Les politiciennes nettement sous-représentées dans les médias, selon une étude

Les chercheuses du projet Plus de femmes en politique? Les médias et les instances municipales, des acteurs clés! ont observé une disproportion médiatique genrée des femmes politiciennes face aux hommes durant les élections municipales de novembre 2017.

Dévoilée mercredi, à l’UQAM, cette étude portant sur la médiatisation des femmes en politique est née, peu après le scrutin, de deux projets complémentaires : Les représentations médiatiques des femmes au municipales et La politique vue par les journaux étudiants universitaires québécois: des représentations genrées équilibrées.

Seulement 29% de la médiatisation a été accordé aux femmes candidates contre 71 % chez les hommes, selon la première étude. « Le constat général […] est que les candidats municipaux occupent toujours une place plus importante que les candidates municipales au sein de la nouvelle », mentionne la doctorante en communication et coauteure de l’étude Marianne Théberge-Guyon.

Dans 41 % des cas, c’est un candidat qui est au premier plan de la nouvelle face à 17 % chez les candidates. À Longueuil, la seule municipalité à avoir présenté une course à la mairie strictement féminine, seulement 31.9 % des candidates « ont été médiatisées ».

« Sur le plan physique, psychologique ou social, il y a certains médias qui ont contribué à reproduire une vision genrée du monde politique, à soutenir la logique des rôles de genre entourant le milieu politique et à associer la notion de leadership au genre masculin », affirme la doctorante.

La relève journalistique: un espoir?

Selon l’étude menée dans six journaux étudiants universitaires québécois, les différences genrées ne sont pas aussi présentes que celles des journaux traditionnels. Un cas particulier a été observé en 2012, avec les opposants à la grève étudiante, Laurent Proulx et Arielle Grenier.

« On a accordé beaucoup de crédibilité à l’argumentaire de Laurent Proulx, on l’a appelé “M. Proulx”, on a exposé ses arguments de façon neutre et positive », mentionne la doctorante en lettres et coauteure de l’étude Carol-Ann Rouillard. Pour ce qui est d’Arielle Grenier, « on a parlé de “la jeune rouquine, la jolie rouquine”, donc on est entré davantage dans les aspects personnels et on n’a jamais employé de “Mme Grenier” », ajoute-t-elle.

Des recommandations pour les prochaines élections

Lors du lancement de la recherche, la candidate aux dernières élections de la mairie de Verdun, Michèle Chappaz, a pris la parole : « Lors d’un débat, j’avais le rhume et au lieu de parler de notre vision politique, la journaliste a dit : “madame Chappaz avait le rhume, elle était malade”. Ça m’a terriblement déçue ». Celle-ci espère donc que lors des prochaines élections, les journalistes accordent plus de place aux idées des candidats et des candidates au lieu de parler de leur façon de se présenter.

L’équipe du projet de recherche a d’ailleurs fait plusieurs recommandations aux journalistes quant au traitement des femmes politiques dans les médias. Éviter les doubles standards et la vision masculine de la sphère politique fait partie de celles-ci. De plus, les chercheuses souhaitent qu’une attention soit portée à la représentation des caractéristiques et habiletés des candidates pour les exempter de stéréotypes et d’attentes genrées. Éviter d’utiliser des métaphores sportives ou au combat pour parler des élections fait aussi partie des recommandations, puisque cela contribuerait à une vision genrée du monde politique.

Pour faire valoir leurs idées, les partenaires du projet de même que les chercheuses seront présentes au colloque de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec, le 24 novembre, à l’hôtel Hilton de Québec.

photo: LUDOVIC THÉBERGE MONTRÉAL CAMPUS

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