Quelque part entre Peppa Pig et travaux finaux

Jouer des coudes dans ses priorités pour satisfaire les exigences éducationnelles d’une fin de session à distance entrecoupées par « Je veux jouer dehors, j’ai faim, regarde-moi ! », c’est la situation de plusieurs parents qui étudient en plein confinement. Un changement de routine radical qui, pour ces derniers et ces dernières, n’est pas synonyme de tranquillité ni de productivité. 

« Mes enfants sont chacun dans leur chambre, mon irritabilité est dans le tapis, le stress prenant le dessus, le désarroi et l’impuissance m’envahissent. Je viens tout juste de leur offrir de glorieux  “laisse-moi tranquille, ça fait dix fois que je te dis que je travaille !”, “Je ne veux pas te voir, arrête de me déranger” et autres magnifiques interventions éducatives reliées à un degré de stress élevé par la situation actuelle. »  

Ces mots exacts proviennent du journal d’une étudiante au baccalauréat en travail social à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) qui est aussi mère monoparentale à temps plein.

Vanessa est âgée de 33 ans et c’est la ligne jaune qu’elle empruntait pour venir à l’UQAM il y a encore quelques semaines. Depuis les mesures gouvernementales de confinement, la suspension des cours et la fermeture des garderies, c’est dans son 5 et demi qu’elle doit continuer ses cours à distance avec ses deux jeunes enfants. Elle n’est pas la seule dans ce bateau, puisque 15 à 20 % de la communauté étudiantes de l’UQAM est en situation de responsabilité familiale, selon la coordonnatrice du Comité de soutien aux parents étudiants de l’Université, Annie Noël de Tilly.

Pas de métro, plus de boulot et au dodo

Le stress de performance est ressenti dans la maisonnée de trois. « Mes pires journées en confinement, ce sont celles où j’essaie de travailler, confie Vanessa. Ça me met un stress de fou et ça [affecte] tout le monde. »

Jouer les rôles de mère, d’étudiante et de citoyenne prend un tollé sur ses épaules, malgré le fait qu’elle apprécie le temps qu’elle peut désormais passer avec ses enfants de cinq et trois ans et demi. 

Du jour au lendemain, il faut refaire la routine tout en restant productive. « Les enfants se lèvent à 6 h 30 et, honte à moi, je les [branche] sur les écrans et la consigne est “tu viens me chercher seulement après Passe-Partout” », avoue-t-elle, ajoutant qu’un des gains de ce confinement est le repos qu’elle s’accorde en somnolant jusqu’à 8h. 

Vers 12 h 30, c’est l’heure où elle se prépare pour le point de presse quotidien et le moment où elle transfère ses enfants à la sieste. Un moment durant lequel elle se permet de paniquer, confie-t-elle. L’aînée se réveille ensuite et Vanessa l’installe devant un film. Les tâches familiales peuvent alors s’arrêter un instant et elle peut finalement se concentrer sur ses études. 

Étudier à coup de films pour enfant 

Calculer ses heures disponibles pour étudier en durées de films, c’est une situation anxiogène dans laquelle l’étudiante vit et devra vivre jusqu’à la fin de la session.

Pour beaucoup d’étudiants et les étudiantes dans la même situation que Vanessa, le télétravail, via la plateforme Zoom par exemple, est un échec total. « J’ai eu deux cours sur Zoom pour me rendre compte que c’est complètement exécrable, avoue-t-elle. Je ne peux pas. C’est impossible, avec les enfants qui courent, qui se chicanent pour avoir l’attention. »  

Le soir, elle affirme ne plus avoir d’énergie, faute d’avoir tout donné à ses enfants durant la journée et même si la motivation de lire de lire ses textes est présente, la concentration n’y est plus. « Même si je le veux bien, je veux lire des textes, mais je ne capte rien. »

Annie Noël de Tilly précise que l’étudiant ou l’étudiante typique n’ayant que l’école comme responsabilité principale existe de moins en moins. « La communauté étudiante a de plus en plus d’engagements autant au niveau professionnel que familial, affirme la coordonnatrice du Comité de soutien aux parents étudiants de l’UQAM. Les décisions dans cette circonstance exceptionnelle ont été prise en urgence et comme un effet domino, les impacts sont tombés sur les strates étudiantes plus vulnérable. »

Photo fournie par Vanessa

Commentaires

Une réponse à “Quelque part entre Peppa Pig et travaux finaux”

  1. Avatar de veronique jaunet
    veronique jaunet

    bonjour
    puis je voir vos travaux en art therapie!

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