Ces victimes qui ont poussé les associations étudiantes à agir

Après une vague d’intoxications au GHB en 2016 dans des fêtes organisées par différents départements de l’UQAM, les associations étudiantes ont pris les grands moyens afin de prévenir ce genre d’incident.

« Pendant un bout de temps, en science politique, on a eu des cas de GHB et de substances illicites », rapporte Samuel*, un ancien étudiant de l’UQAM qui souhaite garder l’anonymat. Ce dernier dit avoir été mis au courant de trois ou quatre cas survenus entre l’automne 2015 et l’automne 2016, lors d’événements en science politique.  

Les intoxications ont cessé lorsque son association étudiante a arrêté de fréquenter certains bars, selon Samuel. Elle avait alors décidé d’organiser des fêtes à l’intérieur des murs de l’université. « Il y a eu une chute assez drastique [à ce moment-là] », explique-t-il.

Selon ce qu’a appris le Montréal Campus, plusieurs cas d’intoxication au GHB sont survenus durant l’année 2016 à l’UQAM. Le quotidien Le Devoir avait d’ailleurs rapporté en janvier 2016 le cas de deux étudiantes s’étant fait droguer pendant des fêtes de leur association étudiante.

Samuel relate que depuis ces incidents, les étudiants et les étudiantes de science politique ont pris des mesures afin que de tels événements ne se reproduisent plus. « On a essayé le plus souvent possible d’avoir des couvercles [pour les verres]. Il n’y a plus de grosses fêtes où l’association va payer de gros pichets. On ne laisse jamais notre verre seul », rapporte Samuel.

Des personnes responsables, appelées « anges » ou gardiens et gardiennes du Senti, sont aussi présentes dans les événements afin d’assurer une présence et de veiller à ce que tout se passe bien. Ces dernières ne consomment pas d’alcool et portent des vêtements qui permettent de les identifier clairement. Ce rôle est intégré dans les fêtes de nombreuses associations étudiantes de l’UQAM.

Une substance dangereuse

Marianne*, une étudiante en sociologie, explique que l’un de ses amis et elle ont été intoxiqué(e)s au GHB à l’automne 2016 dans un bar près de l’UQAM. « On s’est pris un pichet à deux. Moi, j’ai juste bu un verre », raconte l’étudiante.

Marianne confie qu’après avoir bu le pichet, son ami et elle étaient « vraiment intoxiqué(e)s », même s’il s’agissait de leur première consommation. « Surtout mon ami qui avait bu tout le pichet. Il s’est perdu dans Montréal. Il a perdu tous ses effets personnels et il s’est réveillé dehors », relate-t-elle.

Prévention

Selon plusieurs témoignages, certaines associations de l’UQAM auraient respectivement dressé une « liste noire » de bars à ne pas fréquenter. « On s’engage depuis la création de ladite blacklist à ne pas faire de partys dans lesdits bars », affirme le président de l’Association générale des étudiant.e.s de premier cycle en psychologie à l’UQAM (AGEPSY), Charles-Étienne White.

Ce n’est pas la seule mesure entreprise par cette association étudiante afin de prévenir les cas d’intoxication au GHB. « On est la première association de toute l’UQAM à avoir ajouté à notre charte le fait que chaque membre élu s’engage à suivre une formation offerte par les CALACS [Centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel] et le BIPH [Bureau d’intervention et de prévention en matière de harcèlement] », rapporte M. White.

L’Association modulaire des baccalauréats interdisciplinaires des champs d’études politiques (ABICEP) est également parmi les groupes associatifs qui détiennent une « liste noire ». Au moins trois bars étaient ciblés en 2017, dont un pour des rumeurs en lien avec le GHB, mentionne la responsable aux affaires socioculturelles à l’ABICEP Eva Boivin.

Du côté de l’Association des étudiants en droit de l’UQAM (AÉDUQAM), l’exécutif se réfère au Collectif féminismes et droit de l’UQAM pour éviter les bars problématiques. Certains d’entre eux se sont notamment retrouvés sur la liste noire à la suite d’incidents lors de fêtes organisées par d’autres universités.

Les événements de l’AÉDUQAM font preuve d’une organisation serrée. Outre la présence de personnes surveillantes désignées et de « safe space », l’association organise souvent des partys dans des salles privées ou à l’intérieur des murs de l’université. « Ça change un peu les variables. Il n’y a pas un inconnu qui va venir te droguer », souligne la coordonnatrice aux affaires externes de l’AÉDUQAM, Maria Ionele.

« C’est un petit département dans une grosse faculté, donc les membres [qui viennent régulièrement], on les connaît », ajoute la vice-présidente de l’AÉDUQAM, Camille Dehem-Leclerc.

*Le nom des personnes interviewées a été changé afin de conserver leur anonymat.

Avec la collaboration de Laurent Lavoie

infographie: LUDOVIC THÉBERGE MONTRÉAL CAMPUS

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