FNC 2019 : une génération dysfonctionnelle dans l’oeil de Ludovic Houplain

My Generation, un court métrage d’animation réalisé par Ludovic Houplain, expose différents fléaux d’une société sans téléphones intelligents grâce à un ingénieux travelling arrière qui parcourt l’époque contemporaine.

My Generation se distingue par un plan séquence de près de huit minutes, proposant des plans d’ensemble sur chaque sphère de la société. Houplain et sa compagnie de Production H5 mettent notamment en évidence des publicités omniprésentes, des médicaments qui flottent dans les airs, la pornographie ainsi que les institutions politiques et religieuses.

L’histoire se déroule dans une voiture qui recule à contresens sur une autoroute, permettant ainsi l’accès aux différents univers présentés. Le dernier segment de ce long travelling se termine avec le taureau de Wall Street, un important symbole du capitalisme, par lequel Houplain manifeste une critique de l’économie créée par les institutions qu’il dénonce.

Une vision néfaste du monde, voilà ce que propose le cinéaste français dans sa quatrième œuvre. Le récit défile avec une rapidité excessive afin de démontrer l’évolution de la civilisation depuis la Seconde Guerre mondiale, tout en étant accompagné d’une trame sonore dramatique composée par le musicien français Mirwais, qui accompagne à la perfection l’ambiance catastrophique du film.

De saisissants croquis

« Et si on quittait une seconde nos téléphones intelligents pour ouvrir nos yeux grands fermés ? », c’est ce que propose le film au public. L’auditoire doit prendre conscience de l’intention du réalisateur afin de bien s’immerger dans le récit. Sans téléphone, My Generation expose un monde dénaturé et envahi par les créations humaines. Tout porte à croire que les appareils de télécommunication ont aveuglé nos sociétés modernes.

My Generation est certe, un film sombre, mais débordant de couleurs. L’éclat des images se traduit par une dégradation continuelle de l’arrière plan vers une pigmentation nettement plus vive et agréable visuellement. C’est un film d’animation dans lequel l’audience est plongée dans une expérience chromatique variée grâce à la profondeur des plans et aux éléments qui les composent.

Une création audacieuse

Les détails jouent un rôle majeur dans ce film. Malgré leur subtilité, ils n’échappent pas au regard d’une personne attentive. Ludovic Houplain exprime aisément sa vision des faits, notamment avec l’ajout des montres fondues retrouvées dans le tableau La Persistance de la mémoire de Salvador Dalí. Cette symbolique de la dérision du temps s’agence bien avec la chronologie du court métrage.

Ce film est assurément puissant sur tous les aspects, soit par le message envoyé par le cinéaste ainsi que par cette compétence visuelle implacable, tout en n’ayant recours à aucun personnage principal. Le spectateur ou la spectatrice se retrouve ainsi au coeur de cette aventure sans en avoir le contrôle. Le réalisateur de 50 ans réussit à présenter un monde tel qu’il est et ce, sans l’intermédiaire de la technologie.

Photo tirée du web

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