de Montréal, dont le mandat est de veiller au respect et à la protection des participants et des participantes à la recherche.
Pour que la somme fixée soit proportionnelle à l’engagement des participants et des participantes, Mme Haidar indique que « le chercheur pourrait compenser le participant pour le temps qu’il a offert, son déplacement et son stationnement, par exemple ».
Une compensation jugée démesurée est susceptible d’encourager certaines personnes à encourir des risques qu’ils ne prendraient pas autrement. Or, la chercheuse explique qu’il n’y a pas de balise en place quant aux éléments sur lesquels il est possible de compenser les participants et les participantes, ce qui, selon elle, laisse la porte ouverte à des influences indues.
Les publicités mettant en valeur une somme offerte en échange de la participation à une étude peuvent paraître trompeuses selon Mme Haidar. Cependant, le Comité d’éthique de la recherche doit préalablement approuver les formalités de l’étude clinique en question pour que les publicités soient affichées dans les lieux publics. Elle soutient toutefois qu’il appartient aux participants et aux participantes de s’informer sur l’étude et à quoi ils et elles s’engagent.
Les défis d’un recrutement rapide
Si les laboratoires de recherche clinique offrent une compensation monétaire, c’est surtout pour pallier le manque de volontaires. « Alors que l’étude peut durer quelques jours, le recrutement peut prendre huit ans », fait remarquer le chef de l’unité de recherche clinique appliquée au CHU-Ste-Justine, Benoît Mâsse.
« Quand on parle d’essais cliniques sur l’hypertension, le recrutement de volontaires est un processus simple et rapide. À l’inverse, quand il s’agit d’une maladie touchant une personne sur 100 000 et qu’il faut 200 participants, ça peut prendre plus de temps », explique celui qui est également professeur titulaire à l’École de santé publique de l’Université de Montréal.
Contribuer aux avancées en matière de santé
Bien qu’elle opterait pour l’étude lui offrant la plus grande compensation monétaire si elle avait le choix, l’étudiante au baccalauréat en administration à l’Université Laval Mireille Gagnon est surtout motivée à contribuer aux avancées dans le domaine de la santé. Jusqu’à présent, l’étudiante a participé à une étude clinique s’intéressant à la perception de la douleur physique.
« Oui, tu en retires un bénéfice monétaire, mais au final, tu en retires vraiment plus des connaissances », indique celle qui est également diplômée de la technique en réadaptation physique. Elle croit d’ailleurs qu’une étude sans compensation pourrait lui être profitable pour les apprentissages qu’elle en retire sur le corps humain et qu’elle pourra appliquer dans le domaine de la réadaptation physique.
Samy Layeb partage cet avis. En tant qu’étudiant en biologie, il indique d’ailleurs être ouvert à participer à des études cliniques sur l’efficacité d’un potentiel vaccin contre la COVID-19.
Mention photo Édouard Desroches | Montréal Campus
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