Les 100 000 étudiants et étudiantes vivant en logement locatif à Montréal constituent la population la plus vulnérable à la crise du logement, selon le coordonnateur général de l’Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant (UTILE).
Puisque la population étudiante se renouvelle constamment et qu’elle est souvent limitée par le temps dans la recherche de logement, « les ménages étudiants payent plus cher que la moyenne dans tous les arrondissements », précise le coordonnateur d’UTILE, Laurent Lévesque.
« La population étudiante est la première affectée et elle constitue probablement le groupe de la population qui va le plus souffrir à court terme de la crise du logement », explique-t-il.
Le taux d’inoccupation des logements locatifs à Montréal se situe actuellement à 1,5%, ce qui représente le plus bas taux de la région depuis 15 ans. L’économiste Francis Cortellino, de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), explique que la demande est particulièrement forte à cause de trois grands facteurs.
D’abord, la migration des résidents non permanents, qui comprend notamment les étudiants internationaux, a explosé dans les 6 dernières années. Ensuite, les jeunes d’aujourd’hui demeurent locataires plus longtemps que les jeunes d’il y a 5 ans, observe M. Cortellino.
« Avec la hausse des prix qu’il y a eu dans la région de Montréal au cours des dernières années, c’est plus difficile d’accéder à la propriété qu’avant », souligne-t-il. Finalement, le vieillissement de la population fait en sorte que des ménages vendent leur propriété afin de retourner sur le marché locatif.
Les jeunes locataires ont souvent une connaissance moins approfondie de leurs droits et de leurs recours et dans le contexte de crise actuel. « Il y a un gros incitatif pour les propriétaires de mettre des gens dehors et d’augmenter les loyers [et] la population étudiante est particulièrement touchée par ça », explique M. Lévesque.
Des stratégies pour les étudiants
« Ce qu’on recommande aux étudiants, c’est de regarder à l’extérieur de l’île de Montréal », affirme la directrice aux relations de presse de l’UQAM, Jenny Desrochers. Elle mentionne notamment la possibilité de trouver des logements près de la station de métro Montmorency à Laval ou encore de la station Longueuil sur la Rive-Sud. « Ce sont des endroits intéressants pour les étudiants et le coût du loyer est moindre », souligne-t-elle.
Mme Desrochers explique que certaines ressources sont mises en place par l’Université. Il est possible pour l’équipe des services à la vie étudiante de mettre en contact différent(e)s étudiants et étudiantes qui cherchent un logement afin qu’ils « se retrouvent ensemble dans un même logement et partagent les coûts ».
Des conseillers et des conseillères à la vie étudiante sont aussi disponibles pour les étudiants et les étudiantes qui vivent des problèmes liés à la crise du logement: « si c’est une préoccupation ou un enjeu pour un étudiant et qu’il se tourne vers l’Université pour avoir de l’aide, les conseillers à la vie étudiante vont être disponibles et vont tenter de les accompagner du mieux qu’ils peuvent dans ces démarches-là », souligne la directrice aux relations de presse.
Selon M. Cortellino, de la SCHL, il est primordial pour les étudiants et les étudiantes en recherche d’appartements d’« être conscient qu’on est dans un environnement où les logements se font assez rares sur le marché » puisque la compétition est plus présente qu’avant et que les logements vacants se louent très rapidement. « Le conseil que je pourrais donner c’est de s’y prendre tôt et d’en faire une activité quotidienne », déclare M. Lévesque.
Le rôle des résidences universitaires
À l’UQAM, les deux résidences universitaires, qui offrent environ 1000 logements, sont actuellement au maximum de leur capacité. « Les résidences sont très populaires, c’est un lieu qui est tout près de l’université, qui est accessible, abordable et c’est agréable d’y habiter en communauté », explique Mme Desrochers.
Elle relate qu’il y a un bon roulement à l’intérieur des résidences et qu’il s’agit pour beaucoup d’étudiants et d’étudiantes d’une solution temporaire lors de leur arrivée à l’université. Selon les recherches effectuées par UTILE, seulement 8% des étudiants vivent en résidence universitaire alors que 60% vivent dans un logement standard du marché locatif.
« Les résidences universitaires sont toujours insuffisantes , mentionne M. Lévesque en soulignant que c’est ce 60% de la communauté étudiante qui est directement touché par la crise. Les résidences servent une toute petite partie de la demande, mais il y a clairement un besoin pour plus de logements étudiants ».
Photo | Florian Cruzille MONTRÉAL CAMPUS
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