Le Centre sportif ouvre ses portes aux athlètes transgenres

Les athlètes transgenres peuvent désormais choisir librement de concourir avec des hommes ou des femmes en vertu de la nouvelle politique du comité d’éthique de l’organisme de sports universitaires canadien U Sports. Le Centre sportif de l’UQAM devra donc permettre cette inclusion au meilleur de ses compétences.

Comme il n’y a pas de vestiaire adapté au Centre sportif de l’UQAM, les athlètes concernés peuvent seulement se changer dans une salle de bain mixte. Le bâtiment étant construit il y a une vingtaine d’années, les installations nécessaires à l’inclusion des athlètes transgenres, comme des vestiaires adaptés, n’avaient pas été prévues à l’époque, explique l’agent de recherche et de planification du Centre sportif de l’UQAM, Daniel Méthot.

La réflexion sur l’accueil d’athlètes transgenres progresse au sein de la direction des Citadins. « Les 56 membres de U Sports ont appuyé la proposition, souligne M. Méthot. On y travaille depuis quelques années déjà, donc ce n’est pas une surprise au Centre sportif. »

Toutes les équipes sportives étant complètes pour la saison 2018-2019, il faudra attendre à l’an prochain pour voir si les premières demandes venant d’athlètes transgenres seront formulées. « Nous allons accueillir à bras ouverts si un jour un étudiant ou une étudiante se présente au Centre sportif et souhaite concourir avec une équipe masculine ou féminine », affirme Daniel Méthot.

Les entraîneurs seront sur la première ligne, recevront la demande et devront contacter la direction. Les candidatures seront traitées au « cas par cas », l’athlète concerné sera rencontré et accompagné dans sa démarche, assure la direction du Centre sportif.

Selon l’étudiant à la maîtrise Félix Pavlenko, qui rédige son mémoire à l’UQAM sur la transphobie dans les sports, les défis restent nombreux avant que les athlètes transgenres puissent s’affirmer au sein d’une équipe sportive. À la base, plusieurs choisissent de ne plus faire de sport pendant leur transformation. Ceux qui persistent se heurtent à la visibilité, aux règlements difficiles et au mythe de l’avantage physique, explique-t-il.

Malgré la nouvelle politique de U Sports, Félix Pavlenko considère qu’il reste du chemin à faire pour enrayer la transphobie dans les sports. « Un règlement n’est pas suffisant. Il existe plein de lois anti-discrimination, mais il y aura toujours de la discrimination quand même », dénonce-t-il.

En ce qui concerne la compétition, « nous allons nous assurer que les autres universités participantes aux tournois soient avisées de la situation spécifique de l’athlète », convient M. Méthot.

« La diversité et l’inclusion font partie de nos valeurs. D’entrée de jeu, on est ouvert à une multitude de communautés qui, au fond, nous renforcent. Nous voulons que tout le monde puisse accéder au sport de haut niveau », soutient-il.

Sur le terrain

L’athlète de l’équipe masculine de soccer des Citadins Joël Savoie voit d’un bon œil la nouvelle politique de U Sports. De plus en plus de personnes transgenres s’affirment, « et c’est tout à fait correct », selon lui. Joël Savoie considère toutefois que tous ne réagiraient pas si bien à l’arrivée d’un athlète de la communauté dans son équipe, puisque « tout le monde n’a pas la même [ouverture] dans la ligue, à l’UQAM et au Québec ». L’équipe finirait par s’adapter et respecterait l’athlète transgenre d’égal à égal, croit-il.

Le test de classement pour accéder à une équipe des Citadins étant le même pour tous, c’est le seulement le talent qui ferait en sorte qu’une personne pourrait se tailler une place dans l’équipe, et rien d’autre, rappelle Daniel Méthot.

La course à obstacles de l’inclusion

La transphobie se manifeste en trois canaux, les enjeux « institutionnel, médical et social », soulève Félix Pavlenko. Alors que la transformation médicale est le plus médiatisé, chacun des trois canaux peut être source de débat dans le sport de compétition, remarque-t-il.

« On remarque que dans le sport de compétition, quand l’athlète [trans] perd, il n’y a pas de problème, souligne Félix Pavlenko. Quand l’athlète gagne, les gens commencent à contester. » Certains cas ont notamment été médiatisés dans les dernières années, dont Renée Richards en tennis féminin, Jaiyah Saelua en soccer féminin et Fallon Fox en arts martiaux mixtes (MMA).

La politique de U Sports est un pas dans la bonne direction, mais l’inclusion au Centre sportif de l’UQAM doit être bonifiée, selon Félix Pavlenko. Simplifier l’utilisation d’un prénom d’usage pour la carte étudiante et bannir la mention du sexe dans le dossier d’admission contribueraient notamment aux personnes transgenres qui souhaitent s’inscrire plus dignement au Centre sportif.

photo: ARCHIVES MONTRÉAL CAMPUS

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