Le Service de soutien académique de l’UQAM vient de serrer la vis dans le dossier des comités de révision de note dans le but de mettre fin à plusieurs années de nonchalance et d’incohérence institutionnelle. Résultat : les comités doivent justifier chacune de leur décision finale.
Le bachelier en communication, politique et société Francis Therrien a expérimenté un processus de révision de note lent et défectueux en mai 2017. Dix-sept collègues de classe et lui considèrent avoir été jugés de manière injuste et partiale devant le comité de révision, après avoir soumis une demande de modification de note à leur chargé de cours.
La procédure s’enclenche et les étudiants rencontrent tour à tour le comité de révision de l’École des médias. Toutefois, la rencontre laisse Francis Therrien insatisfait. « J’avais l’impression d’être dans un comité syndical qui défendait le chargé de cours », raconte-t-il.
Le comité de révision de l’École des médias refusera de présenter les raisons expliquant leur refus de modifier la note et Francis Therrien devra approcher l’ombudsman de l’UQAM, Muriel Binette, pour obtenir de plus amples informations. C’est à la suite de sa consultation que l’École des médias lui fait parvenir des justifications « tout à fait insatisfaisantes et qui tiennent sur une demi-page », conteste-t-il.
Il a fallu sept mois pour que le comité de révision transmette une réponse, en novembre 2017. « Peut-être que des étudiants préfèrent laisser tomber leur cause par découragement de ces délais, à cause des frais administratifs de 21 $ ou parce qu’ils ne veulent pas déranger, tout simplement », remarque Francis Therrien, qui était alors représentant académique de sa cohorte.
Un processus revu et corrigé
Pour améliorer la transparence d’une décision finale, l’ombudsman de l’UQAM a décidé d’émettre une première recommandation dans son rapport 2015-2016, qui a été retenue. Les comités doivent désormais systématiquement justifier leur décision. Auparavant, le processus n’était pas contraignant et les démarches dépendaient de l’interprétation du règlement des études.
Prenant la forme d’un guide d’accompagnement, ce nouveau protocole entré en vigueur cet automne tend à uniformiser le processus de révision de notes.
« Dorénavant, le comité est obligé de motiver sa décision. Pour moi c’est important que les personnes ayant demandé une révision de note puissent comprendre le rationnel de la décision », affirme Muriel Binette.
Le rapport de l’année 2016-2017 révélait que 22 demandes ont été formulées au bureau de l’ombudsman concernant la contestation la décision d’un comité de révision de note. La problématique a résonné et le Service de soutien académique a pris la situation en main.
Cas par cas
La durée du processus peut varier d’un cas à l’autre, selon le moment de l’année et la disponibilité des membres du comité de révision et de l’étudiant. « Il y a des situations plus urgentes que d’autres, c’est le cas des étudiants en fin de parcours, ils doivent savoir s’ils devront suivre un cours d’été ou pas », fait valoir l’ombudsman.
Les comités de révision détiennent un poids décisionnel non négligeable. « On n’est pas sur le terrain de la souplesse, le comité de révision a un pouvoir assez important, puisqu’il est le seul dans l’université, après le professeur, qui peut modifier une note », explique Muriel Binette. Celle-ci ajoute que « les documents qui ont été faits vont au-delà de ce qu’ [elle a] suggéré ».
Pour la responsable du comité pédagogique du Département de didactique des langues, Marie Nadeau, le guide ne changera pas les pratiques de son équipe. « Nous motivons toujours nos décisions dans un rapport étayé », soutient-elle, ajoutant que cet outil est très utile pour les professeurs qui participent aux comités de révision pour une première fois.
« La procédure est longue et lourde », souligne Mme Nadeau. Les différentes tâches qui incombent au professeur, en plus d’être membre d’un comité de révision, font en sorte que les rencontres sont difficiles à prévoir. « Ce n’est pas un reproche envers eux, loin de là, exprime-t-elle. Ils font tous preuve de professionnalisme en acceptant de discuter avec le comité alors que très souvent leur contrat de travail est terminé. »
photo: SARAH XENOS MONTRÉAL CAMPUS
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