Plus de sécurité pour moins de harcèlement ?

La série d’agressions qui s’est produite à l’Université Laval en 2016 et le mouvement #MeToo ont secoué les politiques internes et les mesures de sécurité des universités. À l’UQAM, des changements concrets en matière de sécurité et de prévention se font tranquillement sentir un an plus tard.

« Je pense que faire de la prévention, c’est une première chose pour accentuer la sécurité, considère l’intervenante sociale attitrée à l’UQAM du centre d’aide Trêve pour Elles Sarah Bilodeau. Oui, ça appartient aux gardiens de sécurité, mais aussi à chaque individu de l’UQAM d’être sensibilisé à ça. Je pense que plus on va en parler, plus ça va devenir sécuritaire. »

Le Bureau d’intervention et de prévention en matière de harcèlement (BIPH) a fait appel aux Centres d’aide contre les agressions sexuelles (CALACS) il y a un peu plus d’un an. Sarah Bilodeau, en plus d’accompagner des victimes, forme des intégrateurs, des agents de sécurité ainsi que les entraîneurs et athlètes des Citadins afin de les sensibiliser au harcèlement et aux violences à caractère sexuel.

Sécurité dans les résidences universitaires

En 2016, un individu est entré par effraction dans les résidences de l’Université Laval et a agressé une quinzaine de femmes. « À la suite de cet événement survenu à l’Université Laval, l’UQAM s’était penchée […] sur l’amélioration, le renforcement de la sécurité et de la prévention dans les résidences », explique la directrice des relations de presse de l’UQAM, Jenny Desrochers.

Elle a toutefois refusé de dévoiler les mesures de sécurité prises depuis par l’université, « car cela [irait] à l’encontre de l’objectif de telles stratégies ».

Deux étudiantes interviewées par le Montréal Campus aux résidences de l’ouest de l’UQAM disent se sentir en sécurité, malgré la rare présence d’agents de sécurité. « Les caméras, ce n’est pas ce que j’aime le plus non plus. Dans le couloir où j’habite, il y [en] a deux ou trois et je trouve ça excessif », croit Carla, qui estime que les caméras empiètent sur son intimité.

Camille, pour sa part, cohabite avec sept autres personnes depuis le mois d’août. « Dans l’appartement, il y a plusieurs garçons. Ça fait que je me sens plus en sécurité que si on n’avait été que des filles », souligne l’étudiante.

« Il faut se souvenir que la majorité des violences sexuelles sont commises par des personnes qu’on connaît et qui sont proches de nous., rappelle la directrice du BIPH, Maude Rousseau. Alors […] ce ne sont pas des caméras et des portes magnétiques qui vont nécessairement faire en sorte qu’on va éliminer [ce problème]. »

Plus de services et de demandes

Maude Rousseau dit avoir remarqué une « augmentation marquée » des dénonciations de harcèlement au BIPH entourant le mouvement #MeToo en 2017. En effet, selon le rapport 2016-2017 du bureau, parmi les 22 signalements formels reçus, six étaient de nature sexuelle. L’année précédente, un seul de cette nature figurait sur les 15 signalements.

Parmi les mesures existantes sur le campus, on compte un « service de raccompagnement préventif », informe Mme Desrochers. Il est possible de faire appel à un agent de sécurité, peu importe la raison, et celui-ci accompagnera la personne jusqu’à sa voiture ou à l’extérieur.

Le BIPH met également à la disposition des groupes uqamiens plusieurs outils de sensibilisation. « On offre la formation sur les témoins actifs, les attitudes aidantes dans les cas de dévoilement. On est beaucoup sollicité par les associations étudiantes et les départements. C’est ce qui nous occupe principalement depuis la rentrée scolaire », rapporte la directrice du BIPH, Maude Rousseau.

C’est entre autres le cas de l’Association des étudiantes et étudiants de la Faculté des sciences de l’éducation (ADEESE), dont « tous les exécutants et exécutantes suivent une formation donnée par les CALACS », explique la responsable à la coordination de l’ADEESE, Emmanuelle Boisvert. La notion de consentement à l’intérieur des activités d’intégration est notamment traitée lors de cette rencontre.

Présentement, le BIPH et le CALACS s’intéressent au manque de ressources pour les stagiaires dans les programmes d’éducation.

photo: SARAH XENOS MONTRÉAL CAMPUS

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *