Louise Richer, entre exigence et bienveillance

Actrice, humoriste, psychologue, directrice, pédagogue : voilà seulement quelques mots qui ne suffisent pas à décrire l’immense carrière de la diplômée de l’UQAM, Louise Richer. Rencontre avec la fondatrice de l’École nationale de l’humour, une femme allumée ayant fait de ce domaine malmené son cheval de bataille.

C’est en 1972 que Louise Richer, passionnée par les sciences et le comportement humain, décide d’intégrer le programme de psychologie de l’UQAM. Près de 50 ans plus tard, son curriculum vitæ est bien rempli, notamment avec la production de quatre Bye bye et huit galas Les Olivier.

Celle qui devait initialement étudier à l’Université de Montréal avant que son copain de l’époque ne lui fasse changer d’idée n’a jamais regretté son choix. « [Mon passage à l’UQAM] fut une période incroyable de ma vie. Le corps professoral, le cheminement des réflexions sur le monde, tout était surréel », explique-t-elle au Montréal Campus.

Remplie de doutes et de questionnements, Louise Richer décide de quitter le monde de la psychologie à 29 ans, quelques années après la fin de ses études. Même si elle ne travaillera plus dans ce domaine, ses années d’études lui servent encore aujourd’hui dans tous les aspects de sa vie. « Le lien entre la psychologie et l’humour est total […] Aujourd’hui, quand le cœur de ma vie c’est la pédagogie, quelque part je suis au même endroit qu’il y a 40 ans », déclare-t-elle. 

De honte à référence

À la fin des années 80, Louise Richer se lance le plus grand défi de sa carrière. En traînant dans le milieu théâtral et humoristique, elle se découvre une passion pour l’humour et participe, avec de nouveaux camarades, à la gestion des célèbres Lundis des Ha! Ha! à Radio-Canada. Après avoir côtoyé des piliers de l’humour au Québec, dont Serge Thériault et Claude Meunier, l’idée de créer une école germe dans l’esprit des humoristes de l’époque. C’est à Mme Richer que revient la lourde tâche de fonder ce qui deviendra l’École nationale de l’humour (ÉNH), en 1988. « On m’a offert d’inventer, de dessiner en fait, la première école offrant une formation professionnelle en humour sur la planète », dit-elle en ricanant.

Dès le départ, Mme Richer a dû endosser le rôle nécessaire, mais très pénible, de légitimer la création de l’ÉNH auprès de la population et des médias. Elle se souvient du mépris de certains journalistes qui n’ont pas hésité à qualifier l’établissement d’enseignement de « honte nationale ».

Force est de constater qu’après plus de trente ans, l’école dirigée par Louise Richer est devenue un endroit incontournable, comme l’explique l’écrivaine du livre Les chroniques d’une mère indigne et désormais professeure à l’ÉNH, Caroline Allard. « Je ne serais pas au même endroit présentement si je n’avais pas rencontré Louise. L’ÉNH m’a offert des opportunités d’épanouissement aussi bien professionnelles que personnelles. »

L’autrice est consciente de l’impact que Mme Richer a pu avoir dans sa vie : « C’est quelqu’un qui me pousse à prendre des risques, car c’est une personne qui en prend quotidiennement. » C’est ce goût du risque qui a poussé Mme Richer, en 2011, à créer l’Observatoire de l’humour, rassemblant des praticiens et des chercheurs qui travaillent afin de mieux comprendre le rôle de l’humour dans la société.

Ouverture d’esprit et possibilités

Au fil des années, Louise Richer réussit à transmettre sa vision de l’École comme étant un projet novateur et nécessaire. « Je n’ai jamais pensé que faire la démonstration de la pertinence et de la légitimité d’une école d’humour aurait été une mer aussi houleuse », confie-t-elle.

C’est cette vision de l’humour et son ouverture d’esprit qui marquent la personnalité de la directrice de l’ÉNH, selon le professeur du cours Techniques du mouvement à la même école, Benoît Pelletier. « Louise est une personne qui n’est pas incarcérée dans des idées préconçues, ajoute-t-il. Dans chaque situation, elle porte un regard nouveau. »

Il admire son travail auprès de la communauté étudiante et enseignante qu’elle fait de façon sérieuse, mais avec une touche d’humour qui la caractérise. « Son bureau est toujours ouvert et on “niaise” beaucoup. Elle n’est pas Dieu la Mère et elle n’agit aucunement de cette façon avec les personnes qu’elle côtoie. »

Questionnée sur l’avenir des études professionnelles en humour, la directrice a annoncé qu’il pourrait exister un projet afin d’exporter l’expertise de l’ÉNH. 

«Nous recevons tellement de candidatures étrangères. Ça montre qu’il n’existe aucun équivalent à l’étranger. À un tel point que nous avons amorcé une étude de faisabilité pour le déploiement d’une expertise en humour dans toute la francophonie européenne et africaine », mentionne Louise Richer. 

Louise Richer a toujours cru qu’elle trouverait un jour la voie qui lui permettrait de grandir et de bâtir quelque chose qui ferait une différence autour d’elle. « Ce qui fait que je me suis retrouvée à la bonne place et que j’ai rencontré ma cause, c’est parce que je trouve ça important dans la vie d’être au service de quelque chose de plus grand que soi », confie-t-elle.

Plus de 50 ans après son passage à l’UQAM, elle n’a pas fini de travailler pour l’humour et de développer sa carrière, convaincue que l’avenir lui réserve encore de belles surprises.

Cet article devait paraître dans l’édition papier du printemps 2020 qui a été annulée en raison de la COVID-19. 

Crédit photo François L. Delagrave | UQAM

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