Derrière le paysage urbain distinguable et emblématique de Montréal existent des lieux vides, qui paraissent sans intérêts. L’exposition La précision du vague met en lumière la perception évasive de ces paysages oubliés.
Les grands murs blancs et le look industriel du Centre de design de l’UQAM sont tout à fait adaptés à l’exposition, qui vise à mettre en valeur les terrains vagues montréalais, tout en mettant l’accent sur les détails parfois délaissés de la construction urbaine et architecturale.
Ces espaces inutilisés ont une dimension quasi mythique, puisque les gens ne savent pas réellement à qui ils appartiennent ou qui les habitent, pense la professeure à l’École de design de l’UQAM et artiste Carole Lévesque.
L’artiste cherche à apporter un regard critique sur des lieux tels que des voies ferrées ou asphaltées qui sont, selon elle, aussi importants que les lieux construits et fréquentés par la société. « Ce ne sont pas des trous dans la carte, encore moins des trous de mémoire. Ils participent à l’aménagement du territoire, ils font partie du paysage, ils en sont le revers critique », peut-on lire dans le communiqué de l’événement.
« Pour réaliser […] l’exposition d’aujourd’hui, cela consiste à un travail de trois ans et demi, actif, sur le terrain », explique la chercheuse-créatrice et commissaire du projet, Carole Lévesque. La précision du vague est une réflexion de cette exploration montréalaise. « [Quand] j’ai traversé l’île de Montréal à pied, j’ai décidé de documenter 120 terrains vagues de manière attentive, mentionne Mme Lévesque. De ces 120 terrains-là, on a construit une base de données en décrivant les caractéristiques des terrains vagues [choisis] pour documenter l’exposition. »
Définir l’indéfini
En entrant dans la salle d’exposition, six dessins minutieusement réalisés par Carole Lévesque sont affichés au mur. Ces dessins représentent chacune des six journées ou des 42 heures d’exploration dans la ville. « C’est la synthèse du projet », souligne l’artiste.
Les dessins incorporent certains éléments des 120 lieux vagues et les unissent pour créer six œuvres soignées et détaillées abrégeant tout le travail de recherche. De ces œuvres, empreintes de détails subtils, se dégage le souci du travail précis et exigeant de l’artiste.
La suite de l’exposition met de l’avant, quant à elle, tout le travail de recherche nécessaire à la réalisation du projet. Sur une table se trouvent 75 objets trouvés dans les lieux abandonnés et aux murs sont accrochés plus de 120 collages faits à partir des photos prises lors de l’exploration des lieux.
Un herbier jonche également la salle et sert à conserver les nombreuses plantes récupérées sur les terrains lors de la recherche, en plus d’une vidéo de plus de deux heures qui illustre ces nombreux endroits au gré des différentes saisons.
Dans la salle d’exposition se trouve un ordinateur présentant la base de données utilisée pour la réalisation de l’exposition. Les quelque 150 caractéristiques de tous les terrains y sont indiquées, de la description de la faune en passant par les dimensions ou les dispositifs de sécurité qui y sont installés.
Cette base de données fait d’ailleurs partie intégrante de l’œuvre, puisqu’elle permet de créer « l’atlas du terrain vague ». Bien que l’idée de base de Carole Lévesque était de réaliser des dessins exposant des terrains vagues, La précision du vague met de l’avant le travail de recherche comme une œuvre en soi.
« Investir des années complètes dans un projet de la sorte, c’est complètement fou, ça prend du dévouement et de la passion, remarque l’étudiant au baccalauréat en design de l’environnement à l’UQAM Charles-Antoine Beaulieu. Le lieu d’exposition a été adapté spécifiquement pour l’exposition elle-même. »
L’exposition sera présentée au Centre de design de l’UQAM du 7 février au 14 avril 2019.
photo: LUDOVIC THÉBERGE MONTRÉAL CAMPUS
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