Écrire pour son cours et pour combler un manque dans la littérature

Plusieurs membres du corps professoral de l’UQAM décident de publier chaque année des ouvrages dans leurs champs d’enseignement, souvent pour combler un manque dans la littérature francophone ou dans le contenu pédagogique. Certain(e)s feront donc le choix d’intégrer leurs propres publications aux lectures obligatoires de leur cours.

« Ce sont près de 25 livres provenant d’auteurs de l’UQAM qui ont été publiés aux Presses de l’Université du Québec entre le 1er janvier 2017 et le 31 décembre 2017, sur 110 livres publiés au total », constate la coordonnatrice aux communications des Presses de l’Université du Québec, Marie-Hélène Boucher. L’organisme à but non lucratif a pour mission de favoriser une meilleure diffusion des savoirs, en particulier auprès de la communauté universitaire et professionnelle. Mme Boucher constate une corrélation entre les ventes de livres de l’éditeur et le début des sessions universitaires.

Mais d’où vient la nécessité pour les professeurs et professeures d’écrire un manuel en vue de l’intégrer à leur propre cours ? La principale raison d’écrire un livre, c’est de répondre à un manque dans la littérature, a expliqué dans un échange de courriel avec le Montréal Campus le professeur en études littéraires à l’UQAM Daniel Chartier, auteur d’une quinzaine de livres sur la littérature québécoise.

« Il arrive que le professeur soit le spécialiste de la question qu’il enseigne. Certains des livres au programme sont donc parfois le résultat de ses recherches, sous la forme d’essais, d’articles dont il est l’auteur, ou encore de livres qu’il a édités », fait valoir M. Chartier.

Pour sa part, le professeur de science politique à l’UQAM Charles-Philippe David a constaté une absence de littérature francophone sur la politique extérieure des États-Unis, ce qui l’a incité à écrire deux ouvrages. « J’ai décidé d’écrire ces manuels, seul ou en collaboration, parce que je trouvais scandaleux que les étudiants doivent lire en langue anglaise sur un sujet dans un domaine d’étude », rapporte le professeur. Il observe que ses étudiants et ses étudiantes, bien que capables de lire des ouvrages en anglais, apprécient la disponibilité des manuels en langue française.

Le manuel du professeur au Département de sciences comptables Denis Gendron est également né du constat d’un manque dans la littérature. « J’ai regardé dans d’autres universités ce qu’ils prenaient comme références [dans les cours sur le contrôle interne], et je me suis aperçu que personne ne [mettait à l’étude] un livre », partage M. Gendron, qui a remarqué que les recueils de textes étaient généralement utilisés à la place d’un manuel.

Une utilité plus que régionale

« C’est une surprise et un plaisir de savoir qu’un livre qu’on a écrit ou un livre qu’on a édité est utilisé dans d’autres universités ou dans un cégep au Québec, ou même à l’étranger », mentionne Daniel Chartier, dont l’essai Qu’est-ce que l’imaginaire du Nord ? a été traduit dans huit langues et utilisé dans d’autres pays. « Cela signifie qu’on a réussi à penser et à exprimer quelque chose qui a une valeur pour sa propre culture, mais aussi pour d’autres cultures dans le monde », explique-t-il.

« Je ne donne plus le cours, mais mon livre est encore assigné. S’il est utilisé par un autre professeur, c’est qu’il a une utilité, ce livre, au-delà de ma personne », croit M. David. Certains de ses manuels sont utilisés dans plusieurs pays du monde dont la France et la Belgique et ailleurs au Québec.

Le manuel de Denis Gendron est, pour sa part, mis à l’étude dans quatre universités québécoises francophones.

Revenus ?

« L’objectif de l’édition universitaire ne doit pas être de faire un profit financier, mais de réaliser un bénéfice intellectuel », évalue Daniel Chartier.

Celui-ci a d’ailleurs accepté de verser à la Fondation de l’UQAM les redevances qu’il reçoit à titre d’auteur. « Ainsi, les droits institutionnels des livres publiés par les Presses de l’Université du Québec servent à financer d’autres projets de recherche ou encore des bourses pour les étudiants », rapporte M. Chartier.

Dans le cadre de l’un de ses cours, le professeur a laissé le choix à ses étudiants et étudiantes d’acheter sous forme imprimée le livre obligatoire dont il est l’auteur ou de le télécharger gratuitement sous format numérique par l’archive de publications électroniques en libre accès Archipel.

« Les recettes des ventes [de mes manuels], personnellement, je les retourne sous forme de contributions à la Fondation UQAM pour le financement de bourses pour la Chaire Raoul-Dandurand et l’observatoire sur les États-Unis pour financer les jeunes chercheurs recrutés », indique M. David. Il affirme recevoir un montant annuel d’environ 300 $ pour chacun de ses trois manuels et verse quelques milliers de dollars par année à la Fondation de l’UQAM.

M. Gendron remarque que les critiques de ses élèves sont plutôt rares et qu’il n’a reçu de leur part aucun commentaire négatif. « Il y a une petite gêne d’un étudiant de dire que le livre que son professeur a écrit, il a des faiblesses, admet le professeur. J’imagine que lorsque tu as ton nom sur un livre, ça te donne une notoriété qui rend l’étudiant plus mal à l’aise [pour critiquer le livre]. »

photo: MONTRÉAL CAMPUS

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