Élections fédérales 2019 : le regard des communautés autochtones

Les enjeux autochtones se taillent tranquillement une place au sein du débat politique, selon le chef de l’Assemblée des Premières Nations (APN), Perry Bellegarde, qui a appelé à aller aux urnes le 21 octobre, lors d’une conférence de presse à la veille du début de la campagne. Aux yeux de certains membres des communautés autochtones, l’intérêt est toujours insuffisant. 

« On est traité comme si on était des enfants d’école. On n’est pas vraiment écouté par le gouvernement canadien », affirme Lenny Valin, étudiant au certificat en politique à l’Université de Sherbrooke et ancien résident de Mashteuiatsh, une réserve innue près d’Alma au Saguenay-Lac-Saint-Jean

Selon le responsable de la Commission Tipelimitishun visant à confirmer l’autonomie de la réserve innue Mashteuiatsh, Daren Germain, les relations entre les communautés autochtones et le gouvernement canadien se sont améliorées au cours des dernières années. « On est en baby-boom présentement, précise le commissaire. Plus la population va augmenter, plus les politiciens canadiens vont tenir compte de l’opinion des communautés autochtones canadiennes. » 

Depuis qu’ils ont obtenu le droit de vote en 1960, le taux de participation des autochtones aux élections fédérales n’a jamais été très élevé. Lors de la dernière campagne électorale, plus de 61,5% des autochtones se sont toutefois rendus aux urnes, selon Élections Canada.

Intérêt plus grand envers les autochtones

« Il y a une augmentation significative non seulement au niveau de la participation aux élections, mais aussi par rapport aux nombres de députés élus »,  mentionne le co-responsable des programmes en études autochtones de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), Laurent Jérôme. 10 candidats autochtones sur 50 ont été élus lors des dernières élections fédérales.

Il affirme que la Commission de vérité et réconciliation au Canada, mise en place en 2008, a aidé à changer la perception des canadiens envers les autochtones. Elle a également mis en lumière non seulement l’histoire coloniale, mais son poids et ses conséquences sur la vie actuelle des autochtones. 

Cette commission a amené un nouveau souffle aux relations entre les communautés autochtones du pays et les canadiens. « Il y a un intérêt des sociétés québécoise et canadienne envers les questions autochtones », précise Laurent Jérôme. Lors de la première année du programme en études autochtones de l’UQAM en 2016, il y avait 47 inscriptions. Aujourd’hui, 90 étudiants sont inscrits dans ce programme. 

Aller voter ou non? 

Si certains autochtones ont l’intention d’exercer leur droit de vote, d’autres préfèreront s’abstenir. C’est le cas du jeune commissaire Daren Germain, qui a décidé de ne pas voter le 21 Octobre prochain pour des raisons politiques. « Je me sens mal de voter pour un état qui n’est pas le mien », explique-t-il. 

Lenny Valin ne partage pas le même avis sur la question. « Ce sont [les gouvernements] qui vont nous donner des subventions », mentionne-t-il.  Après avoir consulté les plateformes des différents partis politiques, il conclut que si les conservateurs ou les libéraux l’emportent, les relations entre les autochtones et le gouvernement pourraient se détériorer. « Scheer ne veut pas que les Premières Nations retardent ses projets gouvernementaux et Trudeau n’a pas rempli ses promesses envers nous pendant son mandat », explique-t-il. 

Le Nouveau Parti démocratique (NPD) et le Parti vert du Canada semblent être prêts à discuter avec les premières nations et écouter leurs revendications, observe Lenny Valin. Selon ce dernier, voter est « extrêmement important » pour s’assurer d’avoir le meilleur gouvernement en place pour représenter les Premières Nations et les Inuits.

Photo: ALINE TÉTRAULT

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