« OK boomer » : un conflit intergénérationnel qui sort de l’ordinaire

Virale sur les réseaux sociaux, l’expression « OK boomer » représente l’expression de la colère des générations X et Y face à l’incompréhension des baby-boomers envers leurs réalités.

« C’est une génération [les baby-boomer] qui était très travaillante, mais qui n’a pas eu accès à la technologie et qui est réticente à l’apprendre », affirme l’étudiante au baccalauréat en administration des affaires de l’Université McGill Zoé-Lee Paquette. 

Sa mère, qui préfère garder l’anonymat, est une baby-boomer. Elle pense que les jeunes passent trop de temps devant les écrans. « Je pense qu’ils [les gens de la génération y et z]  passent à côté de plusieurs moments importants de leur vie en étant trop concentrés là-dessus », affirme-t-elle. 

Un conflit extra-générationnel

Pour le doctorant du département de sociologie de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), Martin Têtu, le phénomène « OK boomer » sort de l’ordinaire. Selon lui, l’existence de conflits intergénérationnels au sein de notre société est tout à fait normal, mais ce n’est pas ce qui passe en ce moment. « Normalement, ça devrait être “OK X”, pas “OK boomer”. Une génération se rebelle habituellement contre celle qui la précède, pas deux avant elle », explique-t-il.  

Selon lui, les reproches des jeunes envers les baby-boomers ne sont pas envers eux personnellement, mais envers leurs valeurs. « On pourrait dire “boomer’s values”. Ce n’est pas une question d’âgisme », affirme-t-il. Le doctorant a expliqué au Montréal Campus sa théorie sur les récentes manifestations des jeunes pour la lutte contre les changements climatiques et la réaction différente des baby-boomers par rapport à cet enjeu sur les réseaux sociaux. 

Pour le chercheur de la Chaire de relations publiques et communication marketing de l’UQAM Vincent Fournier, les baby-boomers sont encore en position de pouvoir en 2019. « À partir de ce moment là, il peut y avoir une revendication de vouloir les tasser », croit-t-il. Celui qui est également professeur agrégé au département de communication sociale et politique donne l’exemple du président américain, Donald Trump. « C’est un boomer que plusieurs personnes voudraient voir partir », précise-t-il. 

Par contre, il a tenu à mentionner que ce sont les baby-boomers qui ont été les premiers à critiquer leurs parents. « C’est la première génération de jeunes qui a grandi dans un niveau économique relativement aisé, qui a eu accès à une éducation adéquate », explique M. Fournier. 

Responsabilité des réseaux sociaux? 

Selon M. Fournier, l’expression « OK boomer » est une création des jeunes sur les réseaux sociaux. « Ils l’utilisent en fait comme un prétexte du moment pour créer du contenu en ligne à échanger », mentionne-t-il, tout en précisant que les réseaux sociaux se bâtissent par le partage ou la création de contenus médiatiques. 

Il tient toutefois à préciser le rôle important des médias d’information dans la popularité de l’insulte américaine. À son avis, certaines personnes n’en auraient jamais entendu parler si l’expression était restée sur les réseaux sociaux. 

Pour M. Têtu, les conflits intergénérationnels n’arrêteront jamais, car aucune personne ne serait en mesure de s’adapter à la société sans cela. « Si tu arrives dans le monde et tu t’adaptes complètement, tu n’amènes rien. Tu ne fait que te conformer, tu n’existes pas », affirme le doctorant en sociologie.

Photo Pixabay

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