Son dossier académique impressionne, mais ses rêves outrepassent celui de l’entrée dans les grandes écoles anglaises. Clarisse Émond-Larochelle, diplômée au baccalauréat en relations internationales et droit international (BRIDI) de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), a remporté cet automne une prestigieuse bourse Rhodes pour poursuivre ses études à l’Université d’Oxford, au Royaume-Uni.
« Oxford est comme une tour d’ivoire, dans le sens où c’est quelque chose qui semble tellement inaccessible. Je peux comprendre que c’est un rêve pour beaucoup de personnes, mais ce n’était pas nécessairement le mien », témoigne la jeune femme.
Pour cette étudiante de Saint-Hubert éprise de la cause féministe, la perspective d’enrichir ses connaissances et de bénéficier d’une plateforme pour continuer à dénoncer les violences sexuelles surpasse l’illustre blason de la plus ancienne université anglaise.
« Évidemment, je suis excessivement reconnaissante de pouvoir étudier là, mais ce n’est pas vraiment la raison pour laquelle j’ai postulé pour cette bourse », poursuit-elle. L’implication, la solidarité et la justice : ce sont tant de valeurs que prônent la bourse Rhodes et auxquelles s’identifie Mme Émond-Larochelle.
Au total, onze Canadiens et Canadiennes, dont deux Québécoises, pourront profiter d’une somme de 100 000 $ à l’automne prochain afin de compléter leur maîtrise dans les classes de la mythique université d’Oxford. Désigné par la Fondation Cecil-Rhodes au terme d’un processus de plusieurs mois, ce groupe sélect d’étudiants et d’étudiantes s’est démarqué par ses excellents résultats scolaires ainsi que par ses engagements multiples.
« Clarisse a réussi avec brio dans ses cours, mais elle a surtout un parcours qui se distingue, avec une motivation qui lui est propre et une expérience personnelle enrichissante qui montre un intérêt pour l’international », explique le directeur du BRIDI, Justin Massie.
Le cœur à la lutte
Un parcours unique, c’est ce qui émane de l’expérience universitaire de la récipiendaire de la bourse Rhodes, qui détient aussi une concentration en études féministes. Celle qui a réalisé des stages en Inde et au Viêtnam a pris part à de nombreuses reprises au Parlement jeunesse du Québec et a aussi participé à une simulation des Nations unies. Cet automne, elle est retournée sur les bancs de l’UQAM, cette fois pour y entamer un baccalauréat en droit.
Envisageant une spécialisation en droit criminel et de l’immigration, elle espère pouvoir créer un pont entre ces deux domaines, à une époque où les violences sexuelles s’imbriquent bien souvent dans la réalité des femmes immigrantes. Mme Émond-Larochelle s’y active déjà, offrant régulièrement des formations à différents organismes communautaires sur les droits et les recours des femmes immigrantes par rapport à la dénonciation des violences sexuelles.
Si l’étudiante n’a pas la prétention de porter sur ses épaules la lutte aux violences sexuelles, elle se voit tout de même comme « un morceau du casse-tête ». Et peut-être, « éventuellement, un morceau rassembleur », poursuit la jeune femme au rire et à l’optimisme généreux.
Briser l’image de la perfection
Les étudiants et les étudiantes dont le cheminement universitaire brille à travers tout le Commonwealth ne courent pas les classes. Et quand une telle réputation de perfection précède l’étudiant ou l’étudiante, il peut en résulter un certain sentiment de « mal-être », confie Mme Émond-Larochelle. « Je ressens beaucoup de stress depuis que j’ai reçu la bourse, parce que j’ai l’impression que c’est tellement gros. C’est lourd à supporter comme pression », explique-t-elle.
« Je pense que n’importe qui dans sa situation sentirait une pression de continuer à maintenir ce qu’elle est capable de maintenir, observe Yasmine Hajjali, diplômée du BRIDI et amie proche de Mme Émond-Larochelle. La nuance, c’est que Clarisse ne se met pas la pression d’être la meilleure tout le temps. Elle se met la pression de contribuer, au maximum de ses capacités, pour aider de la bonne façon. »
Ne pas vendre ses idéaux au profit du diktat insatiable de la perfection, c’est ce qui transparaît derrière la démarche de l’étudiante. « Au final, je suis juste une jeune femme de 24 ans qui a autant de crises existentielles que tout le monde et qui paye son loyer en travaillant à temps partiel », dit-elle.
photo: SARAH XENOS MONTRÉAL CAMPUS
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