Privatisation en suspens à la TÉLUQ

L’Université TÉLUQ traverse une période houleuse de son histoire : le directeur général s’est fait montrer la porte, une enquête sur un contrat avec une firme privée est toujours en cours et un tuteur sur cinq a perdu son emploi depuis 2016. Voici les éléments importants à retenir dans ce dossier.

En raison de « sérieuses anomalies » dans la façon dont la TÉLUQ gère ses contrats privés, la ministre responsable de l’Enseignement supérieur, Hélène David, a suspendu le directeur général de l’Université, Martin Noël, à la fin du mois de juillet.

L’enquête qui a mené à cette décision a débuté en avril dernier. Elle avait pour objet l’entente entre la TÉLUQ et l’Institut MATCI Montréal, qui offre divers services pédagogiques. Actuellement, 37 % des 20 000 étudiants sont encadrés par ce sous-traitant. 

« Le rapport qui m’a été remis fait état de sérieuses anomalies. Il est de mon devoir de veiller à ce que les lois qui régissent nos établissements d’enseignement supérieur soient respectées », exposait la ministre dans un communiqué diffusé à la fin juillet. L’enquête étant toujours en cours, la direction de la TÉLUQ a refusé la demande d’entrevue du Montréal Campus.

Au début du mois d’août, la ministre David est allée rencontrer tous les employés de la TÉLUQ afin de faire le point sur l’enquête. « Elle a parlé d’une université où tout le monde aurait une place et serait écouté. Pour nous, c’est tout de même le signal d’une nouvelle ère », relate la présidente du Syndicat des tuteurs et des tutrices de la TÉLUQ, Nancy Turgeon. 

Quelques date à retenir dans le dossier de la TÉLUQ :

2015 : La TÉLUQ entame une restructuration historique. Des tâches autrefois confiées aux tuteurs sont reprises par des employés issus du secteur privé et par les professeurs.

Septembre 2016 : La TÉLUQ signe un contrat avec l’institut MATCI. L’objectif est de « [bonifier] l’expérience de nouveaux arrivants inscrits à l’Université TÉLUQ ». Ce changement de paradigme au sein de l’Université mène à la perte d’un emploi sur cinq dans le rang des tuteurs de l’Université.

Mai 2017 : La nouvelle convention collective des professeurs envisage de réduire davantage le nombre de tuteurs pour laisser plus de place à une nouvelle catégorie de professeurs sous contrat. Selon le Syndicat des tuteurs et tutrices de l’Université, l’employeur a annoncé en décembre que 75 % des postes de tuteurs seraient abolis. Présentement, 200 personnes sont toujours à l’emploi.

Mars 2018 : Les tuteurs font pression sur la ministre afin d’obtenir son soutien dans leurs négociations avec la direction.

Avril 2018 : La ministre David lance une enquête sur le contrat liant la TÉLUQ à MATCI.

Juillet 2018 : Le directeur général de la TÉLUQ est suspendu de ses fonctions.

Afin de bien comprendre en quoi consiste le poste de tuteur, il faut savoir de quelle façon l’enseignement est régulé à la TÉLUQ. Celui-ci se divise en trois parties et fonctionne comme une chaîne de montage :

  1. Des professeurs conçoivent les cours, réfléchissent au contenu et à la manière de présenter la matière.
  2. Une équipe Web adapte le contenu afin de le mettre en ligne.
  3. Les tuteurs s’occupent de l’encadrement quotidien des étudiants. Ils corrigent les travaux et répondent aux questions des universitaires.

Depuis la création de la TÉLUQ, près de 90 % de la tâche d’encadrement revenait aux tuteurs, selon le syndicat. Aucune autre université québécoise ne possède une telle catégorie d’employés.

photo: CAMILLE PAYANT MONTRÉAL CAMPUS

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