Alors que la popularité des études autochtones de l’UQAM grandit au fil des années auprès de la communauté étudiante, les responsables de ces programmes de premier cycle envisagent maintenant de solidifier cet intérêt avec la création d’un certificat d’ici quelques années.
Deux programmes de premier cycle sur les études autochtones coexistent à l’UQAM : la concentration depuis 2016 et le programme court depuis 2018. Cependant, ce programme n’en est pas un en lui-même, précise le responsable du programme des études autochtones de l’UQAM, Laurent Jérôme. « C’est une possibilité pour les étudiants d’avoir une spécialité, mais encore faut-il que les programmes reconnaissent cette spécialisation », explique-t-il.
Il ajoute que le programme court a été créé dû aux problèmes de reconnaissance et de participation des différents départements à la concentration. Par exemple, plusieurs étudiants et étudiantes en travail social désiraient s’éduquer sur les réalités des Premiers Peuples et ajouter le libellé « études autochtones » à leur cursus scolaire, mais leur programme d’études ne validait pas la concentration comme une spécialisation valide de 18 crédits.
Un intérêt exponentiel
La professeure du cours d’Introduction aux mondes autochtones au Québec et au Canada et membre de la communauté Mashteuiatsh au Lac Saint-Jean, Caroline Nepton-Hotte, précise que le nombre d’inscriptions cette année est de loin supérieur à ce qu’elle avait en 2018.
Avec 25 étudiants et étudiants de plus que la dernière année, pour un total de 106 recensé(e)s, elle ajoute qu’il est « difficile de dire quel est le facteur de cette augmentation ; est-ce les enjeux comme tels ou le fait que les gens ont l’occasion de suivre plus de cours dû à la pandémie ? »
Néanmoins, la doctorante ajoute qu’avec l’omniprésence des réseaux sociaux, « les jeunes Québécois sont de plus en plus au fait des questions autochtones et ainsi, beaucoup plus intéressés à voir des changements ».
Le professeur au Département des sciences des religions, Laurent Jérôme, confirme cette prise de conscience collective qu’il attribue aussi à l’influence et à l’impact sur la population de la Commission de vérité et réconciliation, implémentée en 2007, qui vise à sensibiliser sur les conséquences des pensionnats autochtones.
Concrétiser les études autochtones
« Il faut absolument créer un certificat et il faudrait même aller plus loin que ça », souligne Mme Hotte, en référence à un institut de recherche dans lequel « les aînés [autochtones] pourraient être inclus ». Toutefois, le premier but à atteindre est un peu plus concret.
« Notre objectif est d’aller vers le certificat et d’être autonomes », assure Laurent Jérôme. Contrairement au programme court et à la concentration, la création d’un certificat donnerait la possibilité aux responsables d’être plus autonomes vis-à-vis des décisions internes, le choix de la matière et les méthodes d’enseignements.
La pandémie de COVID-19 a mis un frein à l’évolution de ce projet, mais le responsable du programme souligne qu’il a le nombre de cours disponibles et les ressources pour offrir un certificat de 30 crédits d’ici « trois à quatre ans » et même de développer des formations au 2e et 3e cycle.
Un défi supplémentaire
Il est encore très difficile de trouver des personnes issues des Premiers Peuples ayant les diplômes suffisants pour être engagées comme agent.es de soutien, chargé. es de cours ou professeur.es. Laurent Jérôme estime que si un changement doit être fait par rapport à l’implication de ces communautés dans l’institution, « les critères d’administrations doivent évoluer » et ainsi prendre en considération les réalités des Premiers Peuples.
L’accès aux études universitaires est très difficile dans les communautés des Premiers Peuples, Métis et Inuits du Québec, contrairement à l’Ouest canadien où le nombre de doctorants et doctorantes sortant est plus grand, renchérit Mme Hotte.
Dans le projet de recherche Expériences, politiques et pratiques d’intégration des étudiants.es autochtones à l’université : le cas de l’UQAM publié en 2017 et conduit par Laurent Jérôme et Léa Lefevre-Radelli, il est noté qu’il serait profitable « d’adapter certaines exigences à l’emploi pour permettre l’embauche d’un personnel encore plus sensible aux réalités autochtones et de donner la priorité aux membres des Premières Nations. »
Ayant aussi participé à cette recherche, M. Jérôme ajoute que ce changement n’a pas pour but de « de niveler l’institution par le bas, mais de reconnaître d’autres types d’expériences dans la capacité à transmettre le savoir. »
Mention photo Montréal Campus
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