Ce texte a paru dans l’édition papier du 4 décembre 2019
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Le contrat de travail des professeures et professeurs enseignant(e)s tombera caduc en décembre, ce qui présage une négociation obligatoire entre le patronat et le comité syndical. Reste à savoir laquelle des deux parties mettra son grain de sel en premier.
Ils et elles représentent 60 % du personnel enseignant de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et risquent de revendiquer leurs intentions, avec raison. La direction aura un défi de taille : trouver une solution à la crise d’effectifs étudiants, qui place l’UQAM dans une position désavantageuse actuellement, tout en garantissant de meilleures conditions au Syndicat des professeures et des professeurs enseignants de l’UQAM (SPPEUQAM).
Les chargés et les chargées de cours se désignent sous le nom de professeures et professeurs enseignant(e)s depuis cette année. Cette appellation, presque unanimement acceptée dans tous les autres syndicats de l’UQAM, indique le désir de changement qui pèse sur l’éminente négociation.
Si la direction a la clairvoyance que son personnel enseignant est chargé comme un baudet, elle fera tout en son possible pour éviter les débats prolixes durant cette négociation de convention collective. L’UQAM pourrait profiter de cette occasion pour reconnaître que les professeures et les professeurs enseignant(e)s sont à bout de souffle et méritent mieux.
D’ailleurs, une enquête sur les impacts de la précarité sur la santé psychologique décrit cette pression que subissent divers groupes au sein des universités québécoises. C’est le fruit d’une réflexion qui a eu lieu en mai lors d’un congrès pansyndical. Livrer un enseignement dans les conditions actuelles nécessite une sagacité sans pareille pour susciter un intérêt d’apprentissage généralisé dans la classe.
Mais le SPPEUQAM est un franc négociateur. D’ailleurs, la dernière fois que les professeures et les professeurs enseignant(e)s se dotaient d’une convention collective toute fraîche, en 2016, ils et elles l’ont fait sans aller en grève. Après une trentaine de réunions de négociations avec l’effectif de l’ancien recteur de l’UQAM, Robert Proulx, le syndicat avait astucieusement voté cinq journées de grève, sans pour autant les utiliser. Ceci a eu comme résultat d’accélérer le règlement de compte, après neuf mois de négociations.
Aussi, ce sera à la communauté uqamienne, qui célèbre son jubilé en 2019, de constater que le SPPEUQAM s’est montré solidaire maintes fois dans l’histoire de l’UQAM. Que se soit durant la grève des étudiants et des étudiantes employé(e)s de l’UQAM (SÉTUE), lors de la lutte pour la rémunération des stages en 2017-2018, ou pour montrer son soutien aux employés et employées de l’Université au début de cette année scolaire, les professeures et professeurs enseignant(e)s y étaient encore une fois.
La communauté uqamienne doit rendre honneur à cette solidarité exemplaire. Celle-ci amène à réfléchir sur la prépondérance des professeures et professeurs enseignant(e)s sur le rayonnement de l’UQAM.
Au bout du compte, l’apport des professeures et professeurs ou des chargés et chargées de cours s’apparente en plusieurs facteurs en ce qui concerne l’enseignement. Or, c’est une réalité qui est loin de se refléter dans les salaires, alors que ceux des chargés et chargées de cours sont nettement inférieurs à ceux du corps professoral.
Équilibrer cette disparité devrait se retrouver à l’ordre du jour durant la négociation de la convention collective du SPPEUQAM. Accorder plus de moyens à l’intégration serait une reconnaissance significative pour les chargés et chargées de cours.
À cet effet, les membres du SPPEUQAM sont éligibles à un soutien financier de la part de l’UQAM, qui s’élève à 663 425 $ pour créer de nouvelles ressources pédagogiques via les comités de mobilisation-intégration. Cette somme est insuffisante pour renouveler les activités d’intégration qui bénéficient à l’enseignement tout en rémunérant les créateurs et créatrices.
Un vent de fraîcheur souffle sur l’Université lorsque les professeures et professeurs enseignant(e)s s’insèrent dans les départements par le biais de projets pédagogiques. La continuation d’une lutte fondamentale s’organise actuellement et elle aura pour effet de mettre l’expertise des professeures et professeurs enseignant(e)s de l’avant. La négociation de 2020 n’y fera pas exception.
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